Harcèlement scolaire : j’ai beaucoup pensé à la mort
5 à 10 % des élèves ont déjà subi du harcèlement. Luc, Martin, Emilie et Jessyca en ont été victimes. Elles et ils ont subi l’isolement et les violences au quotidien. Aujourd’hui, même sorti·es de ce cercle vicieux, les conséquences du harcèlement continuent d’impacter leur vie de jeunes adultes.
Emilie, Jessyca, Luc et Martin ne comprennent toujours pas pourquoi toute cette haine s’est abattue sur elles et eux. Le harcèlement qu’elles et ils ont vécu au quotidien, c’est une escalade de différentes formes de violence et d’humiliation.
« C’était à la fois du harcèlement physique (genre me pousser, tirer mon sac et tout), mental (donc des insultes, il me rabaissait devant ses potes, il alimentait la haine des autres, en gros il a tout fait pour m’exclure davantage), et parfois même sexuel. »
« Ma copine d’enfance, elle me calculait juste en dehors de l’école car c’était la honte apparemment de traîner avec moi. La fille que j’étais, joyeuse, qui aimait participer en classe et qui avait des bonnes notes s’est peu à peu éteinte. »
Moqué·es, exclu·es et persécuté·es par les autres, les quatre jeunes se sont petit à petit coupé·es du monde extérieur.
« J’ai arrêté de parler. »
« J’étais déjà beaucoup renfermé sur moi-même et, en commençant à jouer aux jeux vidéo, c’est vite parti en addiction. Je me suis encore plus enfermé sur moi-même. Du coup, j’avais les notes qui descendaient, je n’allais pas bien. »
Du monde autour, personne qui réagit
S’extirper du cercle vicieux, c’est difficile. Parce qu’elles et ils ont eu du mal à en parler, mais surtout à être écouté·es et épaulé·es.
« Au début, je n’ai pas osé en parler parce que je pensais que j’étais la seule à vivre ça, et que je croyais que personne ne pouvait m’aider à m’en sortir. »
« Moi ce qui me saoule c’est que personne ne réagit, alors que tout le monde sait pertinemment ce qui se passe. »
« J’ai beaucoup pensé à la mort, et elle m’a heureusement épargnée. Mais mes pensées vont à tous ceux qui n’ont pas eu cette chance. »
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Aujourd’hui, ces années d’harcèlement ont encore des conséquences sur leur vie, entre déscolarisation et anxiété sociale.
« J’ai encore beaucoup de séquelles qui font qu’en communauté, c’est très difficile pour moi d’être spontanée et totalement moi-même, mais j’espère y arriver un jour. »
« Après, je ne vais pas dire que je suis vraiment rétabli […]. Ça va me marquer toute ma vie. Du coup, on va essayer de faire avec. »
« Je ne perds pas espoir de voir le bout du tunnel un jour. »
Luc et Martin, 15 ans, lycéens, Paris
Emilie et Jessyca, 18 ans, volontaires en service civique, Lyon
Illustration © Léa Ciesco (@oscael_) // Musique Kiala Ogawa
Journalistes : Lucas Martin-Brodzicki et Paul Ricaud