Nairobi B. 04/02/2022

Après trois mois, mon copain m’a ghostée

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Des déclarations d’amour à l’indifférence, Nairobi a subi pendant des mois les changements d’humeur de son copain, jusqu'à finir « ghostée ».

En troisième, un nouveau garçon fait son apparition dans ma classe. Je ne l’ai jamais vu auparavant. Il est nouveau, il ne connaît personne. Dans cette classe, je n’ai pas d’amis. Je préfère rester seule. Il vient me parler et quand il faut faire des groupes, il se met avec moi pour pas que je reste seule.

On commence à former un duo. On se parle tout le temps, que ce soit en classe, dehors, ou sur les réseaux sociaux. Avant d’aller en cours, on s’attend toujours pour faire la route ensemble. Mes camarades de classe nous taquinent, nous disent qu’on s’aime en cachette, qu’il se passe forcément quelque chose. À force, ça devient chiant pour nous, parce qu’on est juste meilleurs potes. C’est tout. On a une forte complicité. Cela ne veut pas dire que l’on s’aime pour autant. Alors, on décide de les laisser parler.

Au début, tout est beau et rose

Pendant les vacances, on se parle H24 sur les réseaux, on discute de tout et n’importe quoi. On cherche toujours un moyen de relancer la conversation. Je réalise que je l’aime. Je lui fais ma décla le 24 décembre 2020. Heureusement, c’est réciproque. Tout est beau, tout est rose. On se parle tous les jours, comme quand on était meilleurs amis, mais là on est en couple.

La rentrée arrive, j’ai à la fois peur et hâte de le retrouver. Peur qu’il change d’attitude face aux autres, hâte parce que je ne l’ai finalement pas beaucoup vu pendant les vacances scolaires. En classe, on se fait discrets pour ne pas être embêtés par les autres.

Il me laisse vu sur vu

Au bout du troisième mois de relation, son comportement change. Il commence à traîner avec d’autres meufs et à moins me calculer. C’est moi qui doit toujours aller vers lui. Sur les réseaux, pareil, il me laisse vu sur vu. Un fantôme. Je découvre un autre visage, complètement différent. Un mec qui fait comme si je n’existe pas, et comme s’il est célibataire. Je lui fais part de ces changements d’attitude. Il s’énerve d’un seul coup : « Arrête de me casser les couilles. » Puis, me menace de me bloquer sur les RS (réseaux sociaux). Il a changé d’humeur, d’un coup.

Je laisse couler. D’autres disputes apparaissent. Je lui demande ce qui se passe. Il m’assure que tout se passe bien et qu’il est toujours amoureux de moi. Comme une teubé, je le crois et j’acquiesce tel un toutou. Les jours suivants, il se comporte à nouveau « normalement » avec moi, répond à mes messages, m’envoie des snaps. Je suis soulagée, sur le moment je me dis « ouf ». Mais ça ne dure pas…

Le dernier mois de notre relation

On fait notre premier bisou au bout du quatrième mois de relation. Le premier bisou de ma vie, me concernant. Je suis trop contente, et lui aussi. J’ai l’impression que notre relation évolue. Jusqu’à ce que je le vois traîner à nouveau avec des filles, alors même que lui m’interdit de parler à des mecs. Le culot.

Je lui balance que son attitude ne me convient pas. Il me répond que je suis trop jalouse. Puis, fait à nouveau le mort pendant plusieurs jours. Je n’ai aucune nouvelle de lui sur les réseaux. Rien. Cette fois, je décide de ne pas aller vers lui. Une semaine passe, il m’envoie un snap pour s’excuser et redevient « normal », gentil, attentionné et doux avec moi. Je lui pardonne tout, je l’aime trop. Ça, c’est une leçon à retenir : ne jamais aimer une personne plus qu’elle ne t’aime parce que tu finiras par souffrir.

Le dernier mois de notre relation est celui de trop. Il ne me parle quasiment pas, il me lâche des vus sur Snap. Quand je le vois le lendemain à l’école, il fait comme si de rien n’était. Il se comporte normalement. Ça me fait péter des câbles. Il se fout clairement de ma gueule. Je ne dis rien. Il finit par mettre un terme à cette relation.

Les garçons, je m’en méfie

Il m’envoie ce message : « Tu parles toujours à des gars, ça me saoule. Je te quitte. » C’est évidemment faux. Il veut trouver une excuse pour me quitter. C’est dur de retourner en cours le lendemain, car il est dans ma classe. Il ne me parle plus. C’est comme si je n’existe plus à ses yeux.

Pour être bien vu des autres mecs, il vaut mieux savoir draguer les filles. En « serrer » un maximum, surtout si elles sont belles. Du moins… c’est ce que se disent les potes de Damien. Mais lui n’aime pas participer à cette compétition.Capture d'écran de l'article "Entre mecs, c'est la fierté de savoir tchatcher les filles".

Cette année, je suis au lycée. Lui, dans un autre. On s’est croisés lors d’une soirée. Il m’a parlé comme si de rien n’était, comme s’il ne s’était pas mal comporté, comme s’il ne m’avait pas ignorée durant l’été. Il a même eu le culot de draguer ma meilleure amie devant moi. De mon côté, c’est mort. Je ne lui parle plus. Cette histoire m’a rendue triste, je ne voulais même plus aller en cours.

Maintenant, je me méfie des gens et des garçons. J’ai encore du mal à m’en remettre et, pour l’instant, je ne veux pas d’une nouvelle relation avec un garçon. Je me concentre sur les cours, mais je ne perds pas espoir de trouver le bon.

Nairobi, 15 ans, lycéenne, Grande-Synthe

Crédit photo © Team ZEP

 

Le ghosting

C’est quoi ?

Ghoster quelqu’un, c’est ne plus lui donner de nouvelles du jour au lendemain, devenir un fantôme (ghost en anglais) : on la laisse en vu, on ne répond plus à ses appels, on la bloque.

C’est une pratique plutôt masculine

Selon plusieurs études, ce sont les hommes qui ghostent le plus. Rien de très étonnant : ils sont souvent moins éduqués que les femmes à l’empathie, à la communication et à la bienveillance. Et puis, le ghosting, c’est aussi une manière de dominer l’autre.

Les réseaux favorisent le ghosting

Le ghosting a toujours existé, mais il était moins violent avant. Avec les réseaux, tu vois tout de suite que la personne ne te répond pas, ou qu’elle a une vie sans toi. On est habitué·e·s à avoir une réponse immédiate et, quand ce n’est pas le cas… ça fait mal !

 

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