Ben S. 23/03/2022

Enfant précoce, j’avais tout pour réussir

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Être surdoué, ça n’a pas aidé Ben à réussir à l’école, bien au contraire. Le système scolaire a même fini par briser ses rêves.

En cours, je m’ennuyais. D’un ennui mortel. Je retenais tout, quasiment instantanément, alors qu’à l’école, on apprend la même chose pendant plusieurs semaines. Jamais de ma scolarité, je n’ai eu à faire de devoirs à la maison. Soit je finissais en cinq minutes, soit les profs ne m’en donnaient pas parce qu’ils savaient que j’avais déjà acquis les notions…

Enfant avec un QI de 119 contre 90-110 pour la moyenne des Français, j’avais tout pour réussir… sauf un bon cadre scolaire. Dès le CP, j’ai été mis de côté, traité différemment par les profs. Il fallait que j’entre dans le moule, mais je ne pouvais pas. La précocité, c’est le fait d’apprendre plus vite que les autres. La plupart des enfants précoces ont une excellente mémoire photographique. Pour ne rien arranger, j’avais un handicap non-visible, en lien avec l’audition.

Alors, tout était prétexte pour essayer de me casser. Les profs me retiraient des demi-points pour une virgule, des fautes inexistantes… Ne pouvant pas me gérer, ils m’excluaient de l’école, d’abord temporairement, puis définitivement. J’ai été, comme ça, viré de cinq ou six écoles primaires de la région parisienne. Je n’arrive même plus à me souvenir tellement il y en a. J’ai même fini par être blacklisté de toutes les écoles du quartier. Je me faisais renvoyer pour des raisons de comportement, comme de l’insolence ou du bavardage.

En classe, j’aidais les autres élèves ou je faisais le clown, mais ni l’un ni l’autre n’étaient appréciés par les profs. J’étais aussi en colère, car je n’avais rien à faire, j’avais l’impression de perdre mon temps. Depuis petit, je m’intéressais à tout et je lisais beaucoup, sur la littérature, le foot ou la mythologie. J’avais donc des connaissances que mes camarades n’avaient pas.

Enfant précoce, seul face au système

Mes proches, certains profs, des psys et des médecins spécialistes ne cessaient de me dire que j’avais les capacités pour réussir et devenir ce que je voulais (écrivain ou dessinateur). Mais les problèmes se sont vite accumulés : multiples déménagements d’arrondissement en arrondissement pour se rapprocher des écoles qui m’acceptaient, pression venant de ma mère et système scolaire inadapté. À l’école, je ne me faisais pas d’amis vu que je savais que je n’allais pas rester longtemps.

En CM2, j’ai été convoqué deux fois à l’inspection académique. Le grand patron m’a fait venir pour me rappeler que j’étais bien trop dérangeant (j’avais un énorme dossier) et qu’il n’y avait rien pour moi dans le système scolaire, qu’il fallait « rentrer dans les cases », ou que cela allait prendre des proportions bien plus graves. Il a menacé de m’exclure définitivement.

J’en ai ri, car je n’étais plus à une sanction près : qu’est-ce que ça allait changer ? Je n’avais plus rien à perdre, donc autant m’amuser. Du côté de l’académie, ils sont inflexibles. Ils n’ont jamais caché qu’ils ne cherchaient pas à s’adapter à ceux qui ne rentraient pas dans les cases. Et moi, je ne faisais pas le poids, seul, face au système. Du coup, à l’école, je faisais plus acte de présence qu’autre chose.

Officiellement déscolarisé

En CM2, j’ai été transféré dans la dernière classe « complète » que j’ai suivie pendant environ six mois dans le 18e arrondissement. Ça a été les mois les plus aboutis de ma maigre scolarité. J’avais obtenu de bons résultats, et même des félicitations. J’avais apprécié ces six mois pour la simple raison que le maître me traitait normalement, comme tout le monde, ni supérieur, ni différent. Et pourtant, j’avais subi une opération chirurgicale importante au niveau des oreilles qui me faisait porter un bandeau tout autour de la tête.

Puis je suis entré au collège. Là, ça a été la catastrophe, avec au minimum huit profs par année, à qui je devais à chaque fois expliquer ce qui m’arrivait. Il y avait, du coup, huit fois plus de chances que ça se passe mal et ça n’a pas loupé ! J’ai tenu approximativement deux semaines. J’ai été déscolarisé, définitivement, officiellement.

Mon psychologue (privé), qui était l’un des seuls à me comprendre, a activé certains de ses contacts, deux profs qui me donnaient des cours sur leur temps de pause-déjeuner. Grâce à eux, j’ai pu maintenir une certaine scolarité, car ils croyaient en moi.

Le système scolaire ne s’est pas adapté à moi

Aujourd’hui, ça fait longtemps que je ne crois plus à mes rêves, à cause du système scolaire qui, au lieu de nourrir la créativité des élèves, les retient et les empêche de développer leur potentiel. Si c’était différent, que les profs savaient gérer ce genre de cas, j’aurais peut-être été au bout de mes rêves.

Dyslexique, dyspraxique et dyscalculique, Lise a longtemps subi son orientation. À l’école de la deuxième chance, elle est en bonne voie pour faire son métier de rêve : maquilleuse.Capture d'écran de la miniature de l'article "Multi-dys : à 21 ans, j'ai enfin mon orientation en main".

Comme je suis une personne très réaliste, je sais que ce n’est pas possible de trouver du travail sans même avoir le bac. Alors, grâce au CIEJ (Centre d’initiative pour l’emploi des jeunes), j’ai fait des démarches pour reprendre des études en filière littéraire. J’attends une date pour les tests d’admission en DAEU (l’équivalent du bac pour les décrocheurs). Après ça, je projette de m’orienter vers le métier de bibliothécaire, un travail en adéquation avec mon handicap, et aussi avec ce que je suis. Puisque le système scolaire ne s’est pas adapté à moi, je n’ai pas d’autre choix que d’essayer de m’adapter à lui.

Ben, 21 ans, stagiaire, Paris

Crédit photo Pexels // CC Monstera

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1 réaction

  1. I believe in you !

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