Valentin E. 12/06/2023

Catho, scout et gay

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Valentin a mis du temps avant de se rendre compte que sa sexualité n'était pas incompatible avec ses valeurs, et celles de sa famille.

Je me souviendrai toujours de mon premier week-end scout. Les deux premières heures, j’étais un peu intimidé. Mais j’ai vite compris que c’était une safe place. J’ai compris qu’on pouvait être homosexuel et croyant, que ce n’est absolument pas contradictoire !

Je suis en seconde dans un lycée catholique inclusif. Je suis dans un groupe scout avec ma meilleure amie et j’ai plein de supers amis incroyables. J’ai un crush à qui je n’ose pas parler, mais ça va venir. Et surtout, j’ai une famille aimante. J’ai décidé de ne plus jamais cacher mon homosexualité, quelles qu’en soient les conséquences.

Mon coming-out devant Koh-Lanta

Quelques années plus tôt, au collège, une idée me trotte dans la tête depuis quelques mois. J’aime un autre homme ? Il m’avait tapé dans l’œil dès la rentrée, ce garçon aux cheveux longs, bruns, au visage souriant et joyeux. En sa présence, je me sens bizarre, je suis étrangement attiré, je veux à tout prix être proche de lui. Pour reprendre Indochine : « J’étais né pour n’être qu’avec lui. » 

Mais je me pose des questions : un homme peut-il aimer un autre homme ? Dans mon entourage, on est assez ouvert, mais pas très bavards sur l’homosexualité, ni sur la sexualité en général. Pour m’échapper du remue-ménage dans ma tête, je décide de me poser en famille devant Koh-Lanta. Ma sœur de 8 ans est fatiguée, mon père décide d’aller la coucher. Je reste donc seul avec ma mère. Coup de chance, la pub arrive. « Maman, je crois que j’aime un garçon. » 

Elle me dit que c’est normal de se poser des questions. Je sais qu’elle est tolérante, mais au point de me rassurer ? J’avais trouvé mon premier soutien. Alors, c’était presque limpide : je suis homosexuel.

Mon premier crush, homosexuel lui aussi

Je prends mon courage à deux mains et décide de déclarer ma flamme à la personne sur qui je suis secrètement en crush depuis la cinquième. On fait la queue dans la cantine. Je lui dis que je dois lui dire quelque chose d’important. Je lui décris mes sentiments, qui sont bien évidemment autre chose que de l’amitié. Il me prend alors dans ses bras et me chuchote au creux de l’oreille : « Je t’aime. » Mon cœur s’emballe, je me mets à frémir de l’intérieur et je suis soulagé. J’ai accompli ce que je m’imaginais faire depuis deux ans déjà. Surtout, je vais apprendre à vivre avec qui je suis, et en être fier.

Notre couple ne dura que très peu de temps (vraiment, vraiment très peu de temps : deux semaines…). Mon collège, privé et catholique, voyait d’un mauvais œil notre couple et nous faisait comprendre qu’on pouvait déranger. Beaucoup de personnes utilisaient des insultes homophobes à tort et à travers, un peu comme des virgules. Des choses du type : « Eh tu fais quoi, pédé ?! » 

J’ai découvert les dangers de s’assumer, et j’ai été confronté à l’homophobie et au harcèlement toute l’année scolaire. Entre insultes, moqueries et intimidations, c’était très dur d’avoir un rythme de neuf heures par jour de stigmatisation. J’ai commencé à me renfermer et à contenir cette violence sans la comprendre. Je me demandais comment on pouvait être aussi con.

Enfin tranquille !

À la fin de mon année de calvaire, ce fut l’entrée au lycée. Pour cause de mauvais résultats, le lycée qui dépendait de mon collège ne m’a pas pris et m’a redirigé vers mon lycée actuel. Privé catholique aussi, mais beaucoup plus inclusif et bienveillant. J’y ai découvert plein de nouvelles personnes beaucoup plus gentilles et attentionnées. Il y a pas mal de LGBTQIA+, donc c’est plus facile de m’assumer en tant qu’homosexuel, calmement et sans stigmatisation. Enfin tranquille !

L’administration est bienveillante, les gens viennent comme ils sont, il y a des couples sans jugement. Un lycée normal où on nous laisse faire notre vie dans le respect du règlement intérieur. Je vis plus décontracté et assume, une fois de plus, qui je suis.

Je rencontre aussi une amie, qui sera ma confidente. Elle habite (très) loin de Paris, et elle me parle du mouvement des Scouts et Guides de France, auquel elle adhère vers chez elle. On en discute un peu, beaucoup en fait. À tel point que j’adhère au mouvement dans son groupe.

À la Pride entre scouts

Mon amie m’avait présenté aux autres avant que j’arrive, en leur racontant mon passé. J’étais assez étonné qu’elle raconte tout avec transparence, mais j’ai compris pourquoi elle avait fait ça. Durant mon premier week-end, des scouts sont venus me rencontrer et recueillir mon témoignage, m’écouter et me soutenir. On a tous un chemin un peu cabossé donc on se comprend. Ce mouvement m’apporte aujourd’hui beaucoup de choses au quotidien, il y a des valeurs qui y sont transmises et qui sont très importantes pour moi : aider son prochain, être responsable, solidaire et citoyen.

Dans mon groupe, il y a pas mal de personnes LGBTQIA+ assumées et croyantes ! J’y ai aussi rencontré mon crush actuel… et j’ai même réuni un petit groupe d’amis scouts pour aller à la Pride !

Valentin, 17 ans, lycéen, Arpajon

Crédit photo Pexels // CC KoolShooters

 

 

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