Aya D. 25/03/2022

Maman à 21 ans, je rêve de ma vie d’avant

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Depuis qu’elle a une fille, Aya, 21 ans, n’a plus la même vie que ses copines. Mère célibataire, elle consacre presque tout son temps à son enfant.

Vivre seule avec un enfant, c’est la chose la plus difficile que j’ai à faire. Quand j’entends mes amies raconter certaines soirées entre filles, leurs sorties en boîte, les restaurants, les petites balades… C’est cool tout ça, mais moi, en tant que jeune maman, il y a certaines choses dont je dois me priver pour m’occuper de ma fille de 3 ans. Comme de mes nuits, pendant la semaine. Je pourrais parfois m’amuser avec mes copines, comme avant, mais malheureusement, il faut quelqu’un pour garder l’enfant. Finalement, sortir, c’est compliqué.

Ma vie est minutée, chaque heure et chaque seconde compte. Sinon je ne réussis pas à faire toutes les choses que j’ai envie de faire pour la semaine et le week-end.

Mes nuits de semaine sont minutées

Quand je rentre chez moi avec ma fille après sa journée d’école, je lui prépare à manger. Ensuite, je lui laisse une heure pour jouer ou regarder des dessins animés, puis je la douche. Vers 21 h 30, elle doit aller au lit. Après, c’est à moi de me préparer : manger, me doucher, puis me coucher.

Le moment où j’ai enfin un peu de temps pour moi, c’est le week-end, parce que je mets ma fille au lit vers 22 ou 23 heures. Je passe un moment sur Netflix, parfois quatre heures, en regardant des films ou des séries. Ou je suis sur mon téléphone. Surtout sur TikTok, je ne vois pas le temps passer… Limite, je peux rester six heures dessus ! Je ne réfléchis pas, je ne pense à rien.

Un jour, Jeanne sera mère. Mais à quel prix ? Les hommes ne se rendent pas compte de la charge mentale qui pèse sur les femmes… Pourtant, elle aussi veut pouvoir profiter de la vie à son maximum !

Capture d'écran d'une jeune maman qui travaille sur son ordinateur pendant que son bébé joue à ses pieds.

Ces deux nuits de week-end, elles sont pour moi et je ne permets à personne de gâcher ça. Je les attends avec impatience parce que ce sont MES jours : à moi de m’amuser. Même si c’est à la maison, au moins je peux me reposer. Et dormir à 4 heures du matin, en me réveillant vers midi !

Jeune maman, parfois je craque

Mais, parfois, le sommeil ne vient pas. À certains moments, je réfléchis à mes projets et aux erreurs que j’ai commises, à ma vie qui aurait peut-être été différente aujourd’hui. Je m’attendais à ce que ce soit difficile d’être mère, mais pas à ce point. Et je ne m’attendais pas non plus à être une jeune maman, une mère célibataire, à devoir élever mon enfant seule, et en même temps à poursuivre des études.

Je réfléchis tellement le soir que j’arrive à en pleurer, parce que je me remets en question sur beaucoup de choses. En fait, mes nuits de la semaine, c’est un moment de réflexion où je me dis que j’aurais aimé être comme les autres filles de mon âge. Il m’arrive même parfois d’avoir des regrets d’être mère à mon âge. Mais ce n’est pas pour autant que je n’aime pas mon enfant, ou que je ne suis pas fière d’être maman. Parce que je suis fière.

Aya, 21 ans, en formation, Paris

Crédit photo Pexel // CC Helena Lopes

 

Le regret d’être mère

En 2017, #regrettingmotherhood apparaît sur les réseaux. Une armée de mères indignes a-t-elle envahi Twitter ?

Non, évidemment. Le regret d’être mère est un sentiment partagé par beaucoup de femmes, mais qui reste tabou.

Les femmes qui ressentent ce regret aiment leurs enfants, mais ne se sentent pas à l’aise avec le rôle de mère et la pression qui va avec.

Demander aux femmes de gérer la maison, l’éducation, de sacrifier leur carrière et leur vie sociale pour avoir des enfants… ça crée forcément du mal être, du regret.

Le regret d’être mère est un sujet tabou, parce qu’en parler, c’est :

  • détruire le mythe de l’instinct maternel (qui décharge les pères de pas mal de responsabilités)
  • détruire le mythe de la mère parfaite (qui pousse les femmes à se surpasser pour leur vie de famille)
  • admettre que la maternité n’est pas la seule source d’épanouissement quand on est une femme.
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