Free party : en parler, être jugé
Ma première free ? Une vraie claque. J’écoutais de la techno depuis longtemps déjà, jusqu’au jour où des potes m’ont parlé des free parties. Ils m’ont dit que les gens étaient là pour la passion du son. Que, bien sûr, des gens « prodaient » (prenaient des produits stupéfiants), mais que c’était un bon moment pour se vider la tête. Pour penser à l’instant présent et ne pas réfléchir !
J’avais 17 ans et j’y ai vite pris goût. J’y allais tous les week-ends. Je pense que j’en ai enchaîné une trentaine. À l’époque, je prenais des produits, donc je n’en garde que de vagues souvenirs. Ce dont je me souviens, c’est que je me suis tout de suite senti à ma place, entouré de teufeurs et teufeuses, devant les murs de son qui envoient des grosses basses dans la face. Ça met une claque, dans le bon sens du terme ! Devant les caissons, la techno à grosse puissance entre en nous, avec les vibrations, c’est puissant.
60 000 personnes dans un champ
Un soir de mai 2023, un pote m’envoie un message : « Mec, c’est énorme ce qu’il se passe, il faut que tu viennes, ne loupe pas cette dinguerie ! » Il m’envoie aussi le point GPS. On ne part pas en free sans se préparer. J’organise mes affaires pour survivre une semaine.
En free party, on doit être un maximum autonome, même si on est en groupe. Tout le monde doit apporter de quoi s’hydrater, se nourrir, se couvrir et une tente. Il faut se gérer, mais également gérer ses potes parce qu’il n’y a pas forcément les secours sur site. Pendant ce teknival, en journée, il faisait extrêmement chaud, tandis qu’à la nuit tombée, la fraîcheur se faisait sentir. Il a rassemblé plus de 60 000 personnes dans un vaste champ. Des gens des quatre coins de la France et même d’Allemagne, d’Italie, d’Espagne, de Belgique, d’Angleterre et j’en passe.
Bien sûr, ça ne se passe pas toujours bien. Parfois, les points GPS sont divulgués trop tôt. Les forces de l’ordre interdisent l’installation des sound systems. Je me souviens d’une teuf un vendredi soir. Quand on est arrivés, les gendarmes étaient déjà sur place pour empêcher l’installation. Les teufeurs étaient déterminés à rester. Les gendarmes ont sorti les grands moyens : boucliers anti-émeutes, gazeuses, matraques et grenades de désencerclement.
Avec mes potes, on s’est sentis comme des animaux. Ils n’avaient aucune pitié pour nous. On sentait qu’ils ne nous aimaient pas du tout. Après plusieurs heures, ils ont pris le dessus, avec des renforts de CRS et un hélicoptère. Quand nous sommes repartis, nous n’arrivions plus à respirer ni à voir correctement.
Les free parties, c’est un mouvement. On se bat contre la répression.
Pas besoin de consommer pour s’éclater
Il est difficile de parler de ce sujet sans être jugé. Pour une majorité des gens, la free rassemble des « drogués ». Ce n’est pas forcément le cas. Beaucoup prennent des prod’ pour kiffer, mais certains y vont juste pour l’amour du son. En ce qui me concerne, avant, je consommais des stupéfiants. À présent, je ne consomme plus, donc je me charge de veiller sur mes amis.
Il faut savoir leur parler tranquillement, leur proposer de l’eau ou de la nourriture quand ils ne se sentent pas trop en forme. On doit être vigilant. On les connaît. On sait comment ils réagissent selon l’alcool ou la drogue qu’ils consomment. Je kiffe la techno. Ne pas prendre de produits ou ne pas boire d’alcool en teuf ne change pas grand-chose pour moi. Simplement, je n’ai pas les effets psychédéliques qui font qu’on peut partir en extase devant le son.
Je trouve que c’est tout un art de mixer de la techno. J’ai prévu de m’acheter du matériel pour m’entraîner et, déjà, mixer pour les copains. On verra si j’ai, un jour, l’occasion de le faire en free party. En tout cas, j’en rêve !
Bryan, 22 ans, en recherche de formation, Carhaix
Crédit photo Pexels // CC Maor Attias
À lire aussi…
Mes premières soirées, sans limites, par Fatou, 21 ans. Quand elle a découvert la fête, la jeune femme a voulu tout tester, par curiosité. Drogues, alcool, sexe : très vite, Fatou a perdu le contrôle.