Jordi S. 17/08/2018

J’aurais bossé dur, si on m’avait laissé ma chance

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Jordi a tout fait pour poursuivre ses études et obtenir un BTS. Mais il n'a pas trouvé d'entreprise pour l'accueillir en alternance.

Après le collège, je suis parti en bac pro TMSEC (Technicien de maintenances des systèmes énergétiques et climatiques). Ce n’était pas ce que je voulais faire au départ, mais j’ai fini par m’intéresser. J’étais motivé. J’étais bon dans les matières professionnelles. Après le bac, j’ai été pris en BTS FED (Fluides, énergies, domotique) dans un CFA, à Cernay, dans le Haut-Rhin. Même si j’habitais à Strasbourg, je me serais débrouillé pour y aller. Un cousin de Mulhouse m’aurait hébergé… Malheureusement, je n’ai pas trouvé d’entreprise pour faire ce BTS en alternance.

J’ai pourtant envoyé une cinquantaine de CV et de lettres de motivation aux entreprises du secteur. Certaines ne m’ont même pas répondu. J’appelais. Je me déplaçais. Mais je n’étais pas le bienvenu chez eux. Leurs réponses étaient toujours négatives. C’était toujours les mêmes : « C’est trop tôt », « C’est trop tard », « On ne prend pas d’apprentis », « Revenez l’année prochaine ! ».

Comment avoir de l’expérience ?

Dans d’autres entreprises, on m’a répondu que je vivais trop loin. Des amis, qui vivaient aussi loin de ces entreprises que moi ont pourtant décroché un contrat en alternance là-bas. D’autres potes, encore, ont été pris là où on m’avait refusé. Ils n’ont pourtant pas fait plus d’efforts que moi pour les trouver. Ils n’étaient pas meilleurs que moi. J’ai l’impression que la différence, c’est qu’ils sont Français. Moi, je suis étranger. Je suis arrivé en France à 15 ans, un simple immigré.

Pour Goundoba, c’est son lieu de résidence qui pose problème aux employeurs. Habitante d’un quartier sensible, ça passe pas sur son CV.

Une jeune femme tend son CV à un potentiel employeur lors d'un entretien d'embauche. Un bureau les sépare.

Malgré le soutien d’une personne du CFA (centre de formation pour apprentis), je n’ai jamais été pris. Aujourd’hui, il y a des entreprises qui demandent de l’expérience en sortant d’un bac pro. Mais comment peut-on avoir de l’expérience si elles ne veulent pas d’apprentis chez elles ? Les responsables des entreprises ne veulent pas former des apprentis, surtout étrangers… Par contre, ils veulent bien nous embaucher une fois qu’on est bien formés. Ils ne prennent pas leurs responsabilités.

Ils préfèrent considérer que j’appartiens à une génération de fainéants, de vauriens, de racailles, de délinquants… Ce n’est pourtant pas ce que je compte devenir.

Jordi, 20 ans, en recherche d’emploi,  Strasbourg

Crédit photo Pixabay // CC0 Geralt

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