Emma L. 20/04/2022

2/2 Repas de famille, disputes et politique

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À chaque fois qu'il y a des élections, Emma redoute les discussions avec ses parents. Sur la politique, elles et ils ne sont jamais d’accord.

« On ne peut pas accueillir tout le monde. » Cette phrase, je l’entends depuis que je suis petite le soir, à table.

Souvent, en regardant les infos à la télé, mes parents font des commentaires. Je me souviens d’une discussion entre eux qui m’a interloquée. Ils n’étaient pas d’accord avec le fait que des réfugiés viennent s’installer en France et que l’État leur fournisse de quoi se nourrir et de quoi dormir. Ils disaient : « Les sans-abri, eux, sont là depuis longtemps et on ne leur donne rien, à eux. » Mais, moi, je me disais intérieurement : « Les sans-abri ont vécu la même chose ? »

On ne peut pas comparer ce qui n’est pas comparable. C’est juste un exemple, mais ce sujet revient à chaque fois. Je ne dis rien, je la ferme. Je ne sais pas trop s’ils savent que je ne suis pas d’accord, et puis je n’en discute plus trop avec eux puisqu’ils ne m’écoutent pas et me disent : « Tu es trop jeune pour avoir ta propre opinion ! » Ma mère est militaire, et mon père ex-militaire dans la Marine nationale et aujourd’hui dans la manutention de sous-marins pour une boîte privée. Toujours un pied dans l’armée.

Mes parents veulent voter Marine Le Pen

C’est au fil des années, de mes rencontres avec des amis ou des profs au lycée que j’ai commencé à développer des opinions plus personnelles. J’ai fait un bac pro ASSP (Accompagnement, soins et services à la personne), une filière d’aide à la personne. Donc, forcément, je ne peux pas être d’accord avec eux. Ils disent qu’ils ne sont pas là pour travailler pour les autres qui, eux, ne travaillent pas, les chômeurs, les « RSA », les migrants.

Mes parents n’étaient pas d’accord avec mon choix d’orientation. Ils auraient voulu que je vise plus haut, que je m’engage aussi en tant que militaire, bref que je fasse mon armée. Sauf que j’ai toujours voulu aider les personnes vulnérables. C’est comme si c’était logique ou inné pour moi.

Mes parents pensent que Marine Le Pen va améliorer la situation des militaires et ils veulent donc voter pour elle. Une fois de plus, on n’est pas d’accord. Je ne peux pas me fier à ce qu’ils disent.

Emma, 19 ans, étudiante, Rennes

Crédit photo Pexels // CC Kaboompics

 

Débat de l’entre-deux-tours, entre tradition, punchlines et tensions

1974 : date du tout premier débat télévisé organisé entre les candidats du second tour de l’élection présidentielle, Valéry Giscard d’Estaing et François Mitterrand. 25 millions de personnes sont devant leur télé. « Vous n’avez pas le monopole du cœur », lance Giscard à Mitterrand, une phrase qui marquera les esprits.

Sept ans plus tard, pour la présidentielle de 1981, les deux hommes s’affronteront une nouvelle fois sur un plateau de télévision, puis dans les urnes pour le second tour. Une première dans l’histoire de la Ve République.

1988 : François Mitterrand, le président sortant, face à son Premier ministre, Jacques Chirac. Punchline du débat signée François Mitterrand :
– Chirac : « Ce soir, je ne suis pas le Premier ministre, et vous n’êtes pas le président de la République, nous sommes deux candidats à égalité. »
– Mitterrand : « Mais vous avez tout à fait raison, monsieur le Premier ministre. »

1995 : Jacques Chirac contre Lionel Jospin. Le candidat du PS est partisan du quinquennat et, pour appuyer ses arguments, il lance : « Il vaut mieux cinq ans avec Jospin que sept ans avec Jacques Chirac, ça serait bien long. » En face, Chirac est mort de rire.

2002 : pas de débat de l’entre-deux-tours pour la première fois depuis vingt-huit ans. Le président sortant Jacques Chirac refuse de débattre avec son adversaire, le candidat du Front national, Jean-Marie Le Pen, qualifié à la surprise générale au premier tour.

2007 : Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal, face à face. Un débat marqué par la colère de la candidate socialiste au sujet de la scolarisation des enfants en situation de handicap : « Non, je ne me calmerai pas ! Il y a des colères qui sont saines. »

2012 : François Hollande face à Nicolas Sarkozy, pendant deux heures et cinquante minutes, ce qui en fait le plus long débat à ce jour. Hollande lance un prophétique « Moi, président » répété plusieurs fois pendant un monologue de trois minutes, sans être interrompu une seule fois par son adversaire.

2017 : Emmanuel Macron face à Marine Le Pen, devant 16,5 millions de téléspectateurs et téléspectatrices, la plus faible audience enregistrée depuis l’organisation de ces débats. Pendant, beaucoup de tensions, et après, beaucoup de détournements.

2022 : Pour la première fois depuis 1981, les deux candidat·es qui vont s’affronter ce soir dans le débat de l’entre-deux-tours sont les mêmes que lors de la précédente élection présidentielle : Emmanuel Macron face à Marine Le Pen.

 

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