1/2 J’aime autant la mode que les jeux vidéo, et alors ?
Pendant la période du Covid, je me suis retrouvé seul pendant trois mois dans ma chambre. L’occasion parfaite pour me retrouver ! J’ai essayé petit à petit de faire des choses moins « masculines », et surtout de m’ouvrir à de nouvelles choses : j’écoutais de nouvelles chanteuses comme Girl in Red ou encore Vendredi sur Mer. J’ai beaucoup apprécié la vibe de leurs chansons et je ne comprends toujours pas pourquoi elles sont si catégorisées « pour les filles ». Je pense que tout le monde peut les écouter sans forcément avoir honte.
Je me suis aussi énormément intéressé à la mode. J’ai commencé à porter des pantalons larges et des pulls oversize, et j’ai laissé de côté mes survêts et jeans skinny. Au final, rien de très féminin, mais pourtant stéréotypé comme « vêtements de gay », ou encore « de skater », « de gothique », que des gens qu’on met dans des cases quoi. J’ai l’impression que certaines personnes comparent le style vestimentaire avec l’homosexualité, ce qui n’a rien à voir. Même si j’ai un comportement qui peut être vu comme féminin, je suis toujours attiré par les filles.
En bref, je suis sorti de ma zone de confort et je me suis découvert. J’ai changé mon univers et je pense que c’était une des meilleures périodes de ma vie.
Mon cercle d’amis était strictement féminin
Je n’ai jamais vraiment eu les mêmes préoccupations que les autres garçons. J’appréciais les jeux vidéo, les petites voitures ou encore les circuits de course mais, pendant les récrés, je préférais rester au calme avec des filles. On discutait, on chantait des chansons. C’était bien plus sympa que le foot et toute la violence.
Au départ, cela ne posait pas de problème. Mon cercle d’amis était strictement féminin, mais les autres garçons ne se préoccupaient pas de ça.
Au collège, j’ai fini malgré moi par rencontrer plusieurs potes masculins. J’imagine que ce sont les jeux vidéo qui m’ont rapproché d’eux. Et puis, je ne connaissais aucune fille ici. Je suis devenu de moins en moins à l’aise avec elles, limite asociable, mais tous ces comportements avaient une raison.
« Des mimiques de filles »
Je subissais énormément de jugements de la part de ma classe et d’anciens amis. On critiquait un peu tout ce qu’on pouvait trouver sur moi, notamment ma façon d’être. J’avais, à ce qu’il paraît, « des mimiques de filles », ma façon de parler était « féminine ». J’ai fini par rentrer dans la case du mec efféminé et en manque de confiance en soi, puis j’ai fini par ne plus être moi-même. En troisième, j’étais complètement perdu, et pour cause : j’étais vraiment différent de la personne que je voulais être. J’étais influencé par les garçons avec qui je passais du temps. J’avais aussi l’impression d’avoir un manque de personnalité à cause de ça.
J’ai changé de collège et je suis arrivé dans un établissement avec des gens un peu plus ouverts, même si ce n’était pas non plus parfait. Petit à petit, j’ai commencé à redevenir la personne que j’étais réellement. Je me suis également rendu compte à quel point il est difficile de l’être, avec tous ces jugements. Puis, le Covid est arrivé.
Entre mecs, on discute de mode et de jeux vidéo
Mes deux amis les plus proches (et oui, ce sont des mecs), que j’ai rencontrés en primaire, m’ont toujours accompagné et m’ont vu évoluer. Parfois, ils ne comprenaient pas certains changements et avaient plus l’impression que je me cherchais un style, alors qu’il s’agissait plus d’identité. Mais, après quelques explications, ils ont fini par comprendre.
Ce sont des personnes avec qui je peux parler de tout ce dont j’ai envie, de féminisme ou de mode. L’autre jour, on discutait de la liberté de s’habiller, que tout le monde devrait pouvoir porter ce qu’il a envie, fille comme mec. Et c’est également avec eux que je joue à la console et que j’ai des débats sur les jeux vidéo, donc c’est plutôt varié ! Les mecs peuvent aussi s’épanouir et avoir des sujets de conversation autres que le sport et les meufs.
SLASH 2/2 — Pour le frère d’Anaïs, ne pas se conformer à une masculinité classique lui a valu remarques et moqueries. Elle veille sur lui pour qu’il s’épanouisse.
Depuis mon arrivée au lycée, un environnement bien plus libre, je m’épanouis et rencontre des tas de personnes avec les mêmes centres d’intérêt que moi. J’ai aussi rencontré d’autres garçons comme moi, et avec qui il n’y a pas de problème de masculinité toxique. On a discuté du fait de traîner avec des filles plutôt qu’avec des gars et on était d’accord sur le fait que c’était plus sympa, calme, voire même doux (ahah). J’ai de la chance, je n’ai encore jamais eu de critiques (du moins en face) sur ma nouvelle manière d’être. Je peux être la personne que j’ai toujours voulu être.
Maxence, 18 ans, lycéen, Saint-Étienne
Crédit photo Pexels // CC Ron Lach
Les « vrais » hommes n’existent pas
Virilité abusive
La masculinité regroupe toutes les caractéristiques qu’on attribue culturellement aux hommes et aux garçons. La représentation de la masculinité la plus répandue est qualifiée de « toxique » car elle valorise la violence et la domination. Par exemple, on entend souvent que les hommes doivent être « forts », qu’ils ne doivent pas pleurer, et qu’ils doivent obtenir des postes de pouvoir.
On ne naît pas homme… on le devient
Ces attentes à l’égard des hommes ne sont en vérité que des stéréotypes véhiculés socialement à travers l’éducation, la publicité, les films, les livres… Et ces représentations varient selon les cultures et les époques : pendant l’Antiquité on vantait la « virilité » des hommes, alors qu’au XVIIe siècle on valorisait leur délicatesse… Preuves que ce ne sont pas des vérités absolues et scientifiques !
Les lignes bougent
Ces dernières années, les luttes LGBTQIA+ et féministes ont participé à la déconstruction des normes de genre. De plus en plus de personnalités masculines les transgressent (Eddy de Pretto, Lil Nas X, Harry Styles…) et les questionnent, comme le vidéaste Ben Névert. Après ses vidéos « Entre mecs », il retrace son rapport à son genre dans son dernier livre « Je ne suis pas viril ».