Ahmed A. 27/01/2021

Je traverse tout Paris pour aider les sans-abris

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Il y a beaucoup de sans-abris à Place d'Italie. C'est loin de chez Ahmed, mais, avec ses potes, il se sont motivés pour y faire des maraudes.

Il y a deux semaines, avec mes quatre potes, on est allés à la rencontre de sans-abris pour leur donner à manger et à boire. Ça les fait parler, ces rencontres. On parle avec eux, histoire de leur faire oublier ce qu’ils vivent dans la rue. Et ils ont beaucoup de choses à dire. 

Dans mon quartier au Bourget, il n’y a pas beaucoup de sans-abris mais la misère est très présente et je me sens touché par cette injustice. C’est pour cela que, avec mes potes, nous avons décidé d’effectuer des maraudes durant les vacances scolaires. Malgré le dernier confinement. 

On a tout préparé. À chaque fois, c’est pareil : d’abord on cotise, chacun met 10 ou 15 euros. Je demande à mes parents, mais ils ne savent pas pourquoi je leur prends. Je préfère garder ça pour moi. J’ai des potes qui travaillent mais on a tous 16-17 ans. Ensuite on va au Carrefour acheter de la nourriture, des gâteaux, du jus, des noix, de l’eau, tout ce qui pourrait les aider. 

En creusant les inégalités, la crise sanitaire provoquée par la Covid-19 s’est transformée en désastre social. Elle touche d’autant plus durement les personnes sans domicile fixe, plus isolées que jamais, comme Slate le raconte : « La crise du Covid-19 aggrave l’isolement social des personnes SDF ».

Ensuite, on va place d’Italie. On prend le RER B avec les sacs Carrefour, c’est là-bas où il y a le plus de sans-abris. J’ai su où aller en regardant Snap : une photo et un texte ont beaucoup tourné en incitant à aider ces gens à place d’Italie. Une fois arrivés, on leur dit « bonjour » et on commence à distribuer. J’en connais beaucoup maintenant. 

Grâce aux maraudes, j’ai l’impression d’avoir été utile

Il y a un couple avec une enfant d’environ 7 ans, c’est vraiment dur de voir l’enfant dans la rue. C’est ce qui nous a motivés à faire les maraudes.  À son âge, elle ne devrait pas subir ça. Elle ne dort pas à cause du bruit des voisins. Sa famille dort dans un parking en bas d’un immeuble, c’est là qu’on les retrouve pour leur donner des gâteaux, surtout pour la petite, et de l’eau, du jus, parfois des nouilles. La petite fille est très contente, les parents nous disent « merci » avec les larmes aux yeux. Ça me touche, j’ai l’impression d’avoir été utile.

Pendant deux mois, Mélissa a vécu dans la rue. Dormir dans le métro, s’en faire éjecter et zoner dans le froid, constamment confrontée au regard des gens et à l’aversion des passants… Elle raconte.

Certains sont méfiants, d’autres ne nous disent pas « merci », d’autres nous remercient en pleurs. Pour ceux qui refusent, on ne leur en veut pas car leur vie n’est pas comme la nôtre. Moi, j’ai un toit, de la nourriture à disposition, de l’eau. À leur place, je pense que j’accepterais… De voir les gens dormir dans la rue me fait beaucoup de peine, ce n’est pas de leur faute, c’est la vie. Mais je ne pouvais pas rester sans rien faire.

Ahmed, 16 ans, lycéen, Le Bourget

Crédit photo Unsplash // CC Zac Durant

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