Dans mon quartier d’Aulnay, ça se passe comme ça
Dans le quartier, les Emmaüs à Aulnay, tout le monde me connaît. C’est pas très grand, mais les tours sont très hautes. Il y a quatre entrées, dont une un peu secrète. C’est celle que je préfère car elle est près de chez moi. On y accède par des garages, beaucoup de gens connaissent ce raccourci. Surtout les jeunes. En général, il y a une bonne ambiance, personne s’embrouille.
Dans le quartier, c’est un vrai four (un terrain où la drogue est vendue). Il y a un mec sur la colline, un mec à la porte et un mec dans le bâtiment, dans un étage. Quand y’a les keufs, celui qui est à la colline crie « Prépare toi ». Si les keufs débarquent, il crie « Pu pu » et celui à la porte crie « Pur pur ».
Dans le quartier, le trafic, on le rend légal… par la force. Même s’ils prennent les stocks, une fois ou deux, le trafic ne s’arrêtera pas. Il y a toujours de la demande, donc il faut bien y répondre. Maintenant, le chiffre d’affaires a beaucoup baissé, la qualité a diminué, de nombreuses disputes entre les chefs ont cassé l’ambiance.
Dans le quartier, tout le monde se connaît
Dans le quartier, l’été, on prend une grosse clé à molette et on ouvre les bornes à eau des pompiers. L’eau sort comme un geyser et on joue dedans. Une fois, on est même allé acheter du shampoing et on en a mis partout. On glissait, on jouait. On remplit des petites piscines en plastique pour les petits, pour nous aussi.
Dans le quartier y’a une voiture qu’un grand a acheté. Elle est garée au milieu de la cité, un endroit qu’on appelle les yeux rouges. C’est une 207 grise, vitres teintées à l’arrière. Elle est un peu sale, mais on la nettoie, on n’est pas des crasseux. Et surtout, on peut aller y passer du temps l’hiver quand il fait froid dehors. Aux yeux rouges aussi, on a récupéré une cave. Un mec du bâtiment d’à côté y a installé une table, des fauteuils. On ramène de quoi manger, de quoi fumer et on peut glander.
Dans le quartier, tout le monde se connaît, toutes les daronnes sortent et se posent dans les jeux. De temps en temps, il y a des petits événements : y’a des gens de partout qui viennent, y’a jeux gonflables, châteaux, terrain de foot, y’a à manger.
Dans le quartier, il y a deux restaurants, une boulangerie et deux épiceries. Le patron du premier restaurant, c’est Abdelhar. Il a une voix très grave, grand de taille, cheveux courts, yeux verts, lunettes, il est gentil, il offre des boissons et quand il te manque un peu d’argent pour ton menu, il accepte quand même. La dame de la boulangerie est trop gentille, elle passe des bonbons à tous les petits.
Dans le quartier, dans ma tour, on échange des plats. Ma voisine du 6, elle s’appelle Samia. Elle est super belle, souvent elle me ramène du tiep et moi je lui donne des bricks que fait ma mère. Ma mère, c’est la patronne des bricks. Surtout celles au thon.
Pendant le ramadan, c’est la meilleure période
Dans le quartier, y’a les glaces Tata aussi. Miam. Cette daronne, elle est trop maligne. Elle prend du sirop, de l’eau et elle le met dans le congélateur. Elle les vend 60 centimes pièce ensuite et nous, on lui achète tout. C’est plus cher que les magnums, si on les achète par boite à l’épicerie, mais il faut bien soutenir le business du quartier.
Dans le quartier, pendant le ramadan, c’est la meilleure période. On passe notre temps ensemble. Dès que le soleil se couche, on monte vite fait manger à la maison, puis on redescend dans la cour et on sort les tables et on passe nos soirées à rigoler. Les daronnes descendent et s’installent dans les jeux avec les petits. Elles papotent des heures !
Yassine aussi décrit sa cité, celle de Pablo Picasso à Nanterre. Mal réputée, il met en valeur ses bons côtés, les talents qui s’y trouvent.
Dans le quartier, j’avais un grand frère, mais il a changé de quartier, il est dans un endroit plus calme. Il revient souvent pour manger avec nous, mais il n’est plus dans l’ambiance du quartier. Il a quitté tout ça. Sinon, j’ai deux petits frères et deux petites sœurs. Parfois, je les emmène à l’école, je leur donne leur bain le soir.
Moi aussi, quand je serai grand, je veux vivre ailleurs. Mais pas loin, pour pouvoir revenir à la base, aux sources, dans le quartier, de temps en temps.
Chapman, 16 ans, lycéen, Aulnay-sous-Bois
Crédit photo DR
Raconter un quartier c’est faire du journalisme
Sortir la vie privé des gens. C’est mauvais
YA TROP DE TRUCS NEGATIFS SUR AULNAY
C EST UNE BONNE VILLE FAUT PAS DECONNER
jhabite la depuis ma naissance et c trql
félicitation chapman, ton texte est super, on apprend des choses sur la vie des gens du quartiers.
C’est une explication et surtout une ouverture sur les autres aspects de son quartier.
C’est une nouvelle où un article ? Une fable avec pour morale l’apologie du trafic de drogue ? Mdr