Noah G. 13/05/2022

La MJC du village m’a sauvé de l’ennui

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Le jour où Noah a découvert qu’il y avait un accueil ados dans son village, sa vie a changé : l’ennui, c’est fini !

L’accueil ados, c’est l’éclate. C’est quelque chose d’incroyable qui permet de se faire de nouveaux amis. C’est un moment cool où l’on organise des choses entre potes et où l’on rigole. Et c’est devenu important pour moi.

Nous sommes six jeunes de 16-17 ans, et nous venons tous du même village. Au début, on a pris place dans la maison d’un vieux monsieur décédé car on n’avait nulle part où se réunir. Dès que l’on a pu, on est allés à la mairie, à la salle du conseil. Je trouvais cette salle trop sérieuse à mon goût, avec une atmosphère trop politique, mais passons… Aujourd’hui, nous avons notre propre salle rénovée par la mairie qui a été appelée « La Ruche ». Une salle bien sympa où on a même réalisé notre projet « graff » qui, à ce jour, a été le plus cool.

Petit, c’était l’ennui

Quand j’étais petit, en dehors du collège, je m’ennuyais énormément car je n’avais rien à faire : pas de console, ni le droit de sortir. Mes parents voulaient que je fasse mes devoirs ou que je les aide dans les tâches pour la maison. Ils n’étaient pas d’accord pour que je sorte sans adulte, même dans mon village, sous prétexte que j’étais trop petit.

J’ai ensuite pris connaissance de l’existence d’un accueil ados, organisé les mercredis après-midi. C’est une semaine sur deux, de 15 h 30 à 17 heures. Ce sont mes parents qui ont voulu que j’y aille, en me disant que ça m’occuperait.

À la MJC, plein d’activités et d’amis

La MJC (maison des jeunes et de la culture) du village voisin nous envoie une animatrice qui nous trouve plein d’occupations diverses et variées, et différents projets que l’on réalise tous ensemble. Franchement, c’est une dinguerie.

À cet accueil ados, j’ai revu des personnes de mon école avec qui je n’aurais jamais pensé me lier d’amitié car je les trouvais lourds et chiants et, pour l’un d’eux, insultant. Il m’avait insulté de « gros » lors d’une période où j’avais des problèmes de poids. Ces liens entre nous se sont formés comme d’un petit coup de baguette magique.

Tous les après-midi passés à rigoler et travailler ensemble sur nos projets, les sorties comme un laser game que l’on a organisé, ou encore un week-end à Grenoble pour se renseigner sur notre projet « graff »… Les actions d’autofinancement aussi, pour réaliser nos nouveaux projets, qui consistaient à nous rapporter un maximum de thunes, comme un car-wash ou une vente de gâteaux. On a le même humour et on a fini par tous devenir amis !

Le skatepark et le terrain de basket à 6 kilomètres

Dans mon village, il y a un terrain de foot accessible mais personne n’y va. La flemme, c’est trop loin. Et pour faire un basket, impossible : un terrain en terre avec un panneau sans filet. C’est la galère : on ne peut y jouer que seul. Trop chiant et difficile avec les potes. À part ça, il y a des jeux pour enfants.

Mon village compte environ 800 habitants. Mais, pour avoir un skatepark ou un bon terrain de basket, il faut aller à Balbigny, une petite ville voisine à environ six kilomètres de chez moi. J’y vais de temps en temps, mais pas non plus tous les jours. J’ai trop la flemme et, personnellement, je trouve que ça fait loin… Donc l’accueil ados m’apporte une occupation à côté de chez moi : il n’y a pas de déplacement à faire et, ça, c’est vachement cool.

On bosse dur à la MJC

L’amusement n’est pas la seule chose que nous faisons avec les copains de l’accueil ados. On organise aussi certains de nos projets en travaillant très dur. Notre projet en cours par exemple : j’organise avec eux un concours de talents ouvert à tous. On se met d’accord tous ensemble pour choisir tout ce qui est lieu, horaires…

Dans le village de Raoul, en Bourgogne, il y a une trentaine de jeunes, mais aucune activité culturelle, aucune structure, rien. Il a tout testé pour s’occuper, du vol de quads au rendez-vous avec la maire pour faire construire un skatepark.

Capture d'écran d'un autre article de la ZEP. On voit une personnes de dos, face à un champs

La partie chiante du truc, c’est que c’est une séance d’hyper concentration (ce qui n’est pas souvent arrivé). Mais il faut ce genre de séance pour aboutir à un bon résultat. Les plus travailleurs d’entre nous travaillent aussi chez eux pour avancer plus vite. Ah oui, pour info je ne fais très clairement pas partie des gros travailleurs.

À ce jour, je ne m’ennuie plus. J’ai plus de liberté par mes parents, mais aussi et surtout grâce à notre groupe bien soudé. Alors je remercie les MJC qui réunissent les jeunes entre eux, pour tout ce que ça m’a apporté !

Noah, 17 ans, lycéen, Saint-Marcel-de-Félines

Crédit photo Pexels // CC Gauthier Pierre

 

Moi Jeune – Autoportrait d’un âge des (im)possibles

Ce témoignage est extrait du livre de la ZEP, publié aux éditions Les Petits Matins. Disponible en librairie.

Dans ces pages, retrouvez les récits de plus d’une centaine de jeunes âgé·es de 13 à 30 ans issu·es de tout le pays.

Inégalité scolaire, poids ou réconfort des traditions familiales, violences policières, identités de genre, premiers emplois, logement, engagement, éveil amoureux et sexuel… autant de thèmes qui esquissent un autoportrait d’une génération, celle de la jeunesse des années 2020.

 

 

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