Mon téléphone, je le voudrais écolo
Pour agir concrètement pour la protection de l’environnement, je ne voulais pas me contenter de ce que nous faisions à l’échelle de la société. Je voulais agir au quotidien, et surtout à mon échelle. J’ai donc décidé d’acheter un téléphone écologique pour réduire l’impact environnemental et social.
Les dégâts environnementaux actuels, de plus en plus visibles, et relayés à grande échelle, ainsi que les rapports d’experts alarmistes sur le sujet, m’ont amené à m’intéresser à diverses pratiques « écologiques » ou « éthiques ».
Mes premiers pas pour l’écologie
Un jour, je suis tombé sur un documentaire sur Arte qui montrait les conditions de travail, que l’on pourrait qualifier d’inhumaines, dans l’industrie textile notamment. J’ai donc commencé à faire attention à la provenance de mes vêtements. Par la suite, je suis tombé sur un article qui expliquait que, pour produire nos téléphones, les conditions de travail pour la conception du produit et l’extraction des minerais, étaient très difficiles. En plus d’être néfastes pour l’environnement. Encore plus que pour les vêtements ! Cela m’a beaucoup touché. Alors, lorsque mon téléphone n’a plus fonctionné, j’ai décidé de résister à l’envie d’en acheter un neuf et je me suis tourné vers une voie alternative. J’avais plusieurs amis qui partageaient ces idées, mais aucun d’entre eux n’était passé à l’action sur ce sujet. J’ai voulu prendre les devants sur mes proches et investir dans un téléphone écologique, mais je ne savais pas par où commencer.
Heureusement, mon frère travaille dans une société de reconditionnement de téléphones. En gros, ils récupèrent des anciens téléphones, les réparent, puis les remettent à niveau afin de pouvoir les commercialiser sur le marché. De cette manière, les téléphones, et donc une partie de leurs composants, peuvent vivre plus longtemps. Même si certains éléments doivent tout de même être remplacés.
Le Fairphone, cette nouvelle alternative
La perspective de m’acheter un téléphone reconditionné était une solution intéressante, mais pour laquelle je craignais (peut-être à tord), qu’elle ne soit pas assez durable, et m’oblige à changer de téléphone assez régulièrement.
J’ai ensuite trouvé une autre alternative dans un article sur Le Monde. Le journaliste parlait d’un téléphone « éthique » : le Fairphone. La société qui le produisait faisait attention à la provenance des composants et s’assurait qu’ils ne soient pas extraits avec les processus les plus coûteux pour l’environnement. Elle s’assurait que le téléphone était produit dans des conditions de travail décentes, et qu’il n’était pas question de contribuer au financement de conflits armés. L’objectif était aussi de permettre une réparation facile du téléphone, avec la possibilité d’acheter chaque partie en pièces détachées pour réparer la partie défectueuse, sans changer le reste, et avec une promesse de mises à jour sur le long terme.
Jamais 100 % éthique
Ces promesses avaient toutefois leurs limites, puisque la société reconnaissait elle-même que ce contrôle n’était pas total, et qu’elle ne pouvait pas assurer à 100 % la provenance des matériaux. Cela était dû à la complexité et à l’opacité de certains marchés de matières premières.
Ce genre de pratiques écologiques peut parfois être, ou paraître, peu utiles. Certains diront que c’est seulement une stratégie commerciale… Bref, j’ai finalement opté pour le Fairphone, que je suis allé chercher dans un magasin de téléphonie près de chez moi pour le prix d’un téléphone milieu de gamme (autour de 400 euros). J’ai été un peu étonné par l’absence de chargeur fourni (heureusement que le vendeur m’avait prévenu), mais j’imagine qu’il s’agit peut-être d’éviter la production inutile de chargeur que l’on aurait déjà ?
Ça va maintenant faire un an que je l’ai, et je peux dire que les performances de ce téléphone sont un peu en deçà de celles de la même gamme de prix pour les téléphones classiques. Le côté positif est que j’ai régulièrement droit à des mises à jour du logiciel, qui m’offrent de nouvelles fonctionnalités. J’ai aussi la possibilité d’améliorer le téléphone en achetant certaines parties plus performantes, comme la nouvelle caméra qui peut remplacer l’ancienne, et qui est mise sur le marché depuis quelques mois.
Vivre sans téléphone comme il y a vingt ans ?
L’une des difficultés majeures concerne les accessoires et la compatibilité. Étant donné qu’il s’agit d’un téléphone peu vendu, je n’ai pas pu trouver dans les magasins standards de coque pour le protéger, sauf sur leur site…
Marguerite fait plein d’efforts au quotidien pour limiter son impact écologique. Mais face aux responsabilités des États et des multinationales, elle se sent impuissante.
Je pense que mon téléphone écologique pourra m’accompagner sur un temps assez long, car il me paraît plutôt solide. Je ne regrette pas ce choix car je sais que j’amortirai son prix d’achat. Et si besoin, je pourrais changer chacune de ses parties individuellement et facilement, sans avoir recours à un professionnel.
L’éthique a un coût, mais il n’est peut-être pas forcément financier. Au final, peut-être que la véritable solution « éthique » concernant le téléphone, même si elle est difficilement applicable (et que je ne l’envisage pas), serait tout simplement de vivre comme il y a vingt ans, de vivre sans ? L’équilibre pour moi est de faire attention à la portée de mes décisions, tout en prenant garde à ne pas perdre mon argent !
Fabien, 25 ans, volontaire en service civique, Lognes
Crédit photo Unsplash // CC Tyler Mullins
La production de smartphone
Cette industrie est un désastre humain
Ce sont souvent des enfants ou les populations précaires qui sont exploité·e·s dans les mines et les usines. Certaines marques, comme Apple, profitent par exemple du génocide de la population ouïghoure pour les exploiter.
Cette industrie est un désastre écologique
L’extraction des matières premières utilisées dans les smartphones pollue les eaux et les sols. Outre la surproduction, la quantité de matières premières non renouvelables nécessaire est énorme (plus de 200 kg de matière pour les smartphones les plus légers.)
Nous favorisons la surproduction
67 % des utilisateurs et utilisatrices de smartphone en achètent un nouveau alors que l’ancien fonctionne encore, partiellement ou complètement. Dans la majorité des cas, l’exploitation humaine et de la planète ne répond donc même pas à un besoin.