1/2 Le game du moral
Ils m’ont aidé à des moments où je n’en pouvais plus physiquement à cause des douleurs. Ils ne le savent très probablement pas, mais ils m’ont même aidé à un moment où je ne voulais même plus vivre.
Il y a eu Nagisa. Je ne connais pas son prénom, juste son pseudo. Je l’ai rencontré sur Discord et on a commencé à jouer à Call of Duty: Mobile. Un jour, à cause de mon handicap, j’ai dû être hospitalisé à Paris. J’avais 16 ans. Je lui ai raconté ce qu’il s’était passé. Il m’a proposé de me rendre visite à l’hôpital. J’étais vraiment heureux de le rencontrer. Il est venu à un moment où j’avais besoin de quelqu’un.
Ce jour-là, j’étais devant l’entrée. Les murs de l’hôpital c’est que des vitres, alors je l’ai vu arriver de loin. Il ne m’avait jamais envoyé de photo de lui. Il m’avait juste dit qu’il avait un casque. Au début, on s’est dit : « Salut ça va ? » Son attitude et sa manière de s’exprimer étaient pareils que quand on était en appel, mais je ne le pensais pas comme ça. Sa voix, ça correspondait pas. Une fois qu’on a pris connaissance de qui était l’autre, sa voix allait de plus en plus avec son corps. On a beaucoup parlé de ma maladie, des jeux aussi. Et on a joué à Call of Duty: Mobile.
Il y a aussi eu un couple que j’ai rencontré sur Fortnite, et il y a eu ZXR. Lui je l’ai rencontré sur TikTok. Il était en train de faire un live sur Call of Duty: Mobile, alors j’ai commencé à jouer avec lui. Il m’a ensuite emmené sur son serveur Discord. De là, on est devenu amis.
« Mon petit jardin de paix »
Avec tous mes amis virtuels, on passe du temps ensemble en vocal. On parle de nos journées, de musique, de jeux ou même de rien.
J’ai déjà entendu des a priori sur les rencontres sur internet, surtout de la part des adultes comme les parents. « Tu n’as jamais rencontré cette personne. Tu ne sais pas si elle est bonne ou mauvaise ! » C’est ce qu’a dit ma mère quand elle a su que je me faisais des amis sur internet. Mais je lui ai expliqué et elle a vite compris que c’étaient des personnes avec qui je m’entendais bien.
Les jeux vidéo c’est mon petit jardin de paix. C’est tout un univers. On peut y oublier tout le malheur qui se passe dans la vie. Quand j’étais plus petit, j’ai subi énormément de moqueries car j’ai un handicap physique. Il me fallait trouver mon endroit où je pouvais être à la fois en paix et fort.
Les jeux vidéo, je peux y jouer tous les jours. C’est l’endroit où j’ai commencé à avoir des amis. Merci à eux de ne pas m’avoir repoussé, de m’avoir inclus dans leur groupe. Merci de m’avoir tant aidé !
Rayane, 18 ans, en formation, Fleury-Mérogis
Crédit photo Unsplash // CC Fredrick Tendong
Slash Amitiés connectées, récit 2/2 : Rencontres IRL via Discord
Sur des serveurs Discord, Christine s’est fait des ami·es qu’elle côtoie encore aujourd’hui. En ligne et dans la vraie vie.