Rudy W. 08/09/2022

Ma classe Ulis, cette garderie

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Rudy a passé ses années de collège en classe adaptée. Avec le recul, il aurait préféré aller en filière générale, pour apprendre plus de choses.

Mes années de collège ont été terribles, même si j’ai eu de très bons délires avec mes potes. J’étais en Ulis [unité localisée pour l’inclusion scolaire, une classe pour les élèves en situation de handicap, ndlr], mais une Ulis vraiment pas comme les autres. Le premier jour de ma sixième, j’ai 12 ans et c’est une journée ordinaire. Mais après… On ne travaille pas, on fait n’importe quoi à un point que vous n’imaginez même pas !

Que de la garderie ! On joue au ping-pong, aux toupies Beyblade, on monte sur les tables, on regarde des films. On va parfois sur le stade du collège, on fait ce qu’on veut, on joue au foot…

En Ulis, on passe pour des cons !

Et vu qu’on était petits et cons, bah ça ne nous gênait pas. La prof s’en foutait complètement ! Pour moi, ce n’était pas une prof… Après la sixième et la cinquième, ma quatrième a été moins pire : on a changé de prof, on travaillait beaucoup plus, mais on mangeait en cours et tous nos AVS (auxiliaires de vie scolaire) nous achetaient des bonbons.

À cause de ma quatrième, je déteste les maths. Pendant presque toute l’année, j’ai été sur le même exercice : des fractions, que des fractions ! Tellement j’ai détesté, je ne sais toujours pas les faire complètement.

J’ai même été harcelé avec un ami, juste parce qu’on était en Ulis… Les autres nous mettaient un peu en dehors. Genre une fois, en technologie, un élève ne voulait pas se mettre à côté de nous juste pour ça. En Ulis, on passe un peu pour des cons !

Je voulais apprendre

En troisième, on a encore changé de prof. Elle nous faisait lire des vieux livres et nous posait des questions dessus, mais elle ramenait ses chiens ! Elle nous achetait avec : on courait et on leur faisait faire des parcours… Vraiment, c’est quoi ça ?

Moi, je voulais apprendre et, là, je joue avec des chiens, j’ai des vieux livres, je mange comme un porc des gâteaux et des bonbons ? Imaginez juste deux minutes si j’avais été inclus dans des cours normaux. J’aurais appris des choses…

Pour Killian, la classe Ulis a été l’occasion de se sentir enfin écouté, et d’accepter sa différence.

Capture d'écran de la miniature de l'article : "Handicapé, je conçois la normalité différemment des autres."

Si je pouvais refaire mes quatre années bien comme il faut, j’aimerais les faire en prenant mon temps. Si j’avais su que la classe Ulis était comme ça, je n’y serais pas allé du tout. Je serais allé en classe générale, ou avec une vraie prof, pas une de maternelle.

Là, j’ai reçu mon CAP et je passe mon bac pro… Ça va vraiment être dur à cause de mon niveau et de mon comportement, même si je suis calme et que je parle peu avec les autres. Je vais tout faire pour l’avoir. Mais bon, des fois, je ne comprends pas tout.

Rudy, 17 ans, en formation, Meaux

Crédit photo Pexels // CC Mizuno K

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3 réactions

  1. Bonjour
    Je vous remercie pour vos témoignages, cela m’est très utile.
    J’ai toujours refusé de mettre mon fils en Ulis mais je dois aussi faire face à l’ acharnement constant de l’école.
    Aujourd’hui je sais que je prends la bonne décision.

  2. Je suis d accord avec ses témoignages, j’ai entendu le même discours avec des enfants qui sont en classe normale les enfants en classe ULIS ils ont une étiquette pour toute leur vie, comment vous voulez qu’ils puissent avancer dans la vie comme des gens (normaux).Et on parle d égalité pour tous nous en sommes loin, pour moi l idéal serait de faire des classes avec des enfants du même niveaux, pour par les décourager et leurs donner confiance en eux et de les faciliter souvent
    Cordialement

  3. Mon fils était en ulis au collège et il est vraiment dégoûté il me dit là même chose on prend les ulis pour des cons et il aurait aimé être en classe normal il m’en veux de lui avoir choisi ce parcours

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