KaÏna C. 06/05/2022

3/3 IVG : « Ma prof m’a épaulée »

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À 17 ans, Kaïna s’estime trop jeune pour avoir un enfant. Enceinte, elle décide d’avorter. Elle revient sur sa prise en charge, en tant que mineure, aujourd’hui, en France.

Il y a trois mois, j’ai eu un retard de règles. Je pensais que j’allais les avoir, que ça allait juste prendre un peu de temps. Au bout de vingt jours de retard, j’ai décidé de faire un test de grossesse pour éclaircir mes pensées.

Je vais à la pharmacie pour en acheter un, stressée et impatiente d’avoir le résultat et d’être enfin rassurée par un test négatif. Je fais le test chez moi. J’attends. Il sort… positif ! Sur le coup, je ne sais pas quoi faire. Je fais une photo et je jette le test par la fenêtre pour m’en débarrasser.

Presque instantanément, j’appelle ma meilleure amie. Elle me conseille d’aller au planning familial, où j’ai déjà eu l’occasion d’accompagner une amie. Juste après, j’appelle mon copain. Il ne sait pas quoi dire. Il pense d’abord que je lui fais une blague. Il finit par me croire. Il me demande ce que je veux. Je réponds que je ne veux pas le garder.

Les cachets ou l’hôpital

J’appelle ensuite le planning familial le plus proche de chez moi. J’explique ma situation. Ils me conseillent de venir rapidement pour me prendre en charge. Je réalise une échographie et une prise de sang pour voir l’état de ma grossesse. Je suis enceinte d’un mois et deux semaines.

C’est clair que je ne veux pas garder cet embryon car je suis beaucoup trop jeune, je ne suis pas prête à ça. J’aimerais avoir des enfants dans ma vie, mais plus tard. Pour l’instant, je suis trop jeune. Je n’ai pas la situation qu’il faut. C’est inenvisageable !

La femme qui m’a prise en charge me propose de voir une psychologue. Je n’ai pas grand-chose à lui dire, mais c’est la procédure pour un avortement. Elle m’explique aussi les différentes façons de procéder à l’avortement : soit prendre un cachet et faire ça chez moi, soit aller à l’hôpital et avorter par aspiration.

Je choisis de prendre un cachet. Je dois faire des analyses et revenir accompagnée d’un adulte. Je me dis que ça pourrait être mon copain. Il a 17 ans, mais il fait plus. Je lui en parle. Il me dit qu’il sera là pour moi et qu’il ne me laissera pas.

Le jour J, il ne se présente pas avec moi chez le docteur. Il ne s’est pas réveillé. J’appelle pour décaler le rendez-vous pour l’avortement. Je suis attristée par la réaction de mon copain. Je lui dis : « Laisse tomber, je n’ai pas besoin de toi. » J’ai compris qu’il ne voulait pas. Il répond : « Je sais que j’ai fait une bêtise, mais j’ai honte de me présenter devant le docteur. » Il s’excuse. D’un côté, je le comprends. Ce n’est pas plaisant de vivre ce genre de choses.

Ne pas inquiéter ma mère

Je ne veux pas en parler avec ma mère car je ne veux pas lui faire de soucis. Ce n’est pas parce que j’ai peur de sa réaction, mais je préfère me débrouiller seule. Du coup, j’en parle avec ma professeure d’anglais. C’est la plus à l’écoute. Je lui explique la situation. Je lui dis que j’ai besoin d’un adulte pour m’accompagner et elle accepte. Ce n’est pas vraiment une proche, mais je comprends qu’elle est prête à me soutenir pour la procédure. Elle m’explique comment tout va se dérouler.

Le jour J, je me rends donc chez la sage-femme avec ma professeure. Elle nous accueille et m’explique que la prise de cachet doit se dérouler sur deux jours : premier jour, la prise d’un cachet pour stopper la grossesse et le deuxième pour évacuer l’embryon. Je récupère tous les cachets. Elle m’indique que, de préférence, il ne faut pas être seule lors de la prise des médicaments car une hémorragie pourrait se produire. Ce sont des effets secondaires possibles.

Des règles de deux à trois semaines

Le premier cachet pour stopper la grossesse, je le prends avec la sage-femme, puis je rentre chez moi. Je n’ai pas encore mal au ventre. C’est juste le début de l’interruption de la grossesse. Le lendemain, je prends le cachet qui va me servir à expulser l’embryon, comme si je vivais un accouchement. L’évacuation peut provoquer des saignements alors je mets une protection hygiénique. On m’a prescrit des antidouleurs car j’allais avoir des contractions. Au bout d’une ou deux heures, je commence à ressentir la douleur, elle est très forte, dure à supporter. Quelques heures après les saignements, je pars aux toilettes et, en urinant, je peux voir l’embryon tomber : ça ressemble à un gros caillou de sang. Pendant deux à trois semaines, je saigne comme des règles : c’est normal quand on fait un avortement par voie médicamenteuse.

SÉRIE 1/3 – Vanessa a été violée à l’âge de 12 ans. Enceinte, elle a choisi d’avorter. Les professionnel·les de santé qu’elle a croisés dans sa démarche n’ont fait qu’ajouter de la violence à celle déjà subie.

Capture d'écran de l'article : "IVG : Le regard du gynécologue plein de dégoût". Il est illustré par un dessin représentant des jambes de femme. Repliée sur elle-même, le personnage est en boule. On aperçoit ses cuisses, ses jambes, et ses mains, posées sur ses tibias.

Dans ma tête, je n’ai pas réalisé que j’étais enceinte, je n’ai eu aucun sentiment de tristesse. Sans me vanter, je pense que j’ai été une personne forte mentalement. Suite à tout cela, je me suis mise à prendre la pilule. Avant, avec mon copain, malgré le risque de tomber enceinte, on ne se protégeait pas parce qu’on se faisait confiance et qu’on s’était fait dépister pour les maladies. Maintenant, je me protège. Je prends la pilule pour ne plus tomber enceinte. Pour l’instant, je ne suis pas prête.

Kaïna, 17 ans, lycéenne, Marseille

Illustration © Merieme Mesfioui (@durga.maya)

 

Où trouver de l’info sur l’IVG ?

Si tu tapes « avortement » dans ton moteur de recherche, tu risques fort de tomber sur de la désinformation écrite par des personnes qui sont contre l’interruption volontaire de grossesse. Tu peux trouver l’information fiable et utile pour t’accompagner dans ton choix sur le tchat du Planning familial. C’est gratuit et confidentiel.

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