Fils d’ouvriers, je ne veux pas finir à l’usine
Je viens d’une famille d’ouvriers, de travailleurs manuels, qui ont toujours bossé en usine et qui ont très peu, voire pas du tout, connu les études longues. Ma mère est femme de ménage et mon père soudeur. Pour eux, il semble difficile qu’un enfant d’ouvriers, qui a grandi dans la ZUP (zone urbaine prioritaire), puisse réussir ses études et obtenir des diplômes supérieurs. À leurs yeux, la profession d’un enfant doit être la même que celle de ses parents. Je dois donc naturellement me destiner à être ouvrier. Comme eux.
Mes parents ont décroché
Lorsque j’entre au collège, ma mère a moins le temps de m’accompagner dans les devoirs, comme elle le faisait quand j’étais en primaire, à cause de son travail. Pour elle, c’est déjà un niveau plus complexe.
À ce moment-là, c’est compliqué, car mes parents ne sont plus présents pour mes études. Je dois me débrouiller seul. J’accumule les lacunes, j’aime jouer aux jeux vidéo, sortir et faire des bêtises en classe. Comme je ne suis plus « surveillé », je peux faire ce que je veux. Lorsque je dois passer le brevet en troisième, je ne révise pas beaucoup. Et mes parents sont toujours aux abonnés absents. Je décroche quand même le diplôme, avec mention.
Contents, sans jamais m’encourager
En terminale, je suis en filière scientifique. C’est difficile, mais je tiens. Mes parents sont très contents de voir leur fils atteindre ce niveau. Contents sûrement, mais là encore je n’ai aucun soutien de leur part. C’est trop « haut » et trop « loin » pour eux. Ils me répètent : « Tu ne vas pas réussir, tu ne vas pas avoir ton bac, c’est trop compliqué pour toi. Personne ne peut t’aider car, dans la famille, on n’a pas fait d’études. » Peut-être que c’est une façon pour eux de me rappeler d’où je viens. Ils espèrent aussi que je me dirigerai vers un métier manuel.
Ce manque de confiance me fait beaucoup douter. Je me demande si poursuivre des études longues est à ma portée. Mais je persévère, car je ne veux pas finir ouvrier et travailler toute ma vie à l’usine. Finalement, ce manque de soutien accompagné de remarques négatives me pousse à bûcher encore plus afin de pouvoir dire à mes parents : « Vous avez eu tort, vous ne connaissez pas mon potentiel. » Je décroche mon bac scientifique. Mes parents sont fiers, mais pas plus que ça. J’ai eu « de la chance », selon eux.
Un fossé nous sépare
Quand je leur ai fait part de mon envie de continuer mes études en intégrant une fac d’histoire, c’était l’incompréhension. Certes, le manque de soutien de mes parents m’a sûrement permis de me surpasser pour tout réussir. Mais c’était dur.
Depuis qu’Aswin vit en France, il n’a plus la même relation avec ses parents. Il se sent loin de leurs valeurs et de leurs opinions.
Je pense que beaucoup d’autres jeunes ont le même problème. Je leur conseille de faire leurs propres choix, d’aller au-delà des désaccords de leurs parents. Aujourd’hui, je suis une formation pour devenir prof. Et ainsi donner aux élèves de la confiance, un cadre, et pourquoi pas un repère.
Maxence, 21 ans, étudiant, Wattignies
Crédit photo Pexels // CC beytlik
Pourquoi un témoignage anonyme ? Maxence existe il vraiment ??
Être chef d’équipe en usine c’est ce qui plairait à vos parents