Le pèlerinage à La Mecque plutôt qu’un grec

Je rêve d’aller à La Mecque. Peu avant mes 4 ans, mon oncle avait fait son Hajj [pèlerinage des musulmans à La Mecque, ndlr]. Il nous a ramené des cadeaux à chacun. L’un d’entre eux était une photographie représentant un enfant faisant une prière devant la Kaaba. Je m’y suis identifié et, depuis ce jour, c’est un de mes plus grands rêves, mon obsession.

Depuis que j’ai commencé mon apprentissage en seconde bac pro Melec, ce rêve devient de plus en plus réel. Chaque mois, je mets de l’argent de côté. Pas mal d’argent. Grâce à mon alternance en entreprise, je peux épargner 300 euros sur les 530 euros que je gagne chaque mois. Je m’en souviens, de la première paie : j’ai acheté un iPhone 11 et bloqué 350 euros sur mon compte.

Chaque année, des millions de fidèles musulman·e·s se rendent en Arabie Saoudite pour accomplir le pèlerinage dans la ville sainte de La Mecque. Le Monde l’a décrypté en vidéo.

Depuis ce jour, je dois faire des sacrifices au quotidien. Il y a trois semaines, je voulais acheter un ensemble du club de foot de Chelsea à 135 euros. J’ai résisté. La Mecque plutôt que le style. Je voulais aussi manger avec mes potes pour l’anniversaire de l’un d’entre eux. Je n’y suis pas allé. La Mecque plutôt que le grec. C’est pas grand chose mais, au final, j’ai économisé 150 euros.

Mon père était à 600 mètres de la Mecque

Faut ce qu’il faut. Mon père a fait son pèlerinage en 2018. Cela lui a coûté 6 000 euros. Cela incluait le vol, l’hôtel pour vingt jours, et la nourriture, qui n’est pas donnée là-bas. L’avion n’est pas ce qui coûte le plus cher. Le prix de l’hôtel est plus ou moins élevé selon son éloignement de la grande mosquée de La Mecque. Mon père était à 600 mètres. Certains doivent faire plusieurs kilomètres et, en Arabie Saoudite, il peut faire très, très chaud. Puis tu dois aussi prévoir un budget pour acheter un cadeau à la famille, aux proches, aux amis.

Avec le Covid, ils ont fermé un temps les accès, mais on peut à nouveau y retourner, si l’on respecte les règles sanitaires.

Financer ses études, découvrir un autre milieu social… Derrière les jobs d’été, beaucoup de réalités à découvrir dans notre série de quatre témoignages.

Ce n’est pas obligatoire de faire ce pèlerinage, c’est en fonction de ses moyens. Mais un musulman qui a les moyens se doit de le faire. J’ai vu des photos de mon père, en qamis, vêtu entièrement de blanc, et des photos de lui au sein de la grande mosquée. Il m’a encore plus donné envie d’y aller.

J’aimerais pouvoir y aller pour mes 18 ans. Et surtout payer le voyage à ma mère. J’aimerais passer ce bon moment seul avec elle.

Inch’allah.

Yassine, 16 ans, lycéen, Melun

Crédit photo Unsplash // CC Haidan