Jessime C. 25/09/2022

J’ai 15 ans et je chasse

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La chasse, c'est une tradition familiale chez Jessime. Depuis tout petit, il accompagne son père et son grand-père dans la traque aux sangliers.

Moi je suis traqueur, comme mon grand-père : ça consiste à se mettre à 50 mètres et à avancer en ligne pour traquer le gibier avec les chiens. Mon grand-père m’a emmené à la chasse tellement petit que je ne m’en rappelle même pas. Dans ma famille, tous les pères emmènent leurs enfants à la chasse depuis cinq générations. C’est une tradition familiale et une passion que je compte bien continuer à transmettre à mes enfants.

J’ai appris par ma famille

Il est 6h30 du matin, une belle journée de chasse commence. Dans la salle de chasse, on prépare les sandwichs, on sort les bouteilles, la charcuterie, les tables, les bancs… Une fois tout installé, nous mettons une quinzaine de chiens dans la remorque pour qu’ils soient prêts à partir. Je vais chercher le fusil de mon père et celui de mon grand-père. Et je mets mes cuissardes et ma veste orange pour que les tireurs me voient.

À 7 heures, toutes les armoires sont arrivées. Il y a énormément de brouillard, le sol est blanc, c’est gelé partout, il fait très froid et humide. J’ai du mal à y aller le matin, j’ai encore la tête dans le cul jusqu’à 9 heures, c’est devenu une habitude. On attribue leur place aux actionnaires (les chasseurs qui payent pour chasser). Certains sont postés et ont un angle à respecter. Ils ne bougent pas.

Il est un peu moins de 8 heures : nous sommes prêts à partir au bois pour chasser. Je suis très heureux. À la chasse, il y a mon père, mon grand-père et des gens que j’aime bien. J’adore voir les chiens traquer le gibier, les voir chercher. 

Ce qui me plait le plus, c’est voir ma chienne débusquer le gibier. C’est une fierté.

Je l’ai lâché à côté des chiens de mon grand-père quand elle avait huit mois, à peu près. Elle a appris avec eux. C’est un peu pareil pour moi : c’est en regardant faire les autres, et surtout ma famille, que j’ai appris.

Stimulé par l’adrénaline 

L’adrénaline des coups de fusils, des chiens qui courent après les sangliers… C’est pour ça que la chasse est l’une de mes passions préférées. Pour moi, c’est le plus beau sport du monde. Ce n’est pas juste ce qu’on entend à la télé : des gens en orange qui affament leur chien et qui tuent sans se soucier de la souffrance animale.

Le premier but de la chasse est de réguler le nombre de sangliers sur terre. S’il y en a trop, il y aura énormément de dégâts matériels. On doit déclarer tous les sangliers, chevreuils, cerfs tués et il y a une limite : vous ne pouvez pas tuer tout ce que vous voulez. L’association qui gère toute la chasse régule et décide du nombre de sangliers tués au maximum. 

14 heures, c’est la fin de la chasse. Tout le monde va à la salle, nous déposons le gibier, le partageons entre tous les actionnaires. Le barbecue est allumé, la viande est en train de cuire, le bar ouvre l’apéro, puis nous passons à table.

Ils adorent l’ambiance  

Mon grand-père prend toujours de la viande qui vient de sa ferme et fait de très bons plats. Notre chasse est appréciée et réputée dans le 77. Il y a toujours une très bonne ambiance.

C’est une petite chasse, on est 25 mais la plupart des gens qui viennent restent parce qu’ils adorent l’ambiance. Moi, je trouve que c’est comme une petite famille. Même quand il n’y a pas la chasse, ils viennent chez mon grand-père, prendre l’apéro, donner des coups de main !

Une fois le repas terminé, il est tard déjà, 17-18 heures, chacun rentre chez soi, nous allons vite nous coucher car une journée à marcher, ça fatigue !

Chez Nathan, on est supporter du RC Lens de père en fils. Pour lui, c’est bien plus qu’un club de foot : c’est son identité, son héritage familial.

capture d'écran d'un autre article de la ZEP, on voit une foule de personne devant un camion friterie, il y un homme qui porte un maillot de l'équipe de Lens.

C’est un vrai sport reconnu et légal. C’est une vraie passion que tout le monde peut découvrir au lieu d’écouter les réseaux et la télé. Une passion qui ne consiste pas qu’à tuer. 

J’aimerais bien que mes enfants, plus tard, continuent de chasser, faire passer la tradition et que ça continue sur plusieurs générations. C’est un truc qui se fait depuis longtemps dans notre famille, ce serait dommage d’arrêter.

Jessime, 15 ans, en formation, Meaux 

Crédit photo Unsplash // CC Fredrik Öhlander

 

Qui sont les gens qui chassent ?

Contrairement à l’idée reçue, 70 % des chasseurs et chasseuses habitent en ville.

Ce sont en majorité des cadres. Seuls 4 % des gens qui chassent travaillent dans le milieu agricole.

Bon, par contre… difficile de contredire le cliché du chasseur au masculin, puisque seulement 2 % des adeptes de cette discipline sont des femmes.

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