Julie B. 07/07/2023

3/5 Jamais entendu parler de consentement

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Questions intrusives, propositions insistantes et chantage : le premier copain de Julie lui en demandait beaucoup. Trop. Elle, elle ne savait pas comment dire non.

Je sortais avec un garçon. Je n’étais pas bien grande et je n’étais pas sûre de l’aimer. En fin de cinquième, il a commencé à me poser des questions que je trouvais bizarres : « Est-ce que tu t’es déjà doigtée ? » ; « Tu devrais essayer au cas où tu aimes ça. » Il m’a demandé de lui envoyer des nudes « juste pour rire ». Je ne répondais pas.

Il racontait des choses fausses sur moi avec ses potes : « Elle, je la retourne. » Il insistait pour qu’on aille l’un chez l’autre et qu’on dorme ensemble. Moi, je n’étais pas sûre de moi, je ne savais pas ce que je voulais, si je lui faisais confiance ou pas, s’il m’aimait ou pas. Mais je lui disais juste : « Oh oui, ça serait génial ! » Je n’arrivais pas à lui dire que je n’avais pas trop envie, parce que je trouvais ça bizarre de ne pas vouloir. Je me disais que tout le monde devrait aimer aller dormir chez son copain.

J’ai toujours eu un peu de mal à exprimer mon avis. Cette difficulté à dire « non » s’est énormément accrue avec lui. Je ne voulais pas décevoir et je pensais devoir faire « comme les autres », par peur d’être contredite et moquée.

Jusqu’au chantage

Je ne me souviens plus combien de temps après, mais il a fait comprendre à une copine à moi qu’il aimerait bien qu’on ait une relation sexuelle. Je ne voulais pas, c’était net. Je tremblais, je ne me sentais pas bien parce que je savais que je n’allais jamais oser lui dire « non », comme d’habitude.

Il voulait qu’on « passe à l’acte », me proposait de faire des préliminaires pour qu’on soit plus à l’aise. Moi, je voulais sortir de nouveau avec lui et il le savait très bien. « Pour être sûr que notre relation vaille quelque chose : on passe à l’acte et ensuite je veux bien me mettre en couple avec toi, mais pas avant. Ça ne dépend que de toi. Tu vois, c’est simple. Pourquoi tu te prends la tête ? Réfléchis pas. Tu veux qu’on soit ensemble ? Alors regarde ce qui te reste à faire. »

Je ne voulais pas, mais j’ai dit : « Oui. J’en parle ce soir avec ma mère et on le fera. » Je n’ai jamais demandé à ma mère, et je l’ai ignoré.

La découverte du consentement

Quand j’ai entendu parler de consentement, c’était avec une pote. Elle avait l’air un peu choquée que je ne sache pas ce que c’était. Elle m’a dit que l’on devait toujours pouvoir décider de ce qu’on voulait ou pas. Sur le coup, je n’ai pas fait le lien avec cette histoire, je me suis juste dit que c’était dommage de ne pas avoir appris ça plus tôt.

Aujourd’hui, je sors avec un autre garçon. Si je ne veux pas quelque chose, je saurai dire « non ». On est beaucoup plus ouverts à la discussion. Je le connais depuis moins longtemps et pourtant je me sens plus à l’aise. Dès le début, il a respecté mes choix, n’a jamais insisté sur quoi que ce soit, et je ne me suis jamais sentie forcée. Ça ne lui viendrait jamais à l’idée de me faire du chantage pour obtenir quelque chose. Il ne m’a jamais demandé des nudes, mais s’il m’en parlait, je serais prête à aborder la discussion. J’ai énormément confiance en lui.

SÉRIE 4/5 – Noah n’a jamais entendu parler des identités LGBTQIA+ à l’école, et s’est donc tourné vers les réseaux. Son entourage, mal informé, a beaucoup remis en question son asexualité.

Illustration en couleurs d'une partie d'une salle de classe, seule une adolescente est assise au premier rang, endormie sur sa table, la tête sur un bras, un écouteur dans une oreille.

Dans mon ancienne relation, je savais que si je disais quelque chose qui ne lui plaisait pas, il allait très probablement en parler avec ses potes et j’avais peur qu’il y ait des rumeurs sur moi, que les gens du collège me jugent. Mon copain, quand il m’écoute, il prend l’habitude de me regarder. Je remarque qu’il est attentif et sera là quand j’aurai besoin d’aide et de conseils.

Depuis, j’ose très facilement exprimer mon opinion quand je ne suis pas d’accord. Je n’aime pas me faire marcher dessus. Je trouve ça injuste de vivre quelque chose sans pouvoir donner son avis.

Julie, 16 ans, lycéenne, Île-de-France

Illustration © Léa Ciesco (@oscael_)

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