Nicolas B. 05/07/2024

Du sport en prison pour s’évader

tags :

En prison, Nicolas a commencé par quelques séances de musculation avant d’en faire une discipline quotidienne. Une échappatoire.

Plus jeune, je n’étais pas vraiment dans le sport. Pendant mon adolescence, je fumais beaucoup et je faisais des bêtises. Un jour, on m’a attrapé : j’ai été placé en garde à vue suivie d’un déferrement. Dans ma cellule, j’avais froid. Quand j’ai demandé à un policier de service s’il n’y avait pas une couverture car ma veste avait été confisquée, il m’a dit non. Je lui ai dit que j’avais froid et il m’a répondu : « Bah t’as qu’à faire des pompes. » Je n’avais rien à perdre, j’ai donc essayé une série de pompes. J’ai senti que la chaleur montait dans mon corps, j’ai répété l’exercice plusieurs fois et j’ai remarqué cette sensation d’adrénaline qui montait en moi. J’ai aimé ça.

Suite à mon parcours de délinquant, je me suis donc retrouvé en prison pour mineurs. Là-bas je n’avais pas accès à la cigarette. Je devais trouver un moyen de me canaliser. Instinctivement, je me suis lancé dans des séries de pompes de plus en plus longues. Dans la cour de promenade, il y avait une barre de traction et puis c’est tout. Je n’avais rien d’autre à faire donc j’ai fait des tractions. Mon corps était mon seul outil à ma disposition. J’ai commencé à tractionner. Petit à petit, j’ai pris du niveau.

Mon éducateur comme mentor

J’ai mis en place une routine rigoureuse, j’étais discipliné. Cela me permettait d’évacuer ma rage et ma peine tout en restant actif. J’avais un éducateur qui s’occupait de mon dossier. Il était tracé au triceps et il avait une carrure. Il m’a inspiré dans mon évolution, je voulais atteindre son niveau physique. Quand il avait le temps, il me faisait des séances de coaching et j’y ai pris goût.

En sortant, j’ai gardé contact avec lui. Il donnait des cours de ju-jitsu dans mon quartier. Il m’a invité aux cours. J’ai progressé. Les cours sont les lundi, mercredi et vendredi. À côté de ça, je me suis inscrit à la salle de sport juste à côté du club. Mon objectif était de prendre de la masse. J’ai donc bossé pendant deux ans.

Aujourd’hui, je m’entraîne tous les jours sur des terrains de street workout. Comparés à la salle, ils ne sont pas trop surchargés. Je m’entraîne le matin, c’est souvent calme et je suis comme seul au monde. J’ai besoin de ces moments pour me concentrer et évacuer le stress. La discipline fait que je ne mange plus n’importe quoi, je maîtrise mon corps, je me renforce et je deviens de plus en plus performant chaque jour.

Nicolas, 22 ans, en formation, Montreuil

Crédit photo Pexels // CC Ron Lach

 

À lire aussi…

« En prison, la muscu m’a sauvé » de Bafo, 23 ans. Plus qu’un moyen de soulager son ennui en prison, le sport a radicalement changé son quotidien.

Partager

Commenter