Lydia/Mel 15/06/2022

Genderfluid·e : c’est quoi tes pronoms ?

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Lydia/Mel se définit comme genderfluid·e et jongle entre les pronoms « elle », « il » et « iel » au quotidien. 

On dit souvent que lorsqu’on se lève du pied gauche, on va passer une mauvaise journée. Dans ma vie d’adolescent·e, je dirais plutôt que lorsque je me lève du pied gauche, je me sens plus masculin·e que les jours du pied droit.

C’est une question que je me posais déjà étant petit·e. J’étais déjà ce·tte funambule de la vie, cellui qui tombe d’un côté ou de l’autre chaque matin. J’ai gardé cette part de moi bien enfouie et bien cachée, beaucoup trop longtemps. Aujourd’hui, autour de moi, les gens savent que je suis genderfluid·e. Mes proches font attention à leurs mots, ce qui n’est pas le cas de tout le monde. Voici le journal d’un·e genderfluid·e.

Mes journées féminines

Elle se réveille après plusieurs sonneries, se regarde dans le miroir et se tourne vers son armoire. Elle choisit vêtements, bijoux, sac et affaires pour la journée. À ce moment-là, elle ne fait pas forcément attention à ce qu’elle choisit. Elle salue sa mère de la main, et son père s’il est dans le coin, et part pour le lycée. Elle retrouve ses amis qui lui sourient et la regardent de haut en bas. « Tu es super belle aujourd’hui. » En cours, les profs attentifs à sa joie et à ses accessoires comprennent tout de suite comment se comporter avec elle pour le reste de la journée.

Mes journées féminines se passent généralement mieux que mes journées masculines car je suis plus ouverte, et moins susceptible si on me mégenre. Pour éviter que ça arrive, j’explique à mon entourage que, quand je porte tel bracelet ou telle boucle d’oreille, il faut me genrer plus au masculin.

Mes journées masculines

Lui, il se vêtit de couleurs sombres, accentue son regard avec un trait noir autour des yeux, et ses phalanges et son poing avec du rouge à lèvres pour donner cette impression qu’il s’est battu. Il met sa capuche et son casque sans dire un mot, sort de chez lui en claquant la porte. Il ne parle pas beaucoup, se renferme. Il n’est pas très souvent joyeux et à l’aise avec le contact social et humain, et il est très susceptible. Il ne veut qu’une chose : se fondre dans la masse.

Ses amis remarquent tout de suite comment gérer la situation. Sauf que quelqu’un passe à côté de lui en lui disant : « Tu es belle en noir. » Un frisson parcourt tout son corps et lui donne cette impression que le compliment ne lui était pas destiné. Qu’il était destiné à la personne imaginaire qui le remplaçait pendant que lui disparaissait petit à petit.

Les professeurs font attention

Les gens me disent souvent : « Tu es dans un petit lycée, ça doit être nul. » Je ne suis pas d’accord. Je suis heureuse car tout le monde connaît tout le monde et les profs sont beaucoup plus attentifs aux élèves. Je me sens donc plus à l’aise et moins stressé du fait qu’on pourrait me mégenrer. Les professeurs font attention pendant l’appel, ou bien ils ne m’interrogent pas trop.

La famille de Pablo lui a toujours dit de faire ses choix sans se soucier de son genre, malgré les remarques sur ses vêtements ou ses goûts.

Capture d'écran de l'article "Je suis fier d'avoir reçu une éducation non genrée", illustré par une photo sur laquelle on voit des petits jouets soldats peints en rose et collés sur un mur rose.

Iel est plutôt enfantin·e et est plus présent·e qu’il dans mon quotidien. Moins que elle aussi. Lorsqu’iel sort, iel ne sait pas choisir comme lui demande la société. Souvent les phrases qu’iel entend la plupart du temps sont : « Fais un choix ! » ; « Ça n’existe pas ! » Choisir d’être elle ou il, ne pas savoir comment me genrer moi-même ne me pose pas problème. Je peux divaguer entre les deux car les habits n’ont pas de genre et ne m’assignent pas.

Mais les gens m’obligent à faire un choix. « Tu dois être elle parce que tu es née comme ça » « Pourquoi tu serais « il » ? Tu ressembles pas à un garçon. » On m’a aussi dit qu’il faudrait que j’aille voir un psy pour faire un choix. Alors qu’iel ne veut pas être bleu ou rose, iel veut juste être violet.

Lydia/ Mel, 17 ans, en terminale, Paris

Crédit photo Pexels // CC cottonbro

 

GENDERFLUID [ʒɑ̃dɛʁflɥi] adj.

1. Une personne genderfluid ne se caractérise pas par une identité de genre fixe (garçon, fille, agenre, non-binaire, etc.), mais plutôt par un genre qui va varier au fil du temps.

2. Pour bien comprendre cette identité, il est plus facile d’imaginer le genre comme un spectre.

Image du spectre « homme-femme » sur lequel oscille au cours du temps les personnes genderfluid.

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2 réactions

  1. Bonjour ,voilà je suis un homme et je me rend compte arrive a 50 ans que j ai un corps d homme avec un esprit et une sensualité de femme que beaucoup de femme qui me connaît la remarquer et mon rêve c est d avoir un vagin a la place mon sexe car je ne reconnaît plus mon role d homme attribue a ma naissance

  2. Fier-e d’avoir partagé ce témoignage n’hésitez pas à me posez des questions sur Instagram.
    @lydia.brtt

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