GTA au ralenti
20 %, 21 %, 22 %… Avant, pour arriver à jouer à GTA online sur PS5, chez moi, il fallait être patient. Et une fois que le jeu démarrait, c’étaient des bugs à répétition. Des personnages qui apparaissaient et disparaissaient comme des esprits. Sur Call Of Duty, c’était encore pire. En pleine partie, tout pouvait s’arrêter. Le jeu me demandait de passer en mode hors ligne ou de me déconnecter. Et si, par malheur, j’avais une mise à jour à faire, cela prenait deux heures minimum. Ajoutez encore deux heures lorsque je devais installer un jeu pesant plusieurs gigabits. Mais bon, il y a pire : mon cousin à Rivière-Salée, lui, il ne peut même pas jouer normalement si quelqu’un est au téléphone en même temps. Je pensais que c’était normal car, en Martinique, nous sommes nombreux à jouer dans ces conditions.
Et puis je suis allé voir mon frère en France et j’ai joué à sa Play avec la fibre. Quelle fluidité ! Une mise à jour ne prend que quinze minutes ! J’avais l’impression de découvrir le monde moderne. Alors, quand j’ai appris qu’on allait enfin installer la fibre chez moi, en Martinique, je me suis réjoui : j’allais pouvoir jouer comme en France ! Sans bug. Sans ping (temps de latence). Sans chargement interminable. Mais je suis vite redescendu sur terre. La fibre ici est moins puissante qu’en France. Ça tient au fait que nous sommes une île.
Ma vie de gamer s’est tout de même améliorée, mais il y a encore des crashs, c’est-à-dire des déconnexions brutales. Alors, quand j’en ai marre, j’arrête de jouer et je sors ; je profite de mes amis, on fait des balades dans la nature. Finalement, avoir une connexion pas ouf me rend moins accro aux écrans.
Nathan, 17 ans, lycéen, Martinique
Crédit photo Unsplash // CC trenchophotography
« Nous ne sommes jamais dans les livres », autoportrait de la France des outre-mer
Ce récit est extrait de notre livre Nous ne sommes jamais dans les livres – Autoportrait de la France des outre-mer, à paraître le 27 mars 2025 aux éditions Les Petits matins.
Au cours de l’année 2024, les journalistes de la ZEP ont arpenté les cinq départements ultramarins pour accompagner 600 de leurs habitant·es à raconter leurs territoires, leurs façons d’y vivre, d’y étudier, de s’y déplacer, d’y faire racine ou de s’en éloigner.
160 récits individuels qui dressent par petites touches un récit choral de cette France qui n’est pas en Europe.
À lire aussi…
Le rhum ancré dans la chair, par Laura, 17 ans. À La Réunion, l’alcool est omniprésent, des tablées familiales aux publicités qui vantent fièrement le rhum local. Une culture festive qui occulte parfois ses ravages. Elle en a pris conscience en voyant son petit cousin grandir.