Quand on va traîner dans les quartiers riches…
J’habite à Paris dans le 15ème arrondissement, dans le quartier Falguière. Mais pas au métro Falguière. Là-bas, c’est le côté riche.
Depuis que je suis petit, je vis au 5ème étage d’une grande tour blanche, dans un appartement de cinq pièces. On est sept à vivre là : mes deux grands frères, mes trois grandes sœurs, ma petite sœur et moi. Par le fenêtre, on voit huit autres tours.
Quasiment aucun blanc ne vit là : trois ou quatre dans chaque bâtiment, pas plus. Ce sont souvent des vieilles qui appellent les flics au moindre bruit. Quand mes potes m’attendent en bas de chez moi, des fois, elles leur jettent des œufs et de l’eau pour qu’ils s’en aillent.
C’est un quartier où il se passe un tas de trucs bizarres. À chaque coin de rue, y’a des guetteurs. Ils font semblant d’être au téléphone, mais moi je les connais. Je sais qu’ils surveillent si les shtars (les policiers) arrivent pour ne pas que ceux qui vendent du shit, de la beuh et de la coke se fassent prendre.
Dans mon quartier, y’a aussi beaucoup d’embrouilles. Les «grands» de Falguière sont en guerre contre des gars du 13e arrondissement qui font trop les malins. Quand il y a des problèmes, ça se règle souvent avec des armes. Mais ça, c’est pas trop nos histoires. Moi, je suis né en 2006, mais je suis avec les 2004.
Dans les rues, côté riches, on nous regarde bizarre
Nous, quand on ne sait pas quoi faire, on va traîner dans les quartiers riches. Y’a à peine 10 minutes de marche à faire. Dès que tu commences à descendre vers le commissariat du 250 rue de Vaugirard, ça commence à être riche : il y a des bâtiments avec des formes bizarres, en verre avec des portes dorées. Les rues sont toutes propres et les gens sont habillés avec des fringues qui coûtent super cher, ça se voit.
En traversant Paris, Nina croise toutes les classes sociales. Et ça change d’ambiance !
Avec mes potes, quand on passe dans leurs rues, ils nous regardent bizarrement. Ils ont peur vu qu’on est noirs et arabes, c’est sûr. Après, ils s’étonnent qu’on rackette leurs fils et qu’ils rentrent tout nus à la maison ! C’est vrai, quand on a besoin d’argent, on les losse (rackette) dans la rue. On leur prend tout ce qui est important, ce qui peut se revendre : smartphones, sacoches, vestes de marque… On peut gagner jusqu’à 500 ou 600 euros par mois comme ça.
Mais c’est surtout parce qu’on ne peut pas demander à nos parents de nous filer de l’argent. Et aussi pour qu’ils deviennent plus pauvres que nous. Comme ça, leurs parents finiront bien par arrêter de leur acheter des trucs de marque !
Abed, 14 ans, collégien, Paris
Crédit photo Flickr // © Mémoire2Cité
Il habite dans le 15ème dans un cinq pièces… Une famille dans les 5% les plus privilégiées. Et en plus se dit pauvre. les HLM créent des privilégiés qui se sentent pauvres.
Que de haine, que de haine… C’est un gamin de 14 ans, qui s’ennuie, qui peut-être est influencé par plus grands que lui, qui voit des guetteurs tous les jours dans son quartier, qui n’a objectivement pas les mêmes chances que les petits blancs de la classe moyenne à supérieure de s’intégrer… Peut-être ses parents ne s’intéressent-ils pas assez à lui, à sa vie, à ses préoccupations ? Le fait qu’il dise ne pas pouvoir demander de l’argent à ses parents est un assez bon indice de la manière dont il perçoit l’argent…
Alors attention : je ne cautionne pas, ce n’est pas en volant que l’on améliore les choses, qui vole un œuf vole un bœuf et qui sait où ça le mènera plus tard, mais je pense que nous pouvons comprendre ce qui l’a amené à ce comportement et je pense qu’il reflète un grave problème sociétale beaucoup plus profond que celui d’une petite frappe qui rackette des gens qu’il considère comme « riches ». C’est un gamin de 14 ans frustré, qui voudrait que les autres comprennent ce qu’il vit (« pour qu’ils soient plus pauvre que moi » et que leurs parents arrêtent de leur acheter des vêtements de marque : injustice sociale).
Bien sûr, il ne peut pas se plaindre d’être mal regardé pour son origine ethnique et les clichés qu’elle véhicule s’il respecte ces clichés. Peut-être est-il connu dans le quartier ? Peut-être les gens savent-ils ce qu’il fait avec ses petits camarades ? Mais du coup, comme il est mal regardé, il se venge en rackettant, mais ce faisant il est encore plus mal regardé, et rackette encore plus. Dangereux cercle vicieux que celui-là.
