Mon combat contre mes parents pour faire ce BTS
Travailler dans l’événementiel, ça a toujours été mon rêve. Mais pour l’Éducation nationale, j’étais destinée à faire un métier avec de grandes et longues études. Et pour mes parents, ce secteur n’était pas fait pour moi et ma « personnalité ».
Pendant dix ans, j’ai pratiqué le handball. J’allais tous les week-ends aux matchs de première division, et j’ai toujours admiré l’ambiance et l’euphorie de ces matchs. Je trouvais ça incroyable de pouvoir rassembler des personnes de différentes régions, origines, croyances, autour d’une chose commune. C’est comme ça que j’ai su que je voulais créer ce genre de rassemblements, et des événements.
Pour rendre ce rêve réaliste, j’ai effectué en seconde quelques recherches sur internet. Sur le site de l’Onisep, il était conseillé de faire un BTS Communication (bac +2), puis une licence spécialisée dans l’événementiel (bac +3). Je faisais partie des têtes de ma classe. 80 % des élèves avaient choisi un bac général et les 20 % restant étaient ceux qui n’avaient pas de très bonnes notes, ils se sont donc orientés vers un bac technologique ou professionnel. J’aurais dû faire partie de ceux qui souhaitaient faire un bac général, mais j’ai choisi le bac STMG.
Mon professeur principal a discuté avec mes parents pour leur faire comprendre que « je gâchais mes compétences, qu’il ne fallait pas que je me limite à ce bac. » Mais ma sœur avait fait ce bac quelques années auparavant, ils étaient d’accord avec mon choix.
Ils ont influencé mes vœux post-bac
Vint enfin ce moment où nous devions choisir nos études post-bac. J’avais décidé de ne mettre que des BTS Communication dans mes vœux, mais un rendez-vous avec une conseillère d’orientation m’a fait changer d’avis.
Elle me conseilla de mettre des vœux « au cas où » dans la gestion et la comptabilité, étant donné que j’avais choisi de faire un bac STMG option « gestion finance ». Mais sans vraiment me parler de la position des vœux. Nous avons recherché ensemble d’autres BTS qui n’étaient pas très loin de chez moi. J’ai mis en premier un BTS Communication, puis un BTS assistant de gestion, puis un BTS comptabilité, et ensuite d’autres BTS Communication qui étaient plus loin que mes trois premiers vœux. Plusieurs facteurs ont joué sur cet ordre : le fait d’être rassurée d’avoir une poursuite d’études proche de mes compétences, la peur de d’être prise nulle part, la pression des profs et des parents, et leur manque de soutien.
Lorsqu’en terminale j’avais annoncé à mes parents mon choix de travailler dans l’événementiel, ils étaient tous deux sceptiques. Mon père avait effectué ses recherches sur ce secteur pour connaître davantage le souhait d’orientation de sa fille, et il en avait conclu ceci : « Ta timidité ne te permettra pas de travailler dans la communication… » D’entendre ça de la part de mon père m’a démotivée, surtout que ma mère était du même avis que lui. Et puis comme ce métier n’était pas connu à leur époque, ils se demandaient s’il y avait réellement un emploi au bout. Et si ce métier allait perdurer dans le temps. Ils ne connaissaient pas le potentiel de ce marché. Je doutais de moi.
J’ai été refusée dans mon premier vœu en communication et prise en BTS Assistant de gestion PME-PMI. Etant donné que mon second vœu était accepté, les vœux en dessous s’annulaient automatiquement… J’ai eu l’impression d’avoir été trahie par la conseillère. Elle ne m’avait pas assez soutenue dans mon premier choix : même si elle avait voulu bien faire, elle ne m’avait pas conseillée jusqu’au bout.
J’avais trouvé la licence que je voulais
Mon BTS, ce fut deux années de gestion d’entreprise, avec un peu de communication. J’étais totalement perdue… Pourquoi ne pas me tourner vers les ressources humaines ? C’était le secteur que la plupart de mes camarades avaient choisi. J’y ai songé mais non, je ne pouvais pas. J’ai donc fait des recherches sur internet : « licence dans l’événementiel », « études après BTS Assistant de gestion dans l’événementiel », « comment se réorienter dans l’événementiel après un BTS Assistant de gestion ? » Mes recherches tombaient beaucoup sur des études payantes, 7 000 euros, 12 000 euros… Des sommes beaucoup trop élevées. Puis, au fil des recherches j’ai trouvé une licence à moins de 5 000 euros, miracle !
