Samuel R. 20/02/2023

Notre vie à 7 en mode économie

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Dans la famille nombreuse de Samuel, l'organisation est millimétrée. Les parents comptent chaque dépense et les enfants partagent leurs chambres.

Quand j’étais petit, je n’étais jamais seul : j’ai grandi dans une famille nombreuse. Avec deux frères, deux sœurs et mes deux parents, ça fait sept personnes dans six pièces et un jardin. Dans l’ordre : Lola, Gaël, Tania et Mathieu, puis moi, le petit dernier. La plus grande a 23 ans, moi je n’en ai que 15. Mais je ne me plains pas trop, comparé à ma mère qui a onze frères et sœurs.

Chez moi, ça a quand même été compliqué avec l’argent. Tous les repas étaient pour sept, la vaisselle était pour sept, le linge était pour sept…  Pour l’eau ? C’était compliqué de se doucher tous les jours à cause du temps et de l’organisation : on avait une douche pour tout le monde. Pour la nourriture, on a toujours eu de quoi bien manger. Les sucreries ? ça ne durait pas longtemps, la plupart des gâteaux étaient volés par mon frère et cachés par ses soins.

Le matin, tout le monde devait être autonome pour ne pas perdre de temps. Premier arrivé, premier servi. Avec mon frère Mathieu, on prenait une petite baguette, on la coupait en deux et on la mangeait avec de la confiture et du lait. J’aidais aux tâches, mais pas tout le temps vu que j’étais le plus petit. L’organisation était compliquée.

Des cadeaux pas chers pour Noël

Quand j’étais petit, on ne parlait pas trop des finances, mais ça se voyait facilement : je n’avais bien sûr pas d’argent de poche, et j’avais très rarement des goûters. Mes parents évitaient le sujet. Ma sœur me faisait des réflexions pour que je prenne conscience de tout ça. Elle aussi prenait du recul.

Pour Noël, comme j’avais déjà une idée du budget qu’on avait, je faisais en sorte de trouver des cadeaux pas chers (entre 15 et 20 euros) pour rééquilibrer avec les cadeaux plus coûteux que mon frère demandait. Dans tous les cas, mes parents ne lui achetaient pas.

Comme j’étais le dernier, mes parents me chouchoutaient un peu. Je ne faisais pas les tâches ménagères. Jusqu’au moment où on a fait un tableau pour que chacun fasse une partie. Même avec ça, il y en avait toujours qui trouvaient ça injuste.

On partageait tout

Dans notre chambre à nous, on avait un lit chacun : quatre lits superposés et un lit à côté pour moi. Pour nos jouets, on avait un grand coffre collectif dans la chambre avec des livres, des cartes Pokémon, des billes… On jouait parfois tous ensemble à un jeu qui s’appelait le filet mignon, c’était les petits contre les grands. On avait un chien aussi, on allait le promener tous les cinq.

Même s’il y a eu beaucoup de bagarres, on s’entend bien. Je ne les gagnais jamais parce que j’étais le plus petit. Pour l’aide aux devoirs, c’était incroyable d’avoir une famille nombreuse. Si Mathieu ne savait pas, je demandais à Tania, et ainsi de suite. Il y en avait toujours un pour m’aider. Je ne faisais quand même pas mes devoirs à la maison parce qu’il y avait toujours trop de bruit. En sixième, je les faisais quand je retournais à l’internat.

De famille nombreuse à seul avec ma mère

On a été cinq dans la même chambre et tout le temps ensemble, jusqu’au moment où… la plus grande est partie en internat pendant la semaine. Puis, c’était au tour du deuxième, et ainsi de suite.

En CM2, la semaine, j’étais seul avec ma mère parce que mon père allait aussi jusqu’à Strasbourg pour son travail. Je ne le voyais pas trop, du coup, on n’était pas trop proches, à part pour me demander un service et vice versa. Je ne lui demandais jamais de l’aide pour les devoirs car presque à chaque fois il s’énervait et je finissais par pleurer. Maintenant, ça va un peu mieux, il fait des efforts pour ne pas crier ou casser de la vaisselle. Mais bon, ça fait toujours bizarre de lui parler.

Avec ma mère, c’était l’inverse. On regardait des films ensemble, on était complices, mais elle était trop laxiste. Aujourd’hui, comme je pars la semaine, on s’est éloignés. Comme mes frères et sœurs revenaient le week-end, je n’ai pas été trop triste de leur départ. Ça se rééquilibrait, ça ne changeait pas trop d’avant.

Une chambre pour les filles, une pour les garçons

Quand j’étais petit, je me douchais avec mes frères, sœurs et parfois mes cousins. On n’avait pas d’intimité. Aujourd’hui, même dans la nouvelle maison où on est depuis six ans, pour me changer, je dois essayer de trouver une pièce où il n’y a personne. Il y a trois chambres : une pour les parents, une pour les garçons et une pour les filles. Mon père trouvait trop cher notre appartement pour une trop petite surface, donc il a investi dans un terrain et a commencé à construire.

Goundo a vécu dans un petit logement délabré… avec sa famille de huit personnes. Partir à l’internat, c’était une question de survie.

Capture d'écran de l'article "Huit à la maison, 5 de moyenne à l'école". Fille assise par terre sous un arbre, appuyée sur un rebord en bois. Epuisée, livre ouvert sur la tête. En arrière plan : la pelouse verte.

Au total, il a fait construire un immeuble avec cinq appartements et des locaux pour une entreprise. Je l’aide à construire, à faire le placo, la peinture, l’isolation, etc. Le week-end, quand il rentre du travail, il est sur le chantier. Il a tout investi, son temps et son argent. Ce n’était pas si mal cette époque à cinq dans la même chambre, mais je préfère quand même aujourd’hui, c’est beaucoup plus adapté.

Samuel, 15 ans, lycéen, Montpellier

Crédit photo Pexels // CC cottonbro studio

 

 

En France, une femme a (en moyenne) 1,83 enfants.

 

Ce sont les femmes les plus pauvres qui ont le plus d’enfants : 20 % d’entre elles en ont 4 ou plus, contre 4 % des femmes les plus riches.

Les femmes les plus pauvres deviennent aussi mères avant les autres : 26 ans en moyenne, contre 30 ans chez les femmes les plus riches.

Ces écarts s’expliquent de plusieurs façons : la possibilité ou non de faire des études ou de s’épanouir dans sa vie professionnelle, l’information et l’accès à la contraception, le poids des traditions…

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