Le poids du confinement
Récemment, j’ai regardé d’anciennes photos et vidéos de moi qui datent de la sortie du confinement, pendant la pandémie de Covid. J’ai été sous le choc de voir à quel point j’étais en surpoids et ne prenais pas soin de moi.
Depuis tout petit, j’adore faire du sport. Transpirer, se donner à fond et dépasser mes limites, j’ai toujours aimé ça. Avant le confinement, j’étais dans une classe sportive avec deux heures de sport en plus que les autres.
En mars 2020, j’étais en sixième, je vivais ma meilleure vie. Fortnite, Fifa et Rocket League toute la journée. À un point que je n’ai pas souvenir d’avoir pris une douche. J’avais accès à l’armoire à gâteaux, aux sodas et au frigo à volonté. Cette utopie a été éphémère.
À la fin du confinement, j’avais pris un peu moins de 20 kg. Mon physique athlétique s’était transformé. J’étais en fort surpoids, j’avais beaucoup de graisse, mon cardio avait disparu, mon visage était gonflé. Bref, j’étais devenu énorme.
De mon point de vue, j’avais pris un peu de poids. Je ne faisais pas attention à mon physique. C’est à travers le regard de mes potes que je me suis rendu compte que mon physique s’était transformé. Mes potes étaient choqués. Je n’étais plus la même personne.
Boule au ventre
L’école a repris. Les gens de ma classe ont commencé à me vanner avec des remarques sur mon physique comme : « Tu as pris trop de poids, je ne te reconnais plus » ; « T’étais mieux avant, maintenant t’es devenu gros. » Pendant presque tout le collège, j’ai encaissé les vannes, les remarques, les sous-entendus sur mon physique.
Souvent le matin avant d’aller en cours, j’avais une boule au ventre. Je gardais même mon masque alors qu’il n’était plus obligatoire. J’étais aussi complexé par mon visage. J’étais déjà très grand pour mon âge. Avec mon physique imposant, j’ai pu facilement me débarrasser du harcèlement physique. Il fallait juste se montrer confiant et frapper une ou deux personnes de leur équipe pour qu’ils me lâchent.
Qui dit école dit sport. Après un tour de terrain en demi-fond, j’étais déjà mort de fatigue. Alors qu’avant je pouvais en faire dix de suite. Au foot, dans mon club, c’était la décadence. J’ai été rétrogradé de l’équipe A à l’équipe B (la pire équipe) parce que les entraînements étaient devenus trop intensifs pour moi. En cinquième, j’ai stoppé le foot.
« Une sèche assez énervée »
Un jour, en me regardant dans le miroir, je me suis dis que je devais changer. Je me dégoûtais. Je me suis inscrit à la boxe. Je savais que ce sport était très intensif. Je voulais aussi savoir me défendre si jamais je devais me battre.
J’ai aussi changé de coiffure. Pour la première fois, j’ai fait mes contours avec un beau dégradé progressif à blanc. Et de style vestimentaire. J’ai acheté des nouvelles chaussures et des nouveaux ensembles Nike.
Après ça, au collège, on m’a fait un compliment pour la première fois. Un mec de ma classe qui m’avait vanné avant m’a demandé qui était mon coiffeur.
En seconde, mon physique s’est amélioré. L’été d’avant, j’ai fait une sèche assez énervée. Je faisais minimum 10 000 pas par jour, tout en faisant du foot et du street workout avec mes potes. Je n’avais plus les pecs qui pendaient. J’avais un ventre plat et mes muscles commençaient à être visibles.
J’ai eu ma première copine qui m’a pas mal aidé en me donnant des conseils et des produits pour mon visage. Je me suis inscrit à la salle. J’y suis allé presque tous les jours. Je voulais absolument que mon physique soit similaire à celui de de Toji Fushiguro dans Jujutsu Kaisen. Massif, impressionnant et sec.
Aïssa, 17 ans, lycéen, Gennevilliers
Crédit photo Pexels // CC Luis Quintero
À lire aussi…
Inflation : à 14 ans, ma vie est bouleversée, par Bouchra. Il y a peu, elle voyait encore son père régulièrement. Avec le Covid, la guerre en Ukraine et le dérèglement climatique, la hausse des prix est fulgurante. La vie de sa famille a été chamboulée du jour au lendemain.