Hugo M. 15/07/2022

Mes parents ne veulent pas que je finisse « comme eux »

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Femme au foyer et homme de ménage, les parents d’Hugo ont toujours poussé leur fils à atteindre l’excellence, pour qu’il ait une vie plus confortable qu’eux.

Mes parents me punissaient pour chaque mauvaise note que j’obtenais. Ils m’ont déjà battu avec une louche en fer pour un simple C en sciences au CP. Sinon, ils me criaient dessus et ils m’insultaient. À chaque fois que j’avais une mauvaise note, je ne le disais pas à mes parents, parce qu’ils allaient mal réagir.

Ils sont asiatiques, et ils attendent énormément de moi et de mon futur. J’ai des amis asiatiques qui ont connu la même chose. Leurs parents n’étaient jamais satisfaits de leurs notes, toujours à demander encore plus. Tous les Asiats devraient comprendre, c’est même devenu un mème sur internet.

Ils m’ont toujours dit que je devrais être architecte, médecin ou avocat… toujours des métiers à haut salaire, comme si c’était une compétition avec leurs amis. Ils étaient toujours à me comparer avec les enfants de leurs amis ou de leurs patrons. Par exemple, à chaque fois, ma mère disait : « Le fils de mon patron travaille quatre à cinq heures par jour. »

« Pourquoi tu n’as pas eu 20/20 ? »

Ils ne veulent pas que je termine comme eux ou comme mes frères. Ma mère est femme au foyer, mon père est homme de ménage dans un hôtel, et mes frères n’ont pas réussi académiquement. Ils me disent : « Tu ne veux pas finir comme nous. » Ils disent que leur métier est fatigant, que c’est très physique. Ils préfèrent que je sois derrière un bureau.

Alors, à chaque fois que j’essayais de donner mon avis, ils n’en voulaient pas et me mettaient la pression afin que je leur obéisse. Ils ne me laissaient pas parler. Même si j’avais des bonnes notes (entre 12 et 15 de moyenne), ils trouvaient toujours un moyen d’être déçus en disant : « Pourquoi tu n’as pas eu 20/20 ? » Vu qu’ils étaient toujours déçus, j’ai décidé de ne pas travailler, comme une sorte de rébellion. Évidemment, ils n’ont pas trop apprécié, surtout ma mère qui s’énerve énormément quand on ne lui obéit pas. Et, j’avoue, je me suis juste compliqué la vie. Mais j’ai quand même réussi à passer le brevet, et j’ai obtenu le bac général sans réviser.

Changement de comportement

Mais, après le bac, sur une dizaine d’écoles, aucune ne m’a accepté malgré mes moyennes et ma discipline. Je ne sais toujours pas ce que je veux être plus tard ou même si je le saurais un jour. Je me retrouve aujourd’hui à la mission locale pour établir un projet professionnel, alors que d’autres ont déjà commencé leurs études. Mes parents sont déçus, mais ils m’aident tout de même à trouver des alternatives.

Les parents de Maka lui mettent la pression pour qu’il réussisse. Même s’il sait que c’est pour son bien, il les trouve durs avec lui.

Capture d'écran d'un autre article de la ZEP Une mon noire avec un t-shirt à manche longue blanc tient une pièce de jeu d'échecs blanche au-dessus d'un plateau d'échecs bichrome dans une salle bichrome.

Depuis la fin du lycée, ils ont changé de comportement. Ils me laissent tranquille et ne calquent plus leurs idéaux sur moi. Je pense qu’ils s’en veulent un peu de m’avoir mis une pression physique et mentale, en me disant que c’était pour mon bien, pour que j’aie une vie plus simple qu’eux. Mais, à cause de ça, j’ai grandi bizarrement. Je n’arrivais pas à profiter de la vie comme les autres enfants. Alors je ne compte pas leur pardonner.

Hugo, 19 ans, en formation, Paris

Crédit photo Pexels // CC cottonbro

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