Adem B. 25/06/2024

La puff matin, midi et soir

tags :

Fin mars dernier, députés et sénateurs ont trouvé un accord sur le texte final d'une proposition de loi visant à interdire les cigarettes électroniques jetables. Le vote des deux chambres (Sénat et Assemblée nationale) reste à venir. Et la Commission européenne doit approuver ou rejeter cette proposition. Malgré leur interdiction de vente aux mineurs, les puffs sont prisées par les jeunes, comme Adem, 17 ans, qui en a toujours une sur lui.

Ça ressemble à une mini gourde de différentes couleurs. Dessus, il y a un dessin d’alien et la marque du produit. Pour le goût, tu peux choisir entre cerise, pastèque, bubble gum, fraise et banane.

Je me rappelle la première fois. J’étais dans l’épicerie dans laquelle j’ai l’habitude d’aller. L’épicier avait ajouté des puffs dans son rayon. Je lui ai demandé ce que c’était. Il m’a dit que c’était des cigarettes électroniques jetables. J’ai tout de suite eu envie de m’en procurer une.

Dès que j’ai testé, j’ai aimé. J’en ai rachetées. Maintenant, pour finir une puff de 9 000 taffs, il me faut une semaine. Elle coûte 15 euros. J’en ai toujours une sur moi. Mon rythme, c’est tout le temps. J’y pense matin, midi et soir. Je fume devant la Play, dans les salles d’attente, et dans n’importe quel endroit, sauf si c’est un lieu religieux. C’est l’une de mes occupations premières quand je galère.

Sucre et nicotine

Avec mes potes, on attend. On galère, alors on fume. La toute première chose que j’ai fumé, c’était une chicha. C’était chez moi, j’avais 9 ans. J’ai vu mon frère qui en tenait une à la main, je suis allé le voir et il m’a fait tirer une taffe. J’ai bien aimé. J’ai recommencé. Je faisais mes chichas soit solo, soit entre amis, ça dépendait. L’été 2021, un ami a ramené du shit. Il en fumait donc je lui ai demandé si je pouvais tester. Il me l’a tendu. J’en ai consommé. Il en ramenait souvent mais ça a été très facile pour moi de ne pas en réclamer. Je n’ai jamais été accro.

Trois ans plus tard, j’ai commencé à en avoir marre de la chicha. C’est là que j’ai commencé à acheter régulièrement des puffs. Au début, c’était des 650 taffs. Sauf que j’en voulais toujours plus. Je ne voulais pas que ça s’arrête. Le goût fruité ou sucré, ça m’apaise. Une année plus tard, j’ai découvert qu’il y en avait des plus grosses. Ça fait quatre, cinq ans que je ne me suis pas arrêté d’en fumer.

« Je sais que c’est de la merde »

La puff, pour moi, c’est un mal pour un bien. Si je suis énervé, bah j’en fume pour me déstresser. C’est comme n’importe quelle cigarette. Au fond, je sais que c’est de la merde. Je gaspille mon argent chaque semaine, je dépense trop dans la fumette, environ 100 euros par mois. Et puis, je nuis à ma santé.

Elle est très présente autour de moi. Pratiquement tous mes potes fument la puff. Certains fument aussi d’autres choses. On traîne par groupe de quinze ou vingt et on fume tous, donc forcément ça te donne envie. Ça nous arrive souvent de parler de ça. Aujourd’hui, on se dit qu’on n’aurait pas dû commencer, que ça ne sert à rien, que c’est que de la perte. Ça crée juste un besoin en plus dans le cerveau.

Adem, 17 ans, volontaire en service civique, Corbeil-Essonnes

Crédit photo Unsplash // CC Troy T

 

À lire aussi…

Son père tient un bar à chicha, mais c’est avec ses potes que Naël fait tourner le tuyau. C’est leur moment de sociabilité, hiver comme été.

Partager

Commenter