1/2 Le sexe dans mon casque de réalité virtuelle
Ce n’était pas la première fois que je faisais ça. Je n’en avais jamais entendu parler avant. J’ai découvert ça il y a moins d’un an, à peine deux mois après avoir acheté mon casque de réalité virtuelle. Ça, c’est l’erotic role play ou l’ERP. C’est assez simple. On met son casque sur la tête. On choisit des avatars qui sont faits pour ça. Et on baise.
Ça permet de réaliser des fantasmes que l’on ne peut pas réaliser dans la réalité et c’est plutôt pratique pour moi. Parfois, c’est avec des gens que je connais. Parfois, c’est juste comme ça. Ce qui compte pour moi, c’est avant tout le genre réel de la personne. Je préfère les mecs. Si la personne se définit comme garçon et prend un avatar de garçon, ça passe aussi. On peut faire ça à deux comme à dix. On crée une instance et, une fois qu’elle est lancée, on couche ensemble en virtuel.
Je passe beaucoup de temps devant les écrans, notamment sur un jeu : VRChat. C’est un jeu social où on a un avatar et on peut discuter avec les autres et faire des activités. On peut être le personnage que l’on veut comme Sans de Undertale ou un Space Marine de Warhammer 40,000 ou juste un personnage que l’on a créé soi-même. À la base, VRChat, ce n’est pas fait pour l’ERP. Mais, en jouant, tu peux voir se balader des avatars très sexualisés. Ils portent peu de vêtements et leurs formes sont très mises en valeur. En cherchant un peu, tu comprends vite pourquoi ils sont là.
Sensations virtuelles
C’est sur VRChat que je l’ai rencontré. Lui. On se connaissait d’avant le jeu. On faisait des activités comme des murder. C’est quand un tueur prend un couteau pour en tuer un autre et le shérif, qui a un pistolet, doit tuer le tueur en évitant d’assassiner les innocents. Ça faisait un petit moment qu’on échangeait. On s’est vite plu, alors on a créé une instance privée pour une séance d’ERP.
C’est l’un des principaux moyens avec lequel j’ai des rapports sexuels. Je n’en ai pas encore eus en vrai. En ERP, certains se masturbent également en vrai. Moi, je ne le fais pas. Je suis plus un adepte du phantom touch. C’est quand on ressent dans son corps ce qui se passe dans le jeu, sans contact physique. C’est le cerveau qui fait ça. T’es tellement dans le jeu que tu ressens des choses sans vraiment sentir.
Rupture bien réelle
J’aurais bien aimé le rencontrer en vrai. Mais bon… il a fini par me quitter. Comme ça. Sans raison. Depuis, je ne vois plus personne car je me suis fait ban du jeu. J’ai utilisé ce qu’on appelle un avatar crash : c’est un avatar qui peut fermer le jeu d’autres personnes. C’est ce que j’ai fait. Pour lui. Pour le forcer à me dire pourquoi il m’avait quitté. Pourquoi il m’avait bloqué de partout. Il a fini par parler et m’avouer qu’il n’avait plus de sentiments pour moi.
Ça m’a fait de la peine car, ce jeu, c’est également un moyen de rencontres pour moi. Dans la vraie vie, c’est difficile de rencontrer des mecs qui cherchent des mecs. Je vous explique. J’habite à la campagne. Il n’y a aucun lieu dans lequel traîner. Il n’y a vraiment rien. Je ne vais pas à Paris. Je n’aime pas trop sortir. Alors, j’attends et j’espère peut-être trouver quelqu’un d’autre dans ce monde virtuel.
Jay, 17 ans, lycéen, Chars
Crédit photo Pexels // CC VAZHNIK
Y a vraiment des jeux comme ça ? Je sais que sur Vrchat il y a des trucs comme cela