Vincent R. 02/03/2023

Orientation : trop d’idées, pas encore décidé

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À 16 ans, Vincent a du mal à savoir ce qu’il veut faire plus tard. Entre la médecine du sport, un métier dans l’automobile ou l’horlogerie, son cœur balance.

J’ai des goûts bizarres. Mon rêve, ce serait de travailler chez Richard Mille [marque suisse d’horlogerie de luxe, ndlr]. J’aimerais aussi réussir à créer mes propres montres et à monter ma propre entreprise.

L’horlogerie est arrivée tard dans ma vie. Mon père étant marié avec une vigneronne, ma vie tournait plutôt autour du monde du vin. Je me suis retrouvé à 6 ans au milieu des vignes. Je n’ai pas aimé. La pluie, le vent, le froid, les pieds dans la boue ne m’ont pas du tout plu. Le fait de devoir faire un effort continu pendant une journée et de faire tout le temps le même geste m’a ennuyé.

Le milieu du vin, ce n’est pas pour moi

À partir de 13 ans, quasiment tous les étés, je me suis mis à travailler en famille au domaine Château de Terride, à Puycelsi. Les soirs, il y avait des repas et des dégustations, et je faisais le service au bar. Je ne faisais pas cela gratuitement, car un jour un grand homme m’a dit de ne jamais rien faire gratuitement… J’aime énormément l’argent et le dépenser dans des vêtements ou des restaurants.

J’ai vite été dégoûté du milieu du vin. Je n’ai pas envie de faire ça, c’est une trop grosse routine. Chaque année, c’est la même chose, encore et encore. J’ai tout de suite pensé qu’il me fallait quelque chose qui change, avec plus d’imprévus. Mais je ne savais pas quoi.

En troisième, je devais faire un stage en entreprise. Je suis allé chez les Spacer’s à Toulouse, une équipe professionnelle de volley-ball. J’ai vu comment ils préparaient les matchsOK: la vidéo, les entraînements, le travail des coachs sur le choix des joueurs, les stratégies, le côté médical et la prépa physique… Ça m’a beaucoup plu, ça a été une première révélation. Ça m’a donné envie de travailler dans le milieu sportif, surtout le côté médical et la préparation physique.

Les montres, une histoire de famille

Après ça, j’avais encore envie de tester d’autres métiers. Je n’étais pas sûr de ce que je voulais faire. Je suis allé faire des tests chez une psy pour voir quel secteur professionnel me correspondrait le mieux. Elle m’a plutôt orienté vers des métiers avec des contacts humains et où il n’y a pas de routine. Parce que je m’ennuie vite.

Ma belle-mère m’a trouvé un stage chez un horloger à Gaillac. Elle savait que j’aimais bien les montres. C’est de famille. Ce sont des objets auxquels on est attaché. Moi, j’ai celles de mon père, de mon grand-père, de mon arrière-grand-père et même celle de mon arrière-grand-mèreOK! La première qu’on m’a donnée, j’avais 8 ans, mais je l’ai perdue. C’était une montre de famille, j’étais en colère contre moi. Je l’ai enlevée pendant un entraînement et je ne l’ai jamais récupérée.

J’ai donc fait ce stage d’une semaine à l’été 2020. L’horloger m’a présenté son métier. Il m’a fait visiter son atelier. On s’est assis, il m’a mis entre les mains le mouvement d’une montre – c’est comme ça qu’on appelle le mécanisme – et il m’a dit de démonter et remonter les rouages (les trois roues principales). Je n’avais jamais fait ça de ma vie. J’y ai passé une heure. Il m’a tout expliqué. Je me suis senti pleinement concentré et investi, ça m’a plu.

À ma place dans l’horlogerie

Les deux derniers jours, j’ai commencé à construire ma propre montre. Il m’a donné un vieux mouvement cassé. J’ai dû le démonter, le nettoyer et le remonter pour que la montre fonctionne. J’ai fait ça seul, car j’avais déjà réussi à apprendre pas mal de choses. On a choisi un cadran et des aiguilles. On les a posés sur le mouvement. Après, j’ai choisi un boîtier dans lequel il pourrait rentrer. Bref, toutes les étapes de la construction d’une montre, jusqu’à ce que je puisse choisir le bracelet. Quand je l’ai terminée, je me suis senti satisfait et fier de moi. Pendant toute cette expérience, je me suis senti à ma place. C’était concret, donc plus intéressant que l’école. C’était très minutieux et, comme je suis assez perfectionniste, ça m’allait bien.

Ce stage a été ma deuxième révélation. Ça m’a vraiment passionné et je me vois avoir ma propre horlogerie. J’ai aimé devoir tout comprendre, voir ce qui ne marche pas et réparer. Ce n’est jamais la même chose car toutes les montres sont différentes. C’est devenu une grosse option de projet professionnel.

Léopold, lui, était sûr de ce qu’il voulait faire : carrossier-peintre. Au moment de faire ses vœux, il n’a pas trouvé de formation adaptée. Il s’est donc orienté, à contrecœur, vers un CAP vente.

L'image est une capture d'écran de l'un de nos articles : "Mon orientation c'est la panne sèche". Sur la photo on y voit un homme avec un tablier rempli d'outils. il est dans un garage. En bas de l'image, en blanc, se trouve le titre de l'article.

Quand j’étais petit, mon métier de rêve, c’était pilote de course. J’ai toujours aimé les voitures de sport. Quand j’avais 7 ans, ça me semblait tellement loin et inaccessible. J’en avais parlé à mes parents, ils m’avaient dit que c’était trop cher de faire du karting ou du GT (grand tourisme). L’idée d’un métier dans le sport automobile comme ingénieur, mécanicien, stratégiste ne me quitte pas, mais horlogerie et kinésithérapie ont pris un peu le pas sur le reste.

Vincent, 16 ans, lycéen, Montpellier

Crédit photo Pexels // CC Tima Miroshnichenko

 

82 % des lycéen·nes trouvent que Parcoursup est une plateforme « stressante »

Jouant sur la pression scolaire, la compétition et la peur des élèves et des parents, de plus en plus de « coachs en orientation » lancent leur business.

Selon elles et eux, leurs conseils et leur accompagnement permettraient d’apprendre à maîtriser la plateforme, de trouver une filière, d’y être accepté·e, et même… d’éviter les tensions parents/enfants. Parfois, elles et ils ont même un stand dans les salons d’orientation.

Bref, aller chez un·e « coach », c’est comme aller voir un·e conseiller·e d’orientation… mais en ressortant avec une facture de plusieurs centaines d’euros ! De quoi évincer un peu plus les jeunes les plus précaires de la course à l’orientation.

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