Hugo V. 31/07/2023

Je danse comme je respire

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Hugo a commencé la danse dans le ventre de sa mère. Passionné, il n'envisage pas la vie sans danser. Il en a même fait son métier.

J’arrive dans mon appartement, j’enlève mes chaussures, me place au milieu de mon petit espace de 4 m² et commence à m’étirer. D’abord la tête, essayant de détendre un maximum les muscles de mon cou, puis je fais pareil avec les épaules, le dos, les hanches, les mollets et je finis par les pieds. Ensuite seulement, je commence à me mettre en mouvement.

Ça, c’est ma routine quotidienne de danseur.

Mon domaine de prédilection est le hip-hop. Je me réveille hip-hop, je dors hip-hop. Je pourrais passer des journées entières à écouter des titres d’Ateyaba, La Fève ou encore Yuz Boy. Je reste quand même attaché aux grands classiques, avec des artistes comme Nas, les N.W.A. ou Mobb Deep. Je pratique aussi d’autres styles de danse : le breakdance, le contemporain, le classique, le jazz, la salsa et la house. 

Quand j’étais dans le ventre de ma mère, jusqu’à deux semaines avant ma naissance, elle donnait des cours. Je n’étais même pas né que je dansais déjà. Depuis, j’ai toujours cherché à suivre un rythme, à bouger, à créer, à me défouler, à m’exprimer. Avant même de savoir parler. C’est mon moyen naturel d’expression. 

Ce qui me plaît dedans, c’est qu’il y a une infinité de possibilités. La seule barrière est l’imagination. C’est le moyen de m’ouvrir au monde et de donner un sens à ce que je fais tous les jours, le pourquoi je me lève le matin, ma motivation au quotidien. Bref, c’est ma passion. Mais c’est aussi mon métier.

Danser, quitte à forcer

Je suis tout fraîchement diplômé d’une grande école de danse urbaine et à la tête d’une petite compagnie de six danseurs appelée Nozomu. Avec la compagnie, je suis en train de préparer un spectacle. C’est pour moi un grand accomplissement, un pas sur la voie qui me permettra d’en vivre.

Mon corps est mon outil de travail, je suis obligé d’en prendre soin. Malgré ça, les blessures font partie de mon quotidien et je me prépare beaucoup pour les prévenir. J’ai souvent eu des entorses ou des contractions musculaires dues à l’entraînement intensif. Pour chacune d’entre elles, j’ai trouvé un nouveau moyen de m’entraîner. Une fois, je me suis cassé la clavicule, j’avais les bras bloqués, impossible de les bouger sans douleurs intenses. Tant pis, je me suis entraîné au niveau des jambes en laissant le haut de mon corps au repos ! 

Il n’y a pas un jour où je ne danse pas, au minimum une heure par jour. Il me suffit d’une musique, d’un air, parfois juste d’une mélodie ; et même sans ça, je me crée mon propre rythme dans ma tête. Comme si j’écrivais une partition avec, comme base, le rythme de mon corps. 

Assta est musulmane et danse depuis toujours. Sa religion le lui interdit, mais sa famille l’encourage. Parce que danser lui procure joie et liberté.

Une personne danse devant une foule de personnes. Elle porte un pull, des baskets, un jean.

Merci à la danse de me permettre d’échapper à une réalité parfois teintée de gris et d’y mettre énormément de couleurs, de m’aider à exprimer certaines émotions qui parfois sont compliquées à faire passer par la parole, de me donner l’impression d’être quelqu’un. 

Chaque fois que j’exécute un mouvement, un sentiment d’apaisement me transperce ; je me sens léger, libre. Je ressens comme des électrochocs dans mon cerveau quand je découvre de nouveaux mouvements ou simplement de nouvelles manières de les exécuter. Dans le rythme, la texture que je peux leur accorder, l’intention que je peux y mettre. 

La danse, c’est toute ma vie. 

Hugo, 22 ans, en recherche d’emploi, Toulouse

Crédit photo Unsplash // CC Cassandra Hamer

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