Salmata G. 25/07/2022

J’ai 25 ans et trois enfants

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Mère de trois enfants qu’elle élève seule, Salmata doit se priver de beaucoup de choses. Mais elle est fière de réussir à s’en sortir.

Jeune maman de 25 ans, j’ai trois enfants, et j’ai fait ma vie à l’envers.

À ma première grossesse, quand je suis tombée enceinte, j’ai décidé de garder le bébé malgré la précarité de ma situation. Je n’avais que 16 ans, je n’étais encore moi-même qu’une enfant. Ce fut une nouvelle difficile : je ne savais pas si j’étais prête, ma situation n’était pas stable, je vivais chez ma mère… Mes copines m’ont conseillée d’avorter mais c’était impossible à envisager. Alors, j’ai gardé le bébé et j’ai arrêté l’école. Je me suis sentie perdue mais ma mère est restée à mes côtés, me donnant de la force et le courage d’assumer mes actes.

Une incarcération et tout s’effondre

Quand mon bébé est né, ce fut un cadeau tombé du ciel. La première fois que je ressentais cette sensation : un vrai amour, un amour inconditionnel. Je ne sais pas comment l’expliquer. Et ma vie a totalement changé. Finies les fêtes entre copines, les sorties, les grasses matinées… Je suis devenue maman à temps plein : changer les couches, donner les biberons, les bains, l’emmener régulièrement chez le médecin. Un autre monde.

Sept mois après la naissance de ma fille, je suis de nouveau tombée enceinte. Cette fois-ci, je l’ai voulu : j’ai fini par couper le cordon en partant vivre avec mon chéri et mes filles. Quelques mois plus tard, une grande surprise est là : un troisième enfant ! Encore une fille !

Puis un jour, je prends une gifle en pleine figure : leur papa est incarcéré. Tout s’est effondré, comme un château de cartes. Ce fut un cataclysme dans notre vie, mais nous n’avions pas le choix : il fallait tenir. Il fallait aussi que je protège mes enfants du milieu carcéral.

J’ai juré toute ma vie que je ne serai pas une maman célibataire avec des problèmes d’argent. Alors, j’ai commencé à passer un temps fou sur ma calculatrice à calculer et recalculer mon budget. Comment réduire les dépenses ? Comment faire pour les factures, les courses, les vêtements, les chaussures pour les enfants ? Encore aujourd’hui, je ne peux pas me permettre de trop dépenser pour le bien-être de mes enfants. Je dois même parfois me priver : faire une croix sur des plaisirs simples comme aller au cinéma, voyager, faire du shopping… Tout cela n’est malheureusement qu’une variable d’ajustement face aux dépenses contraintes comme le logement et l’électricité. Pour assumer ça tous les jours, il faut du courage, de la volonté, de la ténacité. Je le dis à toutes les mères célibataires : ne vous dévalorisez surtout pas, vous êtes des battantes et des gagnantes, à tout point de vue.

La fierté de s’en sortir

Si je disais qu’aujourd’hui que j’ai toujours le moral, je mentirais. Je suis physiquement épuisée de tout gérer seule, en permanence, de gérer depuis des années l’éducation de mes lionnes. Parfois, je me sens aussi un peu stigmatisée en tant que jeune maman célibataire, mais j’apprends à me faire confiance, à être plus indulgente avec moi-même. Je ne cesse de me demander quel avenir j’offre à mes filles, je ressens une énorme responsabilité d’être seule. Souvent, je me demande : « Suis-je juste ? » ; « Est-ce que je fais bien les choses ? » Mais le sourire de mes enfants finit toujours, comme par magie, par percer le mur de l’angoisse. Voilà ma plus grande force, mon pouvoir secret pour retrouver le courage dans les moments difficiles.

Maman célibataire à 21 ans, Aya regrette l’insouciance de sa vie d’avant. Tout est allé trop vite pour elle, et elle a la sensation d’être passée à côté de sa jeunesse.

Image du texte « Maman à 21 ans, je rêve de ma vie d'avant. » Une femme embrasse le poing d'un bébé.

Aujourd’hui, je peux dire avec fierté que ma famille a pris forme, que je me sens fière de mes accomplissements. Je suis une maman solo qui s’occupe de ses trois petites louves de 5 ans, 6 ans et 8 ans. Je réapprends à m’occuper de moi en tant que femme, je redécouvre la vie. J’ai conscience qu’il me reste des choses à faire : je suis actuellement en formation pendant que les enfants sont à l’école.

Alors, tous les matins, je me lève vers 6 h 30 pour les déposer à la garderie, je pars à mon tour étudier et je les récupère à 18 heures. Ce n’est pas tous les jours facile : les bus pleins, les bouchons, toujours la course contre la montre, mais c’est ainsi. J’ai appris que tout n’est pas blanc ou noir, qu’il existe aussi un arc-en-ciel de couleurs que tu peux donner à ta vie quand tu prends conscience de ta valeur et de ton bonheur.

Salmata, 25 ans, en formation, Marseille

Crédit photo Unsplash // CC Nathan Dumlao

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