Yassin A. 07/04/2022

1/5 Paralysé par le stress depuis la sixième

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Depuis quatre ans, Yassin somatise la pression scolaire. Il garde tout ce stress pour lui, qu’il vit comme une faiblesse.

Un jour, alors que j’allais à l’école tout souriant et heureux, je commence tout à coup à ressentir du stress, à avoir une boule au ventre qui veut sortir de mon estomac. Mes jambes et bras tremblent. Ce jour-là, j’allais avoir mon premier contrôle. J’étais en sixième, c’était un très grand changement avec la maternelle et la primaire.

Ça fait quatre ans que ça dure et que je vis avec ça. Même si je connais toutes les réponses, je stresse beaucoup, toujours… Alors, pour le bac ou le brevet, je pense que je vais mourir de trac. Je stresse comme ça parce que je pense que c’est la peur d’échouer et d’avoir de mauvais résultats. J’ai peur de pas réussir dans le domaine où je veux aller, la médecine, pour en faire mon métier plus tard.

Dans ma chambre, je stresse en silence

C’est toujours la même histoire. Mon quotidien avec le stress de l’école commence quand je rentre chez moi, après les cours. Je mange en pensant au temps qu’il me reste pour travailler et être à jour dans mes révisions. Quand je révise, je révise tout. Après, quand j’ai fini et que je passe un bon moment, je me rappelle les devoirs et ça me saoule. Ça m’empêche de dormir.

Série 2/5 – Les parents de Lucile lui mettent la pression pour ses études. Pour son brevet, elle a bossé comme une acharnée pour avoir une mention.

Capture d'écran du deuxième épisode de la série, écrit par Lucile H. : "Mes parents, obsédé·e·s par le brevet".

Je pense que l’école pourrait aider en disant aux élèves que les contrôles sont simples et qu’il ne faut pas stresser.  Qu’il faut juste réviser sans se rendre malade. Et c’est tout. Si ça va trop loin, il y a des psychologues pour en parler.

Au début, ma mère me donnait un morceau de sucre pour calmer mes émotions. Et puis moi, je me suis habitué. Je me fabrique des solutions pour faire disparaître le stress. Je me fais des petits massages avec les doigts sur les bords du crâne, discrètement, que les autres ne voient pas. Maintenant, ça va un peu mieux. Le stress, je le garde que pour moi-même parce que je n’ai pas envie de montrer mes faiblesses à mes copains. Le peu de gens qui le savent, ça les choque parce que je ne suis pas du tout la même personne. En classe, je rigole souvent, mais chez moi, dans ma chambre, je stresse en silence.

Yassin, 14 ans, collégien, Val d’Oise

Illustration © Merieme Mesfioui (@durga.maya)

 

Pression à l’école : du stress au burn-out

17,1 % des élèves se déclarent très stressé·e·s en sixième, et 49,6 % en terminale. Selon l’OCDE (organisation de coopération et de développement économiques), plusieurs facteurs jouent un rôle important dans l’épanouissement des jeunes à l’école. Parmi eux, le soutien de leurs parents et de leurs enseignant·e·s et l’état de leurs relations avec leurs camarades.

Pour les chercheurs·euses, le stress scolaire s’exprime « chez des élèves s’étant fixés des buts inatteignables » ou dont l’entourage a fixé des attentes trop élevées. La pression scolaire peut donc venir des profs, des parents, de soi-même, ou d’un peu de tout ça. Lorsqu’un·e élève est stressé·e à ce point, la performance devient la priorité et passe avant son propre bien-être. Comme les travailleurs·euses, les élèves peuvent souffrir de burn-out.

Les filles et les garçons ne sont pas égales ou égaux face à la pression scolaire. Quelle que soit la classe, les premières sont plus souvent stressées que les seconds, et leur niveau de stress est plus élevé. Plus incitées à exprimer leurs émotions, la moitié des élèves filles sont très stressées en troisième, première et terminale.

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