Si j’étais sur Paris j’aimerais beaucoup rencontrer ce garçon. Je pense qu’il devrait être « pris en charge » par une asso comme l’AFEV…
Je trouve ça bien que la ZEP lui donne la parole. Evidemment ça risque, chez les lecteurs ponctuels, de renforcer les clichés, mais ça permet aussi de ce rendre compte de la réalité (s’il y a des clichés c’est qu’il y a des gens pour continuer de les diffuser/respecter) et de la réalité psychologique derrière les actes d’un ado qui, je le rappelle, a seulement 14 ans !
Abed ne comprend pas : il rackette les blancs (profilage ethnique, bravo le raciste) et ces mêmes blancs le « regardent bizarre ». Donc il les rackette encore plus.
Moralité : si vous vous faites racketter par Abed, remerciez-le, sinon il rackettera encore plus.
Quelle déferlante de pauvreté d’âme et d’esprit ces commentaires.
J’aime particulièrement le concept de « familles méritantes » employé par Jeff.
Jeff est une personne visiblement très informée sur le sujet et très humaine.
Vous arrive-t-il d’avoir conscience de vos propres limites, Jeff ?
C’est quoi une famille méritante ?
Une famille qui travaille et dont tous les enfants vont à l’école ?
Je ne fais que supposer, puisque c’est assez difficile de comprendre les raisons qui motivent votre point de vue, Jeff, mais supposons.
Pour vous ce ne sont pas des familles en souffrance, ce ne sont pas des familles exclues du système qui est seul capable de les transformer en « familles méritantes ». Non, visiblement, pour vous, ce sont de mauvaises familles par choix.
Vous avez le courage d’assumer des opinions très complexes, Jeff. Pour ma part, ce qui me dérange dans l’opinion, c’est qu’elle se contruit sur un ensemble d’éléments auxquels la réalité est généralement étrangère.
Qu’on la nie ou non, la réalité est ce qu’elle est : l’arabe standard est d’emblée, de par sa naissance, exclue de notre cher système, fabrique bien huilée de « familles méritantes » .
Les conditions d’éducation dans les quartiers défavorisés sont catastrophiques. Lisez sur le sujet, jugez ensuite.
L’insertion professionnelle relève davantage du mythe que de la norme pour le blanc diplômé moyen, autant dire que pour l’arabe standard c’est une chimère.
Malgré cela on attend de l’arabe standard qu’il s’intègre avec autant d’aisance que tous les petits blancs.
Si vous avez des solutions, je suis preneur. Et non, « on a qu’à les virer… » n’en est pas une.
Prennez n’importe lequel des Hommes, retirez-lui le droit d’être éduqué et le droit de travailler. Qu’est-ce qui lui reste pour vivre ?
Cet état de fait, tel que le dit Elliott, c’est la base d’un problème sociétal beaucoup plus profond et beaucoup plus complexe que le simple préconçu selon lequel voyou c’est un choix de vie et non une fatalité.
Ce simple état de fait devrait être considéré comme une atteinte à la dignité humaine. Vos commentaires aussi, à ce sujet.
Attention, je ne critique pas le système. Je me contente simplement de dire que les lieux de débats publics, comme celui-ci, seraient d’une toute autre utilité si nous nous employons un peu plus à réfléchir à des solutions et un peu moins à hurler nos opinions.
Quoi qu’il en soit, surtout ne soyez pas dérangés par la réalité, elle pourrait vous amener à vous poser de bonnes questions.
Ne prennez jamais de distance avec vos propres croyances, elles sont là pour ça justemment. Si vous croyez vous ne réfléchissez pas, alors surtout continuez de croire.
Ne faites pas l’effort de dissocier votre intellect de votre opinion.
Continuez à vous bercer d’illusions et à déverser votre haine sur ceux que vous érigez en pariats. Mais surtout, ne vous demandez pas pourquoi.
Il n’y a plus que ça pour vous conforter dans la splendeur et la légitimité de votre propre condition et c’est un constat des plus tristes.
L’arabe, le voyou, le ghetto, viennent tristement s’ajouter aux mythes de la météo, des catastrophes climatiques et des accidents de voiture.
C’est le mythe d’une réalité vécue sans jamais l’être vraiment, d’une réalité pensée pour que le quidam docile puisse vivre l’exaltation du danger sans jamais devoir quitter le confort de son fauteuil. C’est le mythe d’une réalité qui lui rappelle tous les bonheurs de sa propre condition.
Aquiescez, ne remettez rien en question et surtout, soyez heureux d’être ce que quelqu’un d’autre a fait de vous.
Et aussi pour qu’ils deviennent plus pauvres que nous
Je suis borgne, est-ce que ça me donne le droit de crever l’oeil de chaque personne que je croise ou de crever les deux pour qu’ils aient pire que moi ? On est vraiment mal partis, très mal.
A part ça, ils vivent à 7 dans l’apparement, le sale gosse a 6 frères et soeurs, il ne compte pas ses parents – ou les deux sont partis ce qui pourrait se comprendre?
En plus cet article est particulièrement nocif puisqu’il suggère que dès qu’on met des jeunes de la diversité en contact avec des gens plus riches ils en conçoivent un ressentiment qui les poussent à voler.
Conclusion : il aurait mieux fallu les laisser dans un ghetto de banlieue où ils ne seraient qu’au contact de gens comme eux (cad immigrés et pauvres). Là ils n’auraient pas la tentation de racketter autrui.
C’est profondément désespérant…
@ Isabelle :
je n’irai pas jusque là mais une chose efficace serait de lourder toutes les familles de leur logement social dès que leur progéniture commettrait un délit (et au diable l’excuse de minorité). Primo ça aiderait certains à se tenir à carreau deuzio cela libérerait des logements sociaux pour les familles méritantes.
Cela arrivera peut-être en 2020 à Paris… après que la mairie ait été nettoyée de sa tumeur d’origine ibère.
Bonjour
C’est à nous de faire changer la loi de 1945 :
elle protège tous les mineurs agresseurs par principe.
Certains ont été voir le juge pour enfants 70 fois et ne sont toujours pas sous les verrous (voir Le Figaro du 17 juin dernier)
Par contre, les mineurs qui se tiennent à carreau, il leur reste à apprendre à avoir peur.
Les français avec le laxisme de gauche, sont parfaitement ridicules.
Voyez, Mme Hidalgo, au lieu de nous faire un parc à nudistes à vincennes, il y avait d’autres priorités.
Bénéficier d’un logement social dans Paris intra-muros est en soi un privilège, que très peu de familles obtiennent. J’en sais quelque chose, je n’ai jamais réussi à en obtenir un, Paris devenant une réserve pour « les plus aisés et les plus aidés ». On pourrait espérer que les familles qui ont cette chance, qui leur est donnée par la collectivité, en font le meilleur usage… Cet article est profondément désespérant,
Je vous remercie en tout cas de ne pas avoir censuré mon commentaire.
Par ailleurs, le ton de l’article est clairement du côté de l’empathie vis-à-vis du pauvre racketteur, c’est donc une forme de légitimation, et non seulement une explication.
Ce qui me fait rire, c’est que dans un autre article, une personne d’origine africaine se plaint d’être discriminée à l’entrée des magasins par des vigiles ayant ces mêmes origines, et vous feignez de vous en étonner.
Si des journalistes légitiment toute forme de violence à partir du moment où l’on est soit pauvre, soit d’origine étrangère, au nom de la réponse à une violence sociale, on comprend mieux les réactions des vigiles. Pour moi vous contribuez directement par votre discours aux discriminations que vous prétendez combattre.
Et peut-être qu’ils visent des « blancs » parce que dans leur quotidien ce sont les noirs et les arabes qui sont pauvres ?
Encore une fois je ne cautionne pas mais je pense que ce comportement reflète un problème sociétal plus profond.
Porter de la marque ou vivre dans le 15eme ne veut pas dire que l’on est riche ou que l’on a de l’argent de poche. Soyons clair ils visent leurs victimes car elles sont de couleurs blanches et apres ils se victimisent avec leurs » eux contre nous »
Une petite frappe qui subit l’injustice et qui, à 14 ans, n’y trouve pas d’autre réponse que la violence.
Il est jeune, son comportement n’est pas légitime mais il est compréhensible !
Nous ne validons pas mais nous pensons que cette histoire raconte quelque chose, un problème de fond sur les inégalités.
Nous vous invitons donc cordialement à la réflexion.
Mais il est incroyable ce petit article ! Une petite frappe revendique ouvertement le droit de racketter des blancs parce qu’ils sont blancs, donc de commettre une agression raciste, le plus naturellement du monde, car au nom de la justice sociale..Voilà les ravages qu’engendre le gauchisme dans les esprits. Bien sûr l’article ne le dit pas explicitement mais c’est tout comme. (« Nous les noirs et arabes on s’en prend aux autres riches »)
La seul chose que ce cher Abed oublie de préciser, c’est que le lui et ses amis s’en prennent systématiquement à des gens inférieurs numériquement, c’est-à-dire 3 contre 1 ou 6 contre deux minimum. Bravo !!
Et pour un F5 dans le XVème c’est combien le loyer…?
« ah ben pour nous les chances pour la France, c’est zéro ou presque! ».
Merci la France!
Content de voir que les Parisiens découvrent ce « vivre-ensemble » que les gens du 93 subissent depuis des décennies…
Merci Hidalgo! 😉 Et bon courage pour votre ré-élection qui s’annonce pour le moins difficile.
C’est beau de donner la parole à un petit étron de ce genre. Une de ces petites frappes qui s’attaquent en bande aux gamins (blancs) isolés. A vomir.
C’est vraiment moche la jalousie…
Depuis que l’homme a cesse de travailler la terre pour se nourrir, il est devenu un parasite.
https://medium.com/@jmfortane/comment-lutter-contre-lexclusion-gr%C3%A2ce-au-plein-emploi-d6e8166d4064
https://medium.com/@jmfortane/migrants-vous-avez-dit-migrants-avec-un-%C3%A9-ou-avec-un-i-99926d9afc1a
Proposer un nouveau modèle de société : https://www.youtube.com/watch?v=kFTx0J72i34&feature=share