J’étais obligée de m’inscrire dans une licence payante car mon parcours ne me permettait pas de reprendre la communication ou de poursuivre dans l’événementiel. Mais est-ce que mes parents allaient accepter cela… ? Je leur avais montré tous les bons côtés de ce secteur, également des témoignages de personnes exerçant ce métier, mais rien à faire.
Je devais aller aux portes ouvertes avec quelqu’un car, toute seule, mes parents ne prendraient pas en compte mon avis. Nous voilà toutes les deux avec ma sœur devant la responsable de la licence OME nous présentant le programme de mes études de rêve ! Il ne fallait que convaincre mes parents pour l’inscription, puis passer des entretiens… Leur enthousiasme était à zéro… encore plus quand je leur ai annoncé le prix. Mais j’ai pu compter sur ma sœur qui les a convaincus de me laisser envoyer une candidature, « et puis on verra par la suite ! »
Puis, une réponse, une proposition d’entretien. Mes parents m’ont lancé un : « Au moins, tu pourras être fière d’avoir été jusqu’à l’entretien. » Je l’ai pris pour du rabaissement. J’avais besoin de soutien et d’encouragement de leur part, et ils me faisaient douter de moi. Je devais absolument leur prouver que j’étais capable.
L’entretien s’est très bien passé : « On vous prend. » Mes parents étaient tellement surpris, et malgré une petite réticence de leur part, j’ai pu faire cette année de licence… qui fut la plus merveilleuse année d’étude !
Je leur ai prouvé que c’était le bon choix
J’ai trouvé sans souci mon stage de six mois afin de valider ma licence. Cette expérience m’a confortée dans mon choix, je me suis vraiment sentie dans mon élément. Malgré un parcours différent, j’ai obtenu ce diplôme sans difficultés.
Suite à ça, j’ai été embauchée dans une petite agence événementielle. Ma timidité n’a pas pris le dessus comme disait mon père, et ce choix d’étude m’a permis d’avoir plein de contacts avec les autres afin d’enlever cette « peur » sociale. Mon père a enfin prononcé ces mots : « Je suis fier de toi ma fille ! » Quelle joie d’entendre ça ! Ma mère de son côté n’a pas dit grand chose mais j’ai bien vu qu’elle était fière également, lorsqu’elle en a parlé avec des membres de ma famille.
Pour Soha, élève en terminale, le moment de faire ses vœux est venu. Autour d’elle, elle entend toujours la même question : « Qu’est-ce que tu veux faire plus tard ? » Mais elle se sent trop jeune pour décider…
Je suis actuellement en service civique, auprès de personnes âgées. Ma mission est de lutter contre leur isolement en faisant des visites à domicile et en proposant des sorties. Cette expérience sociale et solidaire me donne des idées… Pourquoi pas travailler pour un public de seniors ? Ou au contraire aider les jeunes à travers des événements créateurs de liens ? J’espère que cela m’aidera à poursuivre cette belle carrière pour laquelle je me suis battue !
Aurélie, 22 ans, volontaire en service civique, Val-de-Marne
Crédit photo Unsplash // CC Brandon Lopez
Un jour, je discutais avec ma voisine. Elle a deux enfants, des ados à ce moment-là. Tous les deux voulaient faire une filière professionnelle. Elle ne voulait le permettre qu’à un seul parce que l’autre avait des notes excellentes et qu’il devait donc resté dans le général. Dans le même genre, pour un article de mon blog, je racontais un camarade de lycée, en bac L pour faire plaisir à ses parents mais qui voulait devenir boulanger. Un beau gâchis…
Je trouve la raison pour laquelle tu aimes l’événementiel vraiment super intéressante et touchante ! Malheureusement, souvent les parents et l’entourage en général ne se posent pas trop la question du pourquoi du comment…
Comme toi, mes parents me découragent beaucoup. J’ai suivi une Licence d’Histoire, fait un Service Civique en radio, enchaîné sur un Master Info-com et je voudrais poursuivre pour devenir préparateur mental. Malheureusement, je n’ai pas pu le faire cette année, je dois donc travailler et mettre de l’argent de côté pour me payer un DU qui me permettra de raccrocher le wagon que je veux. Mon père ne pense qu’à ma retraite, et ma mère me dit (sans méchanceté) « fais ce que tu veux tant que tu es indépendante ».
En tout cas, félicitation pour ton parcours ! Un parcours décalé tout en slalom, mais qui n’en a sans doute que plus de saveurs ! 😉
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