Amal A. 23/03/2016

Devenir pleinement des humains citoyens

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Le choc de l’explosion, la violence viscéralement arbitraire d’une fusillade, l’incompréhension assourdissante, la panique, la peur et la douleur. Bruxelles, Ankara, Bamako, Paris, San Bernardino, Istanbul, Beyrouth et alors, nous, on fait quoi ?

 

La multiplicité des attaques requiert des pages entières pour lister avec justesse les cibles, les pays, le nombre de morts et celui des blessés.

Sommes-nous les témoins d’un cancer globalisé propre au troisième millénaire ?

#StopIslam, récupération politique et cie

Je suis certaine de ne pas être la seule, pour me rassurer le soir avant de me coucher, à tenter de me convaincre que ce chaos tire davantage d’une fiction futuriste et apocalyptique que de la réalité. Aux premières heures du matin, la question flotte au dessus de nous alors que nous vérifions l’actualité du jour : quel état est la prochaine cible du non-état cancéreux ?

Les dommages collatéraux de cette tumeur extrêmement maligne et effroyablement développée, comme nous en avons été tragiquement les témoins en ce début de semaine, prennent des formes aussi diverses et étranges que le hashtag #StopIslam, une tendance virale et pathétique du réseau social Twitter, ou la récupération politique déplorable de politiciens américains républicains en quête de pouvoir présidentiel.

XVM5eb17110-f01e-11e5-875e-0271441e5d1cExprimer son soutien et aller plus loin

Avant même de se lancer dans les débats sous-jacents à ces dommages collatéraux, condamner les attaques est une nécessité. Moins de quiproquos. Avant d’être conservateur, républicain, socialiste, centriste, chrétien, musulman, juif ou athée, nous sommes tous des êtres humains. Cette vérité biologique, aussi naïve et simple soit-elle, a déjà perdu une partie importante de son sens dans ce monde complexe, rapide, chaotique et surtout désespérant.  

Que faire ? Encore une fois, je suis certaine que cette question aussi lourde de sens résonne dans tous les esprits à une échelle planétaire.

A notre échelle, celle de la majorité des citoyens qui ne sont pas dirigeants d’états, et donc pas en mesure de prendre des décisions directes pour mettre fin à ce fléau, l’ouverture du dialogue n’est pas seulement préférable, elle en devient un devoir. Les plateformes virtuelles offrent un espace infini pour exprimer son soutien et ses prières aux victimes et aux familles, mettre son talent artistique au service de l’information et débattre, ou en tout cas plus ou moins, par commentaires interposés.

Je considère que nous sommes capables d’aller plus loin que cela.

Alors, on fait quoi ?!

CeJf50pWwAAiotzOrganiser de véritables espaces de rencontres entre des représentants de l’Etat (que je trouve inaccessibles à mon échelle de jeune citoyenne d’une vingtaine d’années) et les citoyens pour discuter des mesures domestiques de sécurité ainsi que de stratégies de relations internationales plus vastes, afin d’avoir une vision plus panoramique de la situation et d’apporter de nouvelles perspectives sur ces différentes questions.

Mettre en place des campagnes de sensibilisation solides contre le radicalisme islamiste dans l’ensemble des écoles, lycées et universités, en présence des professeurs et des parents ; prendre le temps, dans des amphithéâtres ouverts au public par exemple, d’expliquer clairement la situation géopolitique actuelle au Moyen-Orient, ce qui est en jeu pour les différents acteurs impliqués, le rôle ou non-rôle de la coalition internationale, ainsi que les perspectives d’avenir et faire le point sur la crise migratoire, grâce à l’intervention d’universitaires spécialisés, d’experts politiques et de représentants militaires.

Oser aborder sans crainte  le sujet de l’extrémisme religieux et déterrer les vraies questions que les croyants et non-croyants se posent, au sein des institutions musulmanes et des autres églises.

Continuer d’abolir les murs invisibles qui se dressent entre nous et les réfugiés installés, pour se rappeler qu’ils sont également des êtres humains avant tout.

Devenir pleinement des humains citoyens

Tout cela n’est qu’une ébauche, un lancement.

Dans le pire des scénarios, toutes ces propositions nous rassureront et nous uniront dans une tolérance et un nouveau respect que les cellules terroristes extrémistes  s’acharnent tant à détruire, ce qui est déjà une victoire significative en soi. Dans le meilleur scénario possible, cette rencontre des esprits fera place à une ébullition d’idées et de nouvelles initiatives, une perspective d’espoir réel dont nous avons tous clairement besoin. En résumé, nous avons tous besoin de sortir de notre zone de confort politique et devenir pleinement des humains citoyens.

 

Amal A., 22 ans, étudiante en master, Val d’Oise, actuellement à Chicago

Crédit dessins : Geluk, Baudry, Plantu

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