Des cupcakes à la Mecque
Sept clients différents. Sept retours excellents. Sept gâteaux. 200 euros de recette. Voilà ma semaine ! Je vends mes pâtisseries depuis un an sur Instagram et TikTok. Avec cet argent, je voulais financer mon voyage à la Mecque. J’ai réussi !
Au tout début, j’étais contrainte d’accepter même les commandes pour le lendemain. Aujourd’hui, j’en refuse et je ne prends plus celles de dernière minute. Tout est prévu minimum trois jours à l’avance.
Au début, c’était seulement ma famille qui m’achetait des gâteaux. Ensuite, des connaissances ont commencé à passer commande. À ce moment-là, c’était plutôt mon entourage turc. Maintenant, j’ai beaucoup plus de clients que je ne connais pas que de clients que je connais. Et ils ne sont pas forcément turcs. Ma clientèle n’a plus rien à voir avec celle de l’année dernière.
Si je grossis encore plus mes ventes de pâtisseries, je pourrais avoir l’ambition de faire le hajj, plus tard. C’est un autre acte d’adoration important pour les musulmans. Il coûte cinq fois plus cher environ que le voyage à la Mecque. La Mecque, c’est un pèlerinage mineur, même si cette visite de la terre sainte reste un rituel important spirituellement.
Le bac, Parcoursup et les bento cakes
Pour lancer ce commerce, j’ai travaillé quatre jours à TürkiyeExpo, à Paris, où j’ai gagné environ 350 euros. Cela m’a permis de financer mes boîtes, les machines et toutes les grosses dépenses.
J’ai aussi créé un compte Instagram, puis TikTok où j’ai commencé à poster des recettes. Ce sont des gâteaux que j’ai moi-même appris à faire sur YouTube. J’ai fait connaître mon compte et je suis passée de 0 à 325 abonnés sur Instagram et de 0 à 435 sur TikTok.
Maintenant, j’ai des commentaires sous mes photos de gâteaux. Des smileys cœurs, des gens qui disent que c’était trop bon. J’ai plus de variétés avec les cupcakes, verrines et bento cakes personnalisés ! Mes premières réalisations étaient seulement des layer cakes, des gâteaux pour des événements.
Les gâteaux me demandent une très grosse organisation dans mes journées chargées. Je suis en terminale. Je suis débordée par les contrôles, les bacs blancs, le bac à venir et Parcoursup. Toute la semaine, je suis en cours de 8 heures à 18 heures. Le samedi matin également. Quand je rentre à la maison, je dois faire le ménage, le linge et cuisiner avant de pouvoir manger. Je dois également garder mes sœurs de 3 et 6 ans, et mon frère de 9 ans.
Pour réussir à faire mes gâteaux en plus de tout ça, je m’y prends longtemps à l’avance. Je répartis les tâches. Je fais mes courses et prépare mes génoises trois jours à l’avance. Je fais mes courses. Le chocolat, le mascarpone et tous les ingrédients dont j’ai besoin sont à portée de main. Mes coulis de framboise sont déjà prêts, au congélateur. Je n’effectue pas de livraison pour gagner du temps. Et pendant le bac blanc, je me permets de faire une pause de quelques jours.
Clientèle fidèle, famille impliquée
On me commande sur les réseaux. Il m’arrive également d’en prendre dans la vie réelle. Pour les personnes que je ne connais pas, et si le compte me paraît suspect, je prends un acompte de 30 %. Les clients viennent ensuite récupérer dans mon quartier. Je descends devant la boulangerie pour les donner. Ça ne m’est jamais arrivé de pâtisser et que la cliente ne vienne pas.
Mes clients me passent commande pour fêter un permis de conduire, un anniversaire. Les bento cakes, c’est plutôt des jeunes qui les commandent. Les gros gâteaux, plutôt des parents. Ils me paient en liquide et je le mets dans ma chambre dans un tiroir qui ferme à clef.
Au début, mon entourage ne m’a pas prise au sérieux quand je disais que je voulais vendre mes créations de gâteaux en ligne. Aujourd’hui, si. Ma famille essaie de ne pas trop me déranger pendant mes préparatifs. Ma clientèle est fidélisée, et c’est moi qui m’occupe de toutes les pâtisseries de mon entourage.
Mon père m’aide beaucoup dans cette aventure. Quand je suis à l’école ou encore avec mes amis, c’est lui qui descend mes commandes et qui fait la réception d’argent. Il me finance également tous les ingrédients. Ma tante m’emmène faire les courses en voiture, à 30 minutes de chez moi, à Nanterre, pour acheter en grosses quantités.
Peut-être que, plus tard, je pourrais faire de ma passion d’enfance mon métier. Il y a une formation de six mois en pâtisserie qui équivaut à un CAP. Si j’arrive à l’avoir, je pourrais ouvrir une pâtisserie. Je ne suis pas encore très informée. Je vais essayer de le passer pendant mes études en psychologie, marketing ou médecine. Je ne sais pas encore trop ce que je veux faire. J’ai mis tout ce qui m’intéresse sur Parcoursup… Pour l’instant, je prépare un bac général.
Beyza, 17 ans, lycéenne, Poissy
Crédit photo Unsplash // CC Vera Gorbunova
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