Lydia L. 07/05/2022

Bac 2022 : bientôt la fin du cauchemar

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Lydia passe son bac et, pour elle, c’est une véritable source d’angoisse. Entre la peur de l’échec et la pression pour ses choix d’avenir, elle a l’impression de vivre une année interminable.

J’ai 18 ans, je suis en terminale générale et je suis angoissée. J’ai l’impression que l’on ne me comprend pas. Les professeurs qui nous donnent des contrôles, mes parents que je dois rendre fiers, qui me demandent de travailler pour avoir un travail qui m’assurera un bon futur.

Depuis septembre, on nous répète que cette année est compliquée, qu’elle va « déterminer notre avenir », et qu’il faut travailler. Au début, dès que j’avais une note qui ne me satisfaisait pas, je stressais et remettais ma vie en question. Au bout d’un certain temps, quand j’ai vu que tous mes efforts ne servaient à rien, j’ai arrêté de me prendre la tête. Mes notes ont chuté. Je ne me reconnaissais plus, car j’ai toujours été une élève très sérieuse et impliquée.

Le bac à gérer, mais aussi Parcoursup

Au départ, il fallait juste avoir des bonnes notes. Mais en janvier, tout s’est enchaîné : deux bacs blancs, Parcoursup, les lettres de motivation, les CV… Personne n’a pensé à nous. Par exemple, pour les lettres : on n’en a jamais fait, on ne sait même pas comment les construire et on ne reçoit aucune aide. Mes parents, eux,  ne peuvent pas m’aider… Leur travail ne leur a jamais demandé de lettre de motivation. Puis, faire un CV alors qu’à 18 ans, je n’ai aucune expérience professionnelle…

De plus, il y a la concurrence avec mes camarades. Hier, un ami m’a dit qu’il avait reçu une réponse d’une école où j’avais postulé. Tout de suite, je me suis demandée : « Pourquoi moi je n’ai pas reçu de réponse ? » ; « Je suis nulle ? » ; « J’aurais dû plus travailler » ; « Je vais finir dans des études que je n’aime pas » « Je vais rater ma vie. » D’un coup, les larmes ont commencé à couler.

Et n’aurais jamais pensé que les cours me feraient pleurer. J’ai toujours été stressée par l’école et mon futur, mais jamais à en pleurer.

L’impression que ça ne finira jamais

À la rentrée de mai, on va passer nos bacs de spécialités. Je vais apprendre sept chapitres que j’oublierai le soir même. Et ce n’est pas fini… Après, il y aura encore philo, puis le Grand oral qu’on va devoir faire sans aucune fiche pour s’aider. Tout cela, avec encore une fois le stress de Parcoursup.

On nous demande de savoir à 18 ans ce que l’on va faire le reste de notre vie alors que l’on n’a jamais eu d’expérience professionnelle. Et si l’on n’obtient ni son bac, ni son école, on se demande : « Où allons-nous aller ? » Tout ce travail pour, au mieux, trouver une formation loin de chez nous et qui n’est pas celle qu’on voulait.

Si vous voulez mon avis, tout ce programme de Parcoursup, ce n’est que du stress. On devrait aller directement dans les écoles voir si on est accepté et voilà. Nous faire stresser pendant deux mois et à la fin ne pas avoir sa formation, c’est la pire chose que l’on peut ressentir.

Plus de vie sociale

En ce moment, je rentre chez moi à 18 h 30, je mange, je prends une douche. Il est déjà 20, 21 heures, je commence mes devoirs, après je fais des lettres et des CV…  il est 23 heures, minuit. J’ai l’impression de ne plus avoir de vie sociale. L’année dernière, j’essayais de sortir au moins une fois par semaine avec mes amis pour m’évader. Cette année, il y a des mois entiers où je ne suis pas sortie de chez moi sauf pour aller au lycée…

On dirait que je ne fais que de me plaindre, vous allez dire que c’est normal que cette année soit compliquée et stressante, c’est la terminale. Mais je trouve qu’on ne se met pas assez à notre place, on ne nous comprend pas.

Juliette passe tout son temps en cours, à faire ses devoirs ou à réviser : elle travaille non-stop, et n’a plus aucun temps libre. Un épisode de notre série sur la pression scolaire.

Capture d'écran de la miniature de l'article "42 heures par semaine au lycée, sans compter les devoirs", à propos de la scolarité sous pression.

J’écris tout ça en pleine période d’examen. Aujourd’hui, je vais réviser pour le bac qui m’attend. Le stress ne va pas partir. L’éducation ne va rien faire pour nous comprendre. Ils ne vont rien changer.

Je n’ai qu’une seule hâte, c’est d’être en été. Être le 15 juillet, la date limite de Parcoursup, de nos résultats de bac. La date limite de mon stress accumulé tout au long de cette année.

Lydia, 18 ans, lycéenne, Cergy 

Crédit photo Pexels // CC Mart Production

 

La réforme du bac

Son contenu

La réforme du bac est entrée en vigueur l’année dernière. Les filières sont supprimées, et remplacées par des spécialités « à la carte ». Il n’y a plus que quatre épreuves terminales communes à tous les lycées (philo, grand Oral et deux spécialités), soit 60 % de la note du bac. Les 40 % restants s’évaluent en contrôle continu sur deux ans.

Ses conséquences

À cause des matières « à la carte », les lycéen·nes d’une même classe ne sont plus réuni·es que pour les quelques heures de tronc commun. Le problème, c’est que c’est plus difficile de se faire des potes quand on n’est jamais avec les mêmes élèves en cours.

L’une des justifications de la réforme, c’était d’arrêter de hiérarchiser les matières. Malgré la disparition des filières, les matières scientifiques sont largement plus choisies que les autres, parce qu’encore survalorisées dans la société. En terminale générale, les maths sont choisis par quatre lycéen·nes sur dix, alors qu’elles et ils ont le choix entre onze spécialités.

Les lycéen·nes sont aussi soumis·es au contrôle continu, et donc sous pression pendant deux ans : chacune de leur note compte pour leur moyenne du bac et pour leur admission en études supérieures.

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1 réaction

  1. Temoignage hyper touchant et véridique, je partage tout ce qu’elle dit,une bonne partie de la population voit tout cela mais,on ne fait rien pour changer…l’instruction s’est matérialisée,pour faire des etudes de nos jours ,c’est -très- compliqué,des lyceens qui font des choix de matières ( à seulement 15 ans ) qui ne voulaient pas prendre tout ça pourquoi ? Parce que la société survalorise trop certaines matières au détriment d’autres.
    Et après on s’étonne de la position de la France dans certains classements et ,pour ne pas en terminer,ce pays monte dans le classement des étudiants les plus stressés au monde.
    Tout ça reste politique, malheureusement on s’est condamné nous-meme pour 5 ans encore ( à moins qu’un candidat remporte haut la main les législatives pour tout changer).

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