ZEP 03/04/2023

1/2 Arrêtez de nous demander de choisir

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Rim et Eline sont tiraillées depuis toujours entre deux pays. Leur double culture attise la curiosité, mais aussi les remarques déplacées.

Les histoires de Rim et Eline n’ont rien à voir, et pourtant elles se posent les mêmes questions. Subissent les mêmes remarques déplacées sur leurs origines. Comme si ces dernières les obligeaient de facto à se comporter de telle ou telle façon.

Adoptée, Eline s’interroge sur sa culture haïtienne. Elle ne connaît rien de ce pays, et pourtant elle sent qu’il fait partie d’elle. Ne serait-ce que parce qu’elle n’a pas la même couleur de peau que sa famille adoptive. 

Pour Rim, la double culture se vit au quotidien. Elle est née en France, et ses parents au Maroc. Ils continuent de lui transmettre leur culture : musique, cuisine, programmes télé, vacances… 

Aujourd’hui, les deux femmes sont fières de cette double culture, qu’elles voient comme une richesse plus qu’un fardeau. 

« Je n’ai jamais compris pourquoi, lorsque que j’aborde le sujet de mon adoption, la réaction des personnes est si négative. J’ai toujours entendu des “oh ma pauvre, je suis désolée pour toi” ou des “mince ça me fait de la peine pour toi, tu ne connais pas ta famille et tes origines”. Ben pour moi, ma seule et unique famille c’est celle qui m’a permise de grandir et de m’épanouir, peu importe nos différences d’origine ou de couleur de peau. »

« J’ai grandi en écoutant beaucoup de musique arabe. Avec mon frère, on se battait avec nos parents dans la voiture, parce qu’ils mettaient des musiques arabes graves anciennes et nous on voulait juste écouter des musiques qui nous parlaient un peu plus, du style Rihanna ou encore les Black Eyed Peas. »

L’une ou l’autre culture ?

« J’ai été élevée par une famille blanche. Lorsque je me retrouve à discuter avec des personnes noires, la première chose qu’elles me sortent c’est que je me comporterais comme une white. »

« J’entends souvent dire à la télé qu’il faut se sentir d’abord français et que les origines ça vient après. Alors, personnellement, je ne comprends pas trop comment on fait pour choisir ça, surtout quand certaines personnes qui m’entourent me voient plus comme une Marocaine. »

Toutes les créations sonores de la ZEP sont disponibles sur notre site et sur les plateformes de podcast : Spotify, Apple podcast, Deezer, SoundCloud, Acast et Youtube.

« C’est à partir de là que je me suis rendu compte qu’apprendre à connaître l’histoire de mes ancêtres me permettait d’une certaine façon de me rapprocher de mes origines. Je n’avais jamais pris réellement soin de ma coiffure afro ou même de ma peau, mais en posant certaines actions, cela m’a permis de me reconnecter à mes origines et de découvrir une nouvelle Eline. »

« Quand j’étais petite et que j’allais au Maroc, ma famille adorait me demander si je préférais le Maroc ou la France. Donc moi je disais “les deux”, mais ils n’étaient pas satisfaits de ma réponse. Ils voulaient absolument que je choisisse l’un des deux pays. Ce genre de situation, ça arrive aussi bien en France qu’au Maroc. Mais, je ne sais pas pourquoi, je me sens moins gênée d’être française au Maroc que l’inverse. »

Rim 22 ans et Eline 19 ans, volontaires en service civique, Lyon

Illustration © Léa Ciesco (@oscael_) // Musique Kiala Ogawa

Journaliste : Lucas Martin-Brodzicki

 

Vivre avec une double culture : avoir une double identité ?

À écouter :

L’atay, ça veut dire « thé » en arabe, et c’est aussi le nom d’un podcast drôle et détendu, créé par une bande de potes, toutes et tous descendant·es d’immigré·es maghrébin·es.

Dans l’épisode 5, elles et ils discutent de cette double vie, de ce sentiment d’être Dr Jekill et Mr Hyde quand on grandit avec une double culture.

L’Atay, un podcast Maghreb avec la nationalité française.

 

À regarder :

Tu supportes quelle équipe quand il y a un match de foot entre tes deux pays ? À l’école, ça a été compliqué ?

Le média suisse pour les 15-25 ans Tataki a réuni huit jeunes pour leur poser plein de questions sur leur double culture.

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