Mya D. 13/09/2024

4/4 Un revirement parental inespéré

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Mya a été maltraitée par ses parents pendant de nombreuses années. Après des fugues pour alerter sur son sort, elle a pu vivre au sein d’une famille aimante. À son retour chez elle, les choses ont changé grâce à l’intervention d’une éducatrice.

Mes parents m’en ont fait voir de toutes les couleurs. Ils ont oublié de me nourrir. Avec ma petite sœur, on avait droit aux coups, aux insultes. Ils m’envoyaient chez ma grand-mère pour ne pas avoir à s’occuper de moi. Pour moi c’était normal de vivre ce que je vivais, puis j’ai grandi. J’allais chez des potes et je voyais leur quotidien, que leurs parents ne les frappaient pas quand ils disaient non. Ils ne se faisaient pas insulter s’ils portaient des vêtements qu’ils avaient choisis sans l’autorisation de leurs parents. Parce que oui, ma mère choisissait pour moi, et évidemment elle prenait les vêtements les plus laids.

Et puis le premier confinement est arrivé. J’ai vécu un calvaire. J’étais l’esclave de ma mère. D’habitude je pouvais fuir au lycée ou chez ma grand-mère pour éviter ça, mais là je ne pouvais pas. Je me suis sentie séquestrée, obligée de subir la pression. Quand je suis retournée au lycée, j’ai décidé de parler avec l’assistante sociale. Déballer tout mon sac. Bien sûr, j’avais des preuves avec les bleus sur mes cuisses et sur mes bras. Les mutilations que je me suis faites à cause de ma mère parce que je craquais. Mais les mesures pour m’éloigner de mes parents ont été trop longues à venir. Je souffrais de plus en plus jusqu’à en écrire une lettre de suicide, puis le second confinement est arrivé.

Je ne pouvais plus vivre ce que je vivais. C’était trop, les coups, les insultes, les menaces, la mutilation, la prise de médicaments. Je prenais du Tramadol pour planer et oublier ce que je vivais. C’est à base d’opium. J’ai donc décidé de fuguer pour alerter les flics et pour que les mesures d’éloignement bougent plus vite. Je suis allée chez une amie et les policiers m’ont appelée pour me demander de venir le lendemain pour porter plainte contre mes parents. Ce que j’ai fait. Je me suis sentie en sécurité et rassurée.

Fuguer à nouveau

J’ai tout dit à la police. Je me sentais tellement vulnérable, honteuse de faire ça à ma mère, mais c’était nécessaire pour ma protection. Sauf que les flics ont jugé que c’était juste une crise d’adolescence. Ils m’ont dit d’aller chez ma grand-mère une semaine et de retourner chez moi ensuite. 

À ce moment-là, je ne me sentais plus du tout en sécurité. On m’avait dit que la police prenait la protection de l’enfance très au sérieux. Mon cul oui ! J’avais tellement peur pour ma vie que je sentais que j’allais bientôt passer par la case suicide. Dès la première nuit chez ma grand-mère, j’ai décidé de fuguer à nouveau. Cette situation était injuste. Je voulais être aidée. Je voulais lutter contre mes idées noires. Du coup, je suis partie dans une ville voisine parce qu’une amie vivait là-bas. Je me suis connectée au wifi du MacDo pour que les policiers me retrouvent facilement. Ils sont très vite arrivés. Chez eux, j’ai tout raconté, en plus de la plainte déjà déposée à l’autre commissariat. Ces policiers-là m’ont vraiment aidée.

Ils m’ont mise en contact avec une assistante sociale, une éducatrice et une psy. Ils m’ont offert un mois de paix en m’envoyant chez ma tante qui vit en Moselle. J’étais suivie par une assistante sociale. L’éducatrice nous rendait souvent visite. À partir de ce moment-là, j’ai vu la psy une fois par mois pour m’aider.

Le lendemain de la décision de la police de me mettre chez ma tante, ma mère a été obligée de m’y emmener. Le trajet a été super silencieux et super gênant. Je pense que ça a blessé ma mère le fait que, pour une fois, elle n’avait pas de pouvoir sur moi. Arrivée là-bas, j’ai retrouvé ma cousine préférée. J’étais aux anges, on se voit si rarement.

Nouvelle vie

J’ai appris qu’une famille qui s’aime déjeune ensemble le matin, discute du programme de la journée et surtout, donne à manger aux enfants, pas juste un morceau de pain. Ils avaient quatre repas par jour le matin, le midi, le goûter et le dîner. Des repas qu’ils faisaient ensemble. Ça a été un choc au début mais ça m’a vraiment plu. J’ai appris aussi qu’une famille normale se partage les tâches et ce n’est pas à l’aînée de tout faire à la maison comme je le faisais moi. J’ai aussi appris à faire du vélo. Ce mois-là a été tout ce que j’attendais depuis ma naissance : une famille, et pas une mère abusive.

Toutes les bonnes choses ont une fin et je suis rentrée chez moi. Mon père m’a accueillie à bras ouverts. Après quinze ans d’existence, il a réalisé qu’il était père. Ma mère ne m’a pas calculé pendant un à deux mois. Ça ne m’a pas dérangée. Puis, avec l’aide de l’éducatrice elle a appris à être maman, à ne pas frapper, à nourrir ses enfants. La vie a commencé à aller mieux. J’ai arrêté les mutilations et les médicaments pour être stone. Je commence à être heureuse et épanouie dans la vie. Voilà mon histoire et je remercie encore les flics qui m’ont écoutée et prise au sérieux.

Mya, 17 ans, volontaire en service civique, Saint-Étienne

Illustration © Merieme Mesfioui (@durga.maya)

 

Série Après l’enfance maltraitée, récit 1/4 : Les marques de la violence

Océane a grandi avec un père violent et alcoolique. Aujourd’hui mère, la jeune femme de 22 ans n’imagine pas pouvoir lever la main sur son enfant.

 

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