Maxence D. 27/12/2022

Du chantier à la salle de muscu

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Maxence travaille dans le BTP. Physiquement, c'est épuisant. Pour suivre le rythme, il a trouvé la solution : la salle de musculation.

Je travaille un peu tout, les jambes, les bras et le haut du corps. Je me suis inscrit à la salle pour me muscler pour le travail : je suis installateur de clim. C’était aussi pour être physiquement plus beau, et pour y aller avec mon frère, qui exerce le même métier que moi. On se soutient. Quand il y va, j’y vais. J’ai commencé six mois après le début de mon alternance. J’étais trop essoufflé quand je portais des trucs au taf, je me suis dit : « Faut vraiment que je m’y mette. »

Dès que j’ai du temps libre, je le passe là-bas. Une heure trente à deux heures le mardi et le jeudi, trois à quatre heures le dimanche. Ça, c’est seulement les semaines où je suis en cours. Dans le BTP, c’est important d’avoir des capacités physiques plus élaborées pour aider les collègues à soulever du matériel et des outils.

C’est ma motivation principale… en plus des gonzesses. Pour être honnête, je le fais pour elles : les femmes s’intéressent plus aux hommes musclés, c’est logique. Ou aux hommes riches, mais c’est un autre sujet.

Motivé par l’esprit de compétition

Le premier jour à la salle, je suis allé un peu partout, j’ai découvert toutes les machines. J’étais avec mon frère, le coach nous les a expliquées pendant les dix premières minutes, puis il est parti. J’ai fait les bras, le haut du corps. C’était dur. Je ne savais pas encore ce que je pouvais porter, ce dont j’étais capable. Ça m’a motivé à gagner de l’expérience.

On avait déjà fait de la salle avant, mais c’était beaucoup moins sérieux. Avant, on faisait une séance par-ci par-là. Là, l’ambiance m’a motivé. Il y a l’esprit de la compétition et une équipe sérieuse qui me pousse à me dépasser, pour atteindre des capacités physiques hautement supérieures.

Maintenant, quand j’y vais, je porte des poids que je ne portais pas avant. Pour le cardio, je fais du tapis de course et du rameur. Pour le haut, il n’y a pas vraiment de machine spécifique : il y en a pour les trapèzes, il y a celle pour biceps, et le développé couché pour les pecs. Les autres adhérents me viennent en aide pour m’expliquer certains exercices… que je fais sans doute mal, du coup. Des fois, on se repose, on regarde un peu autour, et on aide dès qu’on peut.

Les bibis morts

J’ai constaté une amélioration au travail car, la toute première fois, je ne suis pas arrivé à porter un groupe extérieur. Ça pèse 30 kilos, c’est un bloc qui va avec la clim et qui sert à l’alimenter en gaz et en électricité pour la faire marcher. Soulever un truc de ce poids, c’est relou : à la fin, t’as les bibis morts. Aujourd’hui, je les porte avec moins de difficultés, mais c’est quand même lourd, ce n’est pas facile facile.

On soulève en moyenne un groupe extérieur tous les trois jours. On est minimum deux, je ne peux pas le porter seul. Ça pète le dos, mais on n’a pas le choix, on est obligés. Il n’y a pas d’âge pour ça. Du moment que t’as de la force, les collègues te laissent faire. Tout est physique dans mon taf : l’installation de la clim, les allers-retours pour les outils dans le camion… On bouge tout le temps. La caisse à outils, c’est plus léger : là, il ne faut pas du muscle, mais du cardio pour les allers-retours.

Je travaille presque qu’en Île-de-France. Souvent, on fait du particulier dans les maisons, mais quand ça tombe dans les apparts à Paris, ça peut être trois, quatre, cinq étages. Des fois, il n’y a pas d’ascenseur : une galère.

Des conseils entre collègues et camarades

Avant, mes collègues disaient qu’à mon âge, ils avaient de plus gros bras et plus de force. Ils ne le disent plus, mais je pense qu’ils le pensent encore. Ils me donnent des conseils, comment se baisser pour bien prendre les choses et ne pas se blesser le dos. Avant, il y avait certains trucs que je ne faisais pas, je n’avais pas le réflexe. Maintenant, je sais qu’il ne faut pas tendre les genoux quand on porte quelque chose.

Le temps d’un été, Anatole a travaillé comme runner dans un hôtel de luxe. Entre les plateaux de plusieurs kilos à porter dans les étages et la préparation des chambres, il a découvert un travail (très) physique.

Capture d'écran de l'article "Runner tu connais ? J'ai été larbin dans un hôtel de luxe". Sur l'image, on voit un bar dans les tons marrons, avec des lumières tamisées. Cinq clients, des hommes, sont assis. On les voit de dos. Derrière le bar se trouvent deux serveurs.

Au fil du temps, j’ai fini par aider moi-même mes camarades de classe en sport. En neuf mois, j’ai eu des améliorations dans pas mal de domaines… mais ce n’est pas assez pour voir beaucoup de changements. Je prends de la masse, mais ce n’est pas encore assez dessiné. Les gonzesses ne le remarquent pas !

Maxence, 18 ans, en alternance, La Rochette

Crédit photo Pexels // CC Ketut Subiyanto

 

 

La pénibilité au travail

86 % des métiers physiques pénibles ou qui exposent à des produits dangereux sont exercés par des hommes. Quand des femmes occupent ces postes, elles se voient moins souvent confier des tâches physiques et des décisions que leurs collègues masculins.

Par contre, les femmes sont plus sujettes aux souffrances psychologiques au travail : précarité, charge émotionnelle (ex. : accueil du public), stress lié à l’organisation du temps de travail (ex. : aide à domicile), faible pouvoir de décision (ex. : administratif), discriminations sexistes.

Bref, même quand on parle de souffrance au travail, la répartition des rôles se base sur des stéréotypes de genre.

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