Dans la hype du resell de sneakers
Ma passion, c’est les chaussures. Pas les chaussures de type talons de mariage. Les baskets, ou sneakers. J’ai commencé à m’intéresser à ça il y a deux ans de cela. Je fais pas mal de basketball et je voulais m’acheter une nouvelle paire. Je voulais la plus confortable, la plus belle et la plus originale. Ma première, je l’ai prise grâce à un youtubeur qui faisait un top 10. C’était une Jordan 1 ZOOM. C’est une paire que j’ai achetée 140 euros à Jordan Bastille. Cette paire vaut moins aujourd’hui, mais sentimentalement elle a une valeur énorme pour moi. Ensuite, j’ai fait que ça !
Je regardais des vidéos d’un mec qui s’appelle @vinceeh, un mec de 235K [235 000 abonnés, ndlr] sur YouTube. C’est un influenceur dans le milieu de la sneakers. C’est pas un reseller pro [revendeur pro en français, ndlr]. Il y a des resellers qui font des vidéos où ils montrent leur quotidien comme @swavekiqs à 19K sur YouTube. Lui, il t’apprend même où acheter ses paires sans te faire arnaquer. Il raconte les histoires de la paire, ce qu’elle représente pour le créateur, les matériaux utilisés et pour quelle raison. C’est comme ça que ma passion est née. Et, maintenant, c’est presque toute ma vie.
Regarder des chaussures pour les « jouer »
Je me lève, je mate les news sneakers. Je mange, c’est pareil : je regarde que ça. Le pire, c’est que je suis un novice dans ce milieu ! Pour l’instant, je n’ai que 15 ans et ma vie se résume à regarder les chaussures et à les « jouer ». C’est quand tu essaies de les avoir au prix de vente original car pour les paires avec des collabs, la plupart du temps, elles sont limitées et elles plaisent énormément. Donc, à la sortie, elles sont à 120 – 180 euros et, le lendemain, elles peuvent monter à 190, 250… jusqu’à 20 000 euros ! Ça dépend qui fait la paire. Par exemple, Virgil Abloh : toutes les paires qu’il faisait montaient au-dessus de 300 à 500 euros. Vous voyez ? Une paire, ce n’est pas juste une paire de chaussures, c’est un livre.
Il y a des histoires, des mythes, des matériaux de fou, et il n’y a pas que Nike ! Il y a des marques tout aussi belles comme New Balance, Reebok, Puma, Salomon. C’est très important de connaître ces marques pour évoluer dans le milieu. Certaines coûtent plus que d’autres. Il faut savoir quelle paire acheter, quelle marque acheter et quand l’acheter. Il faut connaître leurs avantages et leurs défauts pour comprendre pourquoi elles coûtent. En hiver, les gens portent plus des paires hautes et en cuir. En été, elles sont basses et en tissu. Des fois, j’ai un instinct de reseller : dès que je vois une paire, je sais combien elle va coûter.
Des fois, on peut se tromper
Moi, je joue soit des paires que j’aime, soit des paires qui peuvent prendre de la valeur pour pouvoir les revendre, et m’en acheter d’autres que j’aime. Sinon, j’essaie de m’acheter une paire que je vois sur un artiste, un chanteur, car les paires portées par les personnes les plus connues, les plus hypes, sont celles qui vont prendre de la valeur. Mais, des fois, on peut se tromper et la paire perd de sa valeur après la sortie. On peut perdre entre 10 et 50 euros après.
Passionné, lui aussi, de sneakers, Alexandro raconte comment il compte utiliser son expérience de revendeur dans sa vie professionnelle. Un extrait de notre série sur ces jeunes qui se font de l’argent sur les réseaux.
Il y a des sites de revendeurs comme StockX où il vendent des paires après qu’elles soient sorties, donc 100, 200, 300, 400, 500, 1 000 euros… Et, pour finir, il y des sites de revente de particulier à particulier, comme Vinted. Le problème de Vinted, c’est qu’ils vendent des fakes et qu’elles sont plus abîmées que sur les photos. Mais si tu en trouves des vraies pas chères, tu peux te faire de l’argent dessus. Il y a une paire que j’ai achetée 15 euros et que j’ai revendue 250. Ça a été la plus rentable.
L’un de mes plus gros rêves, c’est d’ouvrir mon magasin de reseller et de vendre les paires les plus belles, celles avec le plus d’histoire. Limite, même si c’est un shop, ça deviendrait un musée car pour moi derrière chaque paire, il y a une histoire.
Justin, 15 ans, en formation, Meaux
Crédit photo Pexels // CC Marcela Oliveira