Nanterre Université 24/04/2018

Drogues, médocs, désintox… un handicap à vie

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Pendant un an et demi, Augustin s'est drogué. Beaucoup. Il a connu l'excitation, l'énergie, la violence... et l'hôpital psychiatrique. Il lutte encore aujourd'hui pour rester clean.

J’ai consommé des drogues pendant un an et demi et ça a suffit à me détruire. J’en ai essayé beaucoup : shit, champis, LSD, speed, ecstasy… Je me suis même piqué plusieurs fois. Le problème, c’est que l’on ne réalise pas que l’on est accro avec ce genre de drogue. On l’est dès les premières prises. Les gens autour de toi s’en rendent compte pour toi. Moi, c’est ma famille qui m’a fait prendre en charge.

Ma consommation de drogues m’a fait tomber dans un état dépressif, avec crises d’angoisses, et des moments où je pouvais être violent… Un jour, je me suis battu avec mon frère au point de lui péter des dents. Le seul truc qui me calmait était le speed, plus facile à trouver et moins cher que l’héroïne.

Cure de désintox, suivi psychiatrique et médocs

À ce moment-là, j’avais aussi abandonné la prépa depuis plusieurs mois. Moi qui n’avais jamais eu de problème dans mes études, je me suis retrouvé en échec scolaire. Mes parents ont réussi à me convaincre d’aller voir un spécialiste. En plus de mon addiction, il m’a diagnostiqué des troubles de la personnalité, genre bipolaire.

Cette annonce m’a fait peur. J’ai réalisé que les drogues que j’avais pris pendant à peu près un an avaient fait de moi une sorte de malade mental. J’étais vraiment dans la merde. J’ai été interné à Sainte-Anne, avec cure de désintox, suivi psychiatrique et beaucoup de médocs. Ces derniers étaient très violents. Je me retrouvais souvent sans énergie.

Anxiété, mal-être, tristesse. Martin aussi a pris des drogues, surtout de l’ecsta, mais les descentes étaient vraiment difficiles.

Centre d'une salle de soirée illuminé par des lumières bleues à gauche et rose à droite. On aperçoit des silhouettes violettes.

Aujourd’hui, je suis clean depuis un peu plus d’un an. Je sens constamment une oppression dans ma vie qui viens du fait que mon corps demande quelque chose que je ne lui fournis plus. Pour compenser, je fume plus d’un paquet de clopes par jour. Je prends toujours des médocs, ce qui m’empêche de boire de l’alcool. Et je suis suivi par un psychiatre chaque semaine. C’est lourd.

Un an de drogues, un handicap pour la vie

L’année dernière, j’ai essayé de reprendre des études en licence de maths. Je me souviens que j’étais bon dans ce genre de matière. Mais je suis plus capable de me concentrer. J’ai des moments d’excitation où je suis le roi du monde et d’autres de déprime profonde, où je me sens incapable de faire quoi que ce soit. On m’a dit que ce sont des restes de ma période bipolaire et que ça ne partira pas complètement.

Du coup, j’ai abandonné et j’ai repris des études en soins infirmiers. J’espère vraiment aller jusqu’au bout. Actuellement, j’ai honte d’avoir été dépendant de cette merde. J’ai peur aussi. J’ai fini par comprendre que les drogues que j’ai prises pendant à peine plus d’un an vont m’handicaper pour le reste de ma vie. Je suis devenu un putain d’handicapé. C’est déprimant.

Augustin, 22 ans, étudiant en soins infirmiers, Rennes

Crédit photo Flickr // CC Yann Graf

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6 réactions

  1. Je suis passée par là et mon sentiment c’est que ce qui va t’aiguiller c’est toutes les descentes, les souffrances induites par ces drogues. Elles représenteront un seuil à ne plus franchir sous peine de vivre les moments les plus durs de ton existence. Le seul danger de mort que représentent ces drogues te les rendra dissuasives. Je prie pour toi.

  2. […] Pendant un an et demi, Augustin s’est drogué. Beaucoup. Il a connu l’excitation, l’énergie, la violence… et l’hôpital psychiatrique. Il lutte encore aujourd’hui pour rester clean. Drogues, médocs, désintox… un handicap à vie. […]

  3. Moi Augustin j’ai commencé à douze ans premier pétard, à quinze ans je fumais régulièrement, à dix sept ans je prenais des ecstasy, dix huit ans premier buvard, dix neuf première trace de cocaïne, je connaissais bien le grossiste. Puis mon père m’a foutu dehors alors qu’il était sujet à mes angoisses, ma maman n’a jamais voulu s’occuper de moi, elle préférait ses amants… Ensuite délinquance, vol de scooter, de carburant pour aller au travail je siphonnais les réservoirs, vol de voiture aussi et puis j’ai quitté la Bretagne pour ne plus être avec mes copains. On m’a dit reviens je suis inquiet, je suis revenu pour me faire jeter à la rue aux chiffonniers de la joie à Morlaix où je suis retombé dans les pattes de mes potes… J’ai rencontré la mère de mon fils là-bas, elle était pharmacodependante et alcoolique, elle m’a entraîné vers le bas. On se disputait assez souvent violemment puis ont s’est séparés. J’ai trouvé un boulot et j ai fini à bohars… deux ans en ho… Je suis allé à billiers Morbihan je m’en sortais, la mère de mon fils est morte assassinée par son copain junkie… Ca a foutu en l’air toute ma réinsertion, j’avais recommencé le permis. la je suis à Brest. Je reprends ma vie mais comme tu peux t’en apercevoir avec les commentaires, on ne me fait pas de cadeaux lol… Bisous bon courage…

  4. Ah oui, et tu n’es pas « une sorte de malade mental). Tu as un handicap psychique (D’ailleurs, j’ai utilisé le terme « handicap mental » dans mon précédent message mais je me suis trompée, ce n’est pas le bon terme). La bipolarité fait partie de cette catégorie, comme la dépression, par exemple.

    Et dernière chose : t’es pas tout seul. Il y a des espaces qui existent sur Internet ou ailleurs pour échanger avec d’autres personnes concernées, si tu en as envie.

  5. Bonjour,

    J’ai lu ton témoignage qui est très beau. C’est courageux de ta part de témoigner et j’espère que tu vas t’en sortir.
    Cela dit, je pense que tu te trompe sur une chose. Tu dis que ce sont les drogues qui t’ont rendues bipolaire. Je connais pas mal le monde du handicap, pour être moi-même concernée, et je pense que tu prends le problème à l’envers. C’est probablement parce que tu étais déjà bipolaire auparavant sans t’en rendre compte que tu as commencé à te droguer. Il est courant, en cas de handicap mental, d’avoir un diagnostic tardif, voire très tardif. Je pense que c’est la maladie et l’instabilité qu’elle a entraîné qui t’a entraîné vers la drogue. Je peux me tromper, mais sache que, de toute façon, la bipolarité ne « s’attrape pas », même en se droguant. Tu portais déjà en toi la maladie auparavant. Seulement elle ne s’était pas encore manifestée.

    Et s’il te plaît, je sais que tu souffres mais évite les « putain d’handicapé » C’est pas une honte d’avoir un handicap. Qu’il soit physique, mental, psychologique ou cognitif. C’est juste un fait. Pense aux personnes handicapées qui peuvent te lire, s’il te plaît.
    Je te souhaite bon courage. et une belle vie.

  6. Courage !!!!

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