1/3 Devant les flics, je ne me sentais pas prête à en parler
Mon premier « rapport sexuel » est un viol. J’avais 15 ans, je rentrais juste des cours, il faisait un peu nuit, super froid. Je me souviens des fringues que je portais, pas de la date exacte. C’est comme si mon cerveau l’avait effacée. Je rentrais chez moi tranquille, les écouteurs sur les oreilles, le pas détendu, insouciante.
Pour rentrer, j’ai pris une ruelle peu empruntée, car c’était un gros raccourci. Et, d’un coup, un homme m’a tapoté l’épaule. J’ai pensé qu’il voulait un renseignement. Ou une autre connerie comme ça. Du coup, je me suis retournée sans me poser de questions. C’est à ce moment que je n’ai plus rien compris.
Touchée et insultée
Il m’a prise ultra violemment par le bras et m’a fait traverser la route. Je ne savais pas pourquoi. Il puait la clope, l’alcool et la drogue, le trio malsain. Autant ne pas chercher à comprendre. Il a commencé à me toucher, puis il est allé plus loin et… STOP. Je ne veux pas entrer dans les détails. Le truc horrible aussi, c’est les insultes qu’il m’a balancées à la gueule. Ça a vraiment déglingué le peu d’estime de moi que j’avais. Il a fini par se barrer parce qu’une voiture est arrivée. Heureusement d’ailleurs : grâce à ça, il s’est arrêté aux doigts. S’il était allé plus loin je pense que j’en serais morte !
Des auditions au commissariat jusqu’au procès, le documentaire Arte Elle l’a bien cherché suit le parcours judiciaire douloureux de quatre femmes victimes de viol. La réalisatrice Laetitia Ohnona et l’avocate Lisa Laonet racontent leur enquête :
Je ne suis pas morte mais je ne m’en suis jamais vraiment remise. Deux ans et demi après, j’ai toujours du mal. Au début, je me suis littéralement persuadée que rien n’était arrivé. Je ne pouvais pas. « Je suis sale putain et non, je vais mourir. C’est jamais arrivé. Point ! » Ce cinéma a duré un peu moins d’un an. Pendant tout ce temps, je suis devenue de plus en plus agressive avec la terre entière. J’ai perdu des amis. Il y avait déjà des problèmes chez moi et là, c’était pire. Je ressentais une haine immense. Au point que j’avais envie de buter les gens dès qu’un mec croisait mon regard. Je voyais des ombres derrière moi quand je marchais dans la rue… Bref, l’enfer. Tout ça parce que je me voilais la face.
Cette flic, je la déteste
J’ai fini par en parler à ma famille. On m’a emmenée direct chez les flics. « Mais sérieux, vous voulez que je dise quoi ? Je ne le connaissais pas, il avait environ la trentaine. Sa tête, je ne sais plus… Je n’étais pas en train de l’observer pendant qu’il me pelotait et qu’il me disait que j’étais une petite pute dégueulasse ! » Ils m’ont demandé de raconter tout mon viol, deux fois, dans les détails. Tout m’est revenu en pleine face. C’était atroce. J’avais la haine, plus que jamais. Je me dégoûtais. Cette flic qui m’a forcée à en parler, je la déteste. Je me suis beaucoup scarifiée. J’ai commencé à ne plus aller en cours. C’était ingérable.
J’étais dépassée. Et surtout, je ne me respectais plus ! « De toute façon, je suis une pute dégueulasse, il me l’a dit à moi. C’est MOI qu’il a choisie pour faire ça. » J’étais tellement paumée que je trainais sur des sites de rencontre. C’était juste pour le sexe. Je couchais à droite à gauche. Je cherchais la reconnaissance et le désir, mais j’avais juste l’impression d’être un objet. Les mecs se sont passés le mot. Et rapidement, la réputation a suivi. J’avais peur de dire non, donc je me laissais faire.
Salomé, 18 ans, lycéenne, Creil
Illustration © Merieme Mesfioui (@durga.maya)
Salomė. je suis. avec toi. ta vie est devant toi .tu peux avancer avec nous qui te soutenons. laisse tomber les autres. ceux qui t ont salie , detruite , ce n est qu un ramassis. d ordures. et tu vas en rencontrer. encore pleins dans ta vie et pas. forcement ceux qui pretendront. etre avec toi. mais il y a toi. et toi seule et tu es belle et vraie . c est ta force. . personne ne. pourra reparer ou soigner. tes blessures si ce n est toi meme. . et ca. Salomé. tu. en est capable.
Salomé, ton témoignage m’a énormément émue…et les réactions aussi. Tu es une Warrior, une Femme d’une grande force mentale et physique. Tu vas grandir et prouver a la face du monde que tu es indestructible et cette rage qui brule en toi t’amèneras vers des horizons plus pacifiés…Cette cicatrice se garde a vie, mais souviens toi toujours, tu es avec nous, nous sommes avec toi, et nous vaincrons cette saloperie de maladie : l’irrespect.
Tu es fantastique et tu es unique. Et ta vie est essentielle au Monde, essentielle pour nous tous.
Tu renaitras de tes cendres, tel un phénix.
Force et Honneur. <3
Salomé,
Je suis tombée par hasard sur ce post et je dois t’écrire qu’il m’a beaucoup touchée.
Je comprends tes mots, les émotions que tu ressens et toute la haine que nous pouvons ressentir, envers nous-mêmes ou les autres.
Mais tu dois aller au-delà de tout cela, tu es forte, bien plus forte que tu ne le crois.
Tu n’es pas une victime, tu es une survivante! Aimes-toi malgré ce que tu as vécu, et même encore plus à cause de cela.
Pardonnes-toi car tu n’es en rien responsable de ce qui t’es arrivé.
N’hésites pas à te faire aider, même si c’est difficile, fais-le.
Tu es belle de par tes blessures aussi, unique et chaque jour qui passe te rendra encore plus forte.
Nous sommes des centaines, des milliers qui te comprenons et nous levons petit à petit.
Rappelles toi, tu n’es pas seule.
Dear Salomé,
Go ahead …. you are strong, I know it … turn to beautiful people who will feed you … keep up … your inner beauty is untouchable … wear well in this present and future that opens to you ….. an unknown …
Chère Salomé,
Ton témoignage m’a beaucoup touchée.
C’est être deux fois victimes que de croire que les actes horribles nous arrivent parce que nous le méritons. C’est lui, le sale et le dégueulasse, surtout pas toi.
Après l’épreuve arrive toujours le réconfort et la facilité, et si je pouvais dissiper toute la souffrance que tu ressens je le ferais.
Tu es belle dans tes mots, et tu es forte par ton témoignage. Ne sous-estime jamais ce que tu es à cause de tes relations, et je suis sûre que tu es bien plus que tout ce que tu veux bien croire, que tout ce que les autres peuvent dire de toi.
Beaucoup de force et de courage, beaucoup d’amour envers toi-même et envers les autres, que la vie te soit douce à l’avenir, que tes blessures cicatrisent, et surtout que tu rencontres un homme à la hauteur de tout ce que tu as à offrir.
Nous sommes bien plus qu’une relation amoureuse !
Et notre force ne sera jamais égalée.
Je t’envoie tout plein d’amour et d’affection,
Une femme un peu comme toi.