Être l’« enfant modèle » pour mes parents

Mes parents me mettent la pression sur mes examens. Pour le brevet, ils attendent de moi que j’ai la mention « très bien » et que, pour chaque trimestre, j’ai les félicitations avec au moins 16 de moyenne. La plupart du temps, j’arrive à remplir ces « conditions »… Mais je dois avouer que c’est assez compliqué. Je dois réviser trop souvent à cause des contrôles qui tombent toutes les semaines.

Pour les devoirs, c’est assez compliqué… La plupart du temps, je les fais la veille pour le lendemain. Je trouve qu’on en a trop et que ça ne sert à rien. Je les fais assez rapidement et, ensuite, je joue ou je regarde mon téléphone. Mais pour les devoirs maison, je prends mon temps et je m’applique.

Pression pour le ménage

Mes parents me disent aussi que je ne participe pas assez aux tâches ménagères, que je ne suis pas assez autonome… Tous ces petits détails qui feraient d’un ado comme moi un « enfant modèle » et un exemple pour mes frères et sœurs. Je trouve qu’ils sont durs avec moi. J’ai des bonnes notes au collège et je ne joue pas si souvent que ça. En plus, je les aide assez souvent à la maison. Mais ils me répètent que s’ils sont comme ça avec moi, c’est pour que je puisse m’occuper de ma propre maison quand je serai grand.

Ils souhaitent que j’ai un bon avenir… Le problème, c’est que je ne sais toujours pas ce que je voudrais faire plus tard. Ce qui aggrave la situation puisque mes parents ne voient que la partie de moi où je joue aux jeux vidéo et où je ne m’intéresse à rien d’autre. Alors qu’en réalité, j’essaie de m’intéresser à plein d’autres choses.

Pression pour les loisirs

Par exemple, je joue du piano et, chaque jour, quand je rentre chez moi, j’essaie d’en faire au moins une heure. Après, il y a d’autres domaines que j’ai commencé, mais que j’ai abandonné (comme les échecs). D’autres que je continue partiellement (comme le piano) et où j’essaie de m’améliorer. Mes parents me comparent souvent à mes cousins. Dans ma famille, on joue tous d’un instrument (guitare, batterie, piano…) et ils me font comprendre que je n’ai pas le niveau. Pour les échecs, ils savent bien que cela ne m’intéresse pas plus que cela, mais ils me rappellent que ça aide pour l’intelligence et la réflexion.

Je fais aussi du tennis. Mon père m’a transmis sa passion depuis maintenant sept ans. J’adore, mais le problème est que, depuis quelque temps maintenant, mon père trouve que je n’évolue plus et que je ne m’investis pas assez pour progresser, ou encore que je ne m’y intéresse pas assez.

Mes parents n’ont pas eu la même éducation

Je sais que mes parents me mettent la pression car ils n’ont pas eu la chance d’avoir une vie comme la mienne. À Madagascar, notre pays d’origine, ils n’ont pas eu la même éducation. Et ils n’ont pas forcément été suivis par leurs propres parents.

Ils me racontent souvent la vie qu’ils ont vécue là-bas. Ils me disent souvent qu’à Madagascar, les études n’étaient pas fameuses. Il y avait des écoles françaises privées (les études que ma mère a suivies) et les écoles publiques (l’école de mon père). Je ne me rappelle pas très bien des détails, mais ils me disaient souvent que l’éducation là-bas était moins bien que celle d’ici.

Je sens que je peux faire mieux

On n’a jamais eu le temps d’en discuter ensemble. Mais je pense qu’ils savent que je fais des efforts car ils me récompensent à chaque trimestre. L’année dernière, j’ai obtenu 16,44 de moyenne. Et ma mère m’a offert un nouveau téléphone (iPhone 8 Plus). Ils m’ont dit que si je revenais avec la mention « très bien » au brevet, ils m’offriraient ce que je voudrais.

Katzura a la sensation que sa vie se résume à des notes. Sous pression, elle étouffe d’être évaluée en permanence. Un témoignage extrait de notre série sur la pression scolaire.

Je sens que je peux faire mieux, m’investir un peu plus dans chaque chose que je fais. Mes parents sont constamment derrière moi, ils me soutiennent et ils me mettent la pression. Franchement, c’est mieux comme ça. Sans eux, je ne serais pas celui que je suis aujourd’hui.

Maka, 14 ans, collégien, Créteil

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