Lutte contre les discriminations : non, personne ne veut unisexer vos enfants !
Tous ces braves gens, victimes comme beaucoup d’autres de la désinformation, victimes de manipulations en tous genres oublient l’affreux malentendu qui tourne autour de cette idée anti-sexiste. L’Académie de Nantes n’a jamais demandé à quiconque de porter une jupe pour combattre les discriminations sexuelles ! À l’origine de cette idée, un groupe de lycéens. L’idée est bien de porter une jupe, peu importe notre sexe, pour soutenir cette cause. Mais elle n’est pas d’imposer le port de ce vêtement avant tout féminin à qui que ce soit. D’ailleurs, outre cette démarche, c’est le port d’un badge « Je suis contre le sexisme, et toi ? » qui est proposé aux élèves défendant la cause. Rien de bien méchant, donc, dans cette initiative lycéenne, destinée à soutenir l’égalité.
Mais pourquoi cette polémique, alors ? Parce que cette idée n’a pas été appréciée à sa juste valeur. Et inutile de préciser que sur les réseaux sociaux, elle a été largement modifiée, détournée, amplifiée, relayée et surtout commentée. Aujourd’hui, on pouvait d’ailleurs lire de nombreux commentaires qui, aussi subtils, élégants, profonds et pensés soient-ils, permettent peut-être de remettre en cause la capacité de compréhension et de jugement de leurs auteurs. Sur la page Facebook « Hollande dégage » par exemple, sur laquelle un sondage a été publié (« Êtes-vous choqué qu’on invite les garçons à porter une jupe pour lutter contre les discriminations ? », question à laquelle 76% des votants ont répondu « Oui »), on pouvait lire ceci :
Des insultes faites aux femmes…
« Et la journée où les filles font pipi debout aussi, non ?!!!!! pfffff… », proposé par Mangado P., ce à quoi Georges D. a répondu : « Ou les filles torse-nu à l’école. » Réno renchérit à son tour en écrivant : « Et aprè sa va être quoi? on va leur demandé de tailler des pipe aussi pour lutté contre la discriminations ? » [sic] Pour commencer, l’idée de Mangado n’est pas si bête ! Des gadgets ont en effet été créés pour permettre aux femmes d’uriner debout. Ils se présentent sous la forme d’un cône en plastique englobant la totalité de leur outil débouchant bien entendu vers le sol, ce qui, bien qu’original et décalé, peut être assez pratique. Pour ce qui est de celle de Georges, c’était bien essayé mais, hélas, le règlement intérieur de tout lycée stipule qu’il est interdit de se balader torse-nu dans l’enceinte d’un établissement scolaire. Les garçons n’en ont pas le droit, alors cette suggestion d’envoyer les filles au lycée seins à l’air n’est pas très pertinente. Enfin, la remarque de Réno en dit long sur l’image qu’il a des femmes : elle porte une jupe, elle pipe…
… aux propos homophobes
Toujours sur la page « Hollande dégage », on pouvait également voir, en réponse au sondage publié sur la page, lire le commentaire de Gérald S. : « Les 24 pour cents vous etes des tafiole. » Ce à quoi Olli H. répond : « C’est bien vrais. » Si on part du principe que les votants ayant répondu « Non » défendent l’idée du port de la jupe pour lutter contre les discriminations, on en conclut que ces personnes sont sûrement féministes, ou du moins, qu’elles partagent des idées féministes. Pour le peu que des hommes aient pris parti en faveur de la lutte contre les discriminations, comprenons que, selon le commentaire de Gérald, ces hommes sont des tafioles. Pour le reste, comprenons que Gérald et Olli ont tous deux de gros problèmes d’orthographe. Enfin, on pouvait également lire sur cette même page, un commentaire de Marie-Anne D. : « À quand la journée de la burkka ? » Car oui, tant qu’on y est, autant mêler des histoires de religions à tout ça ! Précisons tout de même que la burqa ne prend pas de k, mais un q.
S’émanciper des règles, des préjugés et des dictats
Tout est parti d’une simple idée, donc. Porter une jupe le temps d’une journée pour lutter contre une discrimination, le sexisme. Mais que personne ne s’inquiète, personne ne veut unisexer vos enfants ! Simplement, les jeunes d’aujourd’hui ont des idées à eux. Les jeunes d’aujourd’hui essaient de faire changer certaines choses. Les jeunes d’aujourd’hui ont vu là où les jeunes d’avant ont échoué. Les jeunes d’aujourd’hui se sentent responsables de ces échecs, et ils tentent maintenant de les retourner dans le bon sens. Les jeunes d’aujourd’hui ne sont pas bornés. Les jeunes d’aujourd’hui sont égaux, et ils le savent. Et si les jeunes d’avant ont aujourd’hui des années de plus, il est triste de voir que certains d’entre eux sont restés dans une optique ancienne de la vie, de la société, et surtout des sexes. Les nouvelles générations s’émancipent des règles, des préjugés et des dictats imposés avant eux. C’est comme ça que le monde avance.
Thomas, 18 ans, étudiant, Lille