J’ai filmé une bavure, les policiers ont supprimé ma vidéo
Il y a presque un an, on marchait dans la calle [rue], dans le 19ème. C’était un vendredi soir, vers 19 heures. On était dix, un truc comme ça. On discutait tranquillement. La BAC passe et contrôle mes potes. Ils ont dit : « Police ! » J’ai su que c’était la BAC grâce à la plaque d’immatriculation : il y a 714 dedans et je reconnais leur voiture. Je ne sais pas ce qu’ils ont dit et ce que mes potes ont répondu car j’étais trop derrière, mais ils ont contrôlé un pote à moi.
Sur l’allée où on marchait, il y avait une laverie. Il n’y avait personne dedans. Ils les ont fait rentrer dans la laverie, mais mon pote n’a pas voulu. lls ont poussé mon pote pour qu’il rentre mais comme il n’a pas voulu se laisser faire, un policier lui a envoyé des patates.
« Donne ton téléphone, on va supprimer »
Alors j’les ai filmés pour les narguer, les faire chier. J’ai déjà vu des vidéos de policiers qui tabassent des jeunes. C’est comme ça que j’ai su que si je filmais, ils allaient arrêter parce qu’ils pourraient avoir de sérieux problèmes. J’ai filmé avec un autre pote à moi. Mais au moment où j’ai commencé à filmer, il a arrêté de le frapper. Le mec de la BAC m’a vu et il a essayé de m’attraper.
Les récentes enquêtes de Mediapart et Streetpress mettent justement en lumière les violences policières subies par les gardés-à-vue dans le commissariat du 19ème arrondissement de Paris.
Il n’a pas réussi donc il a appelé des renforts. Au début, il y avait une équipe de trois/quatre, et en renfort ils étaient trois. Ils sont venus et ils nous ont attrapés. En même temps, ils ont dit « arrêtez de filmer ! » deux fois. Ils nous ont palpés, puis ils nous ont ramenés au poste. Quand on est arrivés, les policiers m’ont dit : « Donne ton téléphone, on va supprimer. » Ils ont pris mon téléphone et ont supprimé la vidéo. Ils ont supprimé celle de mon pote aussi. Je n’ai pas parlé parce que je savais que je l’avais encore. Je l’avais sauvegardée sur Snapchat.
S’il y a bavure, faut qu’il assume
Ils ont dit qu’ils allaient me mettre une amende pour non-respect du droit à l’image. Plusieurs semaines après, j’ai reçu un courrier. Sur le papier de l’amende, ils ont menti parce qu’ils ont écrit « tapage nocturne » alors que ce n’était pas ça, et ils m’ont envoyé une amende de 60 balles.
Popline a passé 17 heures en garde à vue dans des conditions inadmissibles après le premier rassemblement contre la loi « sécurité globale ». Une bavure de plus et une autre amende à la clé.
Ça m’a fait chier qu’ils m’emmènent au commissariat pour rien mais je savais que je n’avais rien fait. C’était la première fois que je filmais des policiers. Je n’ai pas posté la vidéo sur les réseaux parce que je pensais que ça ne servait à rien, ça ne m’intéressait pas. J’ai décidé de la garder juste comme ça. Je trouve ça grave qu’on nous ait empêchés de filmer parce que, s’il a fait quelque chose, s’il y a bavure, faut qu’il assume. Je ne sais pas si je refilmerais par contre… Il n’arrive rien aux policiers, même s’ils frappent.
Pablo, 15 ans, lycéen, Paris
Photo d’illustration. Crédit photo © La ZEP
Peut être qu’il ne leur arrivera rien mais au moins , ça informera les gens …
Tu devrais publier la vidéo sur les réseaux sociaux, cela émanciperais tes copains et toi et ça sauvera d’autre victimes potentielles de ces policiers en question!
En plus vu le climat actuel avec la potentielle loi sécurité globale il est extrêmement important de dénoncer le plus de violences policières possible!!!!