Imaine A. 21/07/2019

La diversité de mon quartier, mon père a fini par l’embrasser !

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Origines, coutumes et religions différentes, mon père a mis du temps à accepter la diversité de notre quartier. Aujourd'hui, je suis fière des liens qui lient ma famille aux autres familles du Val Fourré. Et de la solidarité qui règne dans mon quartier.

Je suis une habitante du Val Fourré, un quartier populaire de Mantes-la-Jolie. Vous imaginez sans doute un quartier assez dangereux où les jeunes sont maîtres et où le chaos/K.O règne dans les rues ? C’est juste l’image que vous donnent les médias. Laissez-moi vous raconter ma vision des choses, moi qui suis une habitante de ce quartier, moi qui ai grandi derrière ces bâtiments et ces tours, et moi qui suis fière d’être issue de cette banlieue.

Petite, mes parents et moi vivions dans une tour dans le quartier du Val Fourré. Un quartier issu de l’immigration où les différentes origines sont obligées de vivre ensemble. Mon père originaire de l’étranger ne connaissait pas vraiment les autres origines ni leurs cultures, alors il a tout de suite jugé les autres à leurs coutumes et leurs religions. Il les critiquait sans pour autant les connaître. Nous avons déménagé.

Le Val Fourré, ce qu’on préfère en raconter dans les médias, ce sont les problèmes. À l’image de cet article tout récent du Parisien…

Nous sommes arrivés dans un quartier du Val Fourré où la plupart des personnes sont de la même origine que mon père. Il se sentait beaucoup mieux et a tissé des liens avec le voisinage. Pendant ce temps, j’ai grandi et je me suis fait des amis.

À l’école primaire, je me suis inscrite à Mermoz toujours dans le Val Fourré, j’avais de nombreux amis d’origines différentes, malgré cela, rien nous empêchait de nous entendre ! Après les cours, on se rejoignait tous au terrain vague pour s’amuser. Mes copines étaient maghrébines, comoriennes, congolaises, tchétchènes, etc.

Mon père s’est ouvert aux autres

À la maison, mon père n’était pas réjoui à l’idée que je sois amie avec des personnes différentes de nous. Ce qu’il ne comprenait pas, c’est que nous étions tous pareils, tous issus de l’immigration, tous enfants d’immigrés, tous humains. Moi, comme je suis née ici, je comprenais ça plus facilement que lui.

Quelques années plus tard, enfin, mon père a réussi à créer des liens avec d’autres personnes dans le Val Fourré, des personnes qui n’ont pas les mêmes coutumes ni la même religion. Maintenant, il invite même des amis à la maison avec leur famille et on devient tellement proches qu’ils finissent par faire partie de la famille. De mon côté, au lycée, je fais connaissance avec de nouvelles personnes qui ne viennent pas de quartiers populaires, je rencontre des gens des beaux quartiers. Certains dénigrent les habitants de mon quartier et pensent que nous vivons dans de mauvaises conditions, qu’il n’y a aucun respect, alors qu’en vérité, c’est tout le contraire. La preuve : en venant habiter dans le Val Fourré, mon père s’est énormément ouvert aux autres.

Niran a grandi dans une cité réputée « sensible » dans l’Essonne. Il veut surtout en retenir tous les noms de ceux qui ont contribué, notamment dans le sport et la musique, à changer l’image des quartiers ! « Ma banlieue, ma fierté »

Quand on vit dans un quartier, on grandit dans une même et grande famille : chaque mère prend soin de nous comme ses propres enfants, on se partage tout, même si nous n’avons rien, les grands frères des uns protègent les petits frères des autres, tout le monde se soutient. Nous vivons avec les différences de l’autre.

À la télé, les quartiers populaire sont toujours mal vus pour X raisons, les médias rabaissent toujours les habitants, mais ils n’ont jamais parlé de la réalité de ce qui pèse le plus dans les quartiers : la solidarité.

 

Imaine, 18 ans, lycéenne, Mantes-la-Jolie

Crédit photo Unsplash // CC Ernest Brillo

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