Aly W. 14/02/2025

Pèlerinage et acceptation du deuil

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Non-croyante, Aly est partie en séjour à Lourdes. Ce pèlerinage lui a permis d'apaiser la douleur liée à la perte de ses grands-parents et de transformer sa vision du deuil.

Quand j’ai accepté de participer à un pèlerinage à Lourdes, c’était d’abord pour venir en aide aux malades. À l’approche du départ, je me suis rendu compte que je voulais aussi comprendre la religion de ma grand-mère maternelle, disparue cinq ans plus tôt, et de mon grand-père, disparu trois ans après elle.

Ce séjour était organisé en septembre 2023, à l’occasion de ma rentrée en première SAPAT (services aux personnes et aux territoires). Nous étions un groupe de sept élèves bénévoles, accompagnées par deux professeurs. Une camarade et moi avions pour mission d’accompagner des personnes en situation de handicap à bord d’un car ambulance.

Une découverte spirituelle

Le pèlerinage a duré une semaine. Je ne suis ni baptisée, ni croyante mais j’ai appris à vivre en communauté et j’ai pu découvrir d’autres types de messes que celles liées aux funérailles.

Durant cette semaine, nous avons fait le chemin de croix, où chaque ensemble statuaire illustre un temps fort de la vie du Christ pendant sa Passion, de la condamnation par Ponce Pilate à sa mise au tombeau, le soir du Vendredi saint.

Lors de la procession aux flambeaux, qui consiste à allumer un cierge en priant pour quelque chose qui nous tient à cœur, j’ai eu un déclic. J’ai compris que je n’avais pas avancé dans le deuil de mes grands-parents. Alors, j’ai prié pour la première fois de ma vie. Pendant cette prière, j’ai fait le souhait d’« accepter » mon deuil. Un moment qui m’a permis de me rapprocher de ma grand-mère et de sa religion.

Dès que ma grand-mère évoquait le christianisme, elle avait un ton doux et aimant, un regard protecteur et rempli d’amour. Elle était petite, mais elle avait un fort caractère. Ses yeux gris perçants devenaient plus sombres quand elle nous grondait. Les années consacrées à élever ses enfants et un cancer de la peau avaient marqué son visage. Je me souviens qu’il lui manquait un bout de peau sur la joue et le front. Je l’avais toujours connue comme ça, alors je n’avais pas peur.

Surmonter le poids de l’absence

Ma grand-mère a toujours eu une place spéciale dans mon cœur. Je la considérais comme ma deuxième mère, un pilier essentiel de ma vie. Sa perte a été terrible.

Les circonstances de son départ ont aussi été douloureuses. J’avais 13 ans et on m’a dit qu’elle était hospitalisée pour une « tuberculose ». Je n’étais pas vaccinée, alors je n’avais pas le droit de lui rendre visite. Quelques semaines plