Manon O. 04/01/2024

50 nuances de féminisme

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Il y a dix ans, Manon entendait parler de féminisme pour la première fois. Depuis, elle n’a cessé de se demander ce que cela signifiait et a changé plusieurs fois d’avis.

En regardant la télévision, je suis tombée sur une marche du groupe Femen. C’était bizarre de voir des femmes seins nus, même floutés, à la télé. Je ne comprenais pas exactement ce qui se disait, je savais juste que ce n’était pas très positif. C’est la première fois que j’entendais parler de féminisme, j’avais 10 ans.

Ça a piqué ma curiosité, alors j’ai utilisé l’ordinateur de la maison pour en savoir plus. La définition la plus simple que j’ai trouvée c’était : le féminisme veut l’égalité entre les hommes et les femmes. J’ai trouvé ça génial, parce que déjà enfant, je pouvais ressentir des différences entre les filles et les garçons.

Je me souviens particulièrement d’une fois où j’ai dormi chez un cousin. Ses amis ont sonné à la porte pour jouer au foot. Quand il leur a dit que j’étais là, ils ont demandé : « Ah, c’est celle qui est un garçon manqué ? » Être forte aux jeux vidéo et jouer parfois au foot suffisait pour qu’on m’appelle comme ça. Ce qui est bizarre avec le terme « garçon manqué » c’est que c’est à la fois un reproche et un compliment. Il est sexiste, ça c’est sûr. Vous n’êtes pas une fille comme vous êtes censée l’être, mais vous faîtes les choses comme un garçon. Et un garçon, ça fait les choses bien. 

Apprendre de mes erreurs

Depuis mes 10 ans, je me considère donc comme féministe. Aujourd’hui, j’en ai 20 et mon regard féministe a évolué, en bien.

J’ai commencé en étant la « gentille féministe », celle qui ne voulait jamais froisser les hommes. J’étais prête à insulter d’autres femmes sur les réseaux sociaux quand celles-ci parlaient en mal des hommes, parce qu’après tout, « not all men ». J’étais celle qui accusait des militantes de desservir la cause en n’étant pas assez douces, pas assez dans l’explication, en intégrant pas assez les hommes dans la lutte. J’étais aussi celle qui voyait le voile comme un gage de soumission. Pour moi, c’était impensable d’être une bonne féministe et en même temps de tolérer le voile.

Avec le temps, j’ai compris. Déjà, je ressentais un agacement à toujours devoir me justifier auprès des hommes. Devoir les rassurer en leur disant que je ne les détestais pas. Mais les rassurer de quoi ? La misogynie tue, pas le féminisme. 

J’ai surtout compris grâce à des féministes actives sur les réseaux sociaux, comme @noustoutesorg, @lanuitremueparis, @olympereve, @mecreantes, etc. J’ai compris pourquoi le problème ce n’est pas le voile, mais ceux qui cherchent à contrôler la façon dont les femmes s’habillent. Le problème, c’est ceux qui disent « salope » à une femme en jupe et « soumise » à une femme en abaya. 

Changer d’avis, c’est ok

Grâce à ces féministes, j’ai découvert plein de luttes, comme celle des personnes transgenres. Les femmes trans ne sont pas les ennemies des femmes cis, elles subissent aussi des discriminations. La meilleure chose qu’on puisse faire, c’est se soutenir. 

Enfant, Céleste a rapidement pris conscience des inégalités de genre. Elle rêve maintenant de faire évoluer les mentalités.

Je me suis aussi rendu compte que ceux qui disaient « not all men » étaient les premiers à tenir un discours sexiste. Que ces femmes que j’ai pu insulter par le passé m’ont en fait beaucoup aidée parce que le féminisme aide les femmes à apprendre leur valeur et développer des relations plus saines. J’ai appris : à moins me laisser faire, à ne pas laisser passer les comportements déplacés, à ne pas intérioriser en silence de la misogynie qui me blesse, à venir en aide et à soutenir les autres.

Je suis très fière d’être féministe. Je vais sûrement apprendre encore beaucoup de choses et changer d’avis… et c’est ok. La base, c’est de respecter les autres et d’essayer d’être une meilleure personne. N’importe qui peut le faire. Tout le monde peut être féministe. 

Manon, 20 ans, en formation, Paris

Crédit photo Hans Lucas // © Paul Roquecave – Des milliers de personnes manifestent pour la journée internationale des droits des femmes, le 8 mars 2023, à Toulouse.

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