Ewen M. 12/09/2025

Le trouble invisible

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Depuis petit, Ewen peine à écrire, à s’organiser ou à suivre en cours. C'est à 21 ans qu'il met enfin un nom sur tout ça : il a un trouble développemental de la coordination.

Casser mon stylo tellement j’appuyais fort dessus : ça m’est arrivé au moins une dizaine de fois, au collège comme au lycée. Dès le CM2, mon institutrice remarquait que j’écrivais si fort que le texte se retrouvait gravé sur trois feuilles superposées. C’est ce genre de détails qui m’a fait sentir différent, sans trop savoir pourquoi.

Le diagnostic est tombé à l’automne 2024 : trouble développemental de la coordination. Un handicap invisible qui se manifeste de différentes façons. Chez moi, cela veut dire une exécution lente des mouvements, une maladresse générale (encore plus présente quand je suis stressé), des troubles de l’attention légers, et des difficultés à m’organiser.

Impossible d’accrocher en cours

La conduite, par exemple, est une vraie galère pour moi. Mais c’est surtout à l’école que le trouble m’a freiné. Ma prise de notes était bien plus lente que celle des autres. Dans le meilleur des cas, j’écrivais au rythme d’un élève de 5e, alors que j’étais au lycée. Résultat : des trous dans mes cours, des contrôles que je n’arrivais pas à finir, même quand je connaissais les réponses. Et puis cette difficulté à organiser mes idées, qui plombait mes copies.

Tout ça m’a fait perdre confiance. Un cercle vicieux s’est installé : plus je galérais, plus je doutais. Et plus je doutais, plus je galérais.

Le chemin vers un diagnostic clair a été long. En primaire, une psychomotricienne m’avait déjà suivi pour des troubles de l’écriture. Au lycée, j’ai vu une ergothérapeute, grâce à qui j’ai obtenu un PAP (Plan d’accompagnement personnalisé). Mais ce n’est que plus tard, après une formation en alternance qui s’est mal passée à cause du rythme trop soutenu de mon poste, il fallait être à la fois rapide et précis, que j’ai consulté à nouveau. Cette fois, ma psychomotricienne m’a parlé, pour la première fois, du TDC. J’ai ensuite été orienté vers un centre de médecine physique et de réadaptation, à Rennes, pour poser un diagnostic précis.

Savoir que j’ai un handicap n’a pas changé ce que je vis. Mes difficultés, je les connaissais déjà. Mais aujourd’hui, quand on me pose des questions, j’ai une réponse claire. Un nom à donner. Et ça change tout. Les gens comprennent mieux. Ils prennent ça plus au sérieux.

Ewen, 21 ans, en attente de reprise d’études, Ille-et-Vilaine

Crédit Pexels // CC Tara Winstead

 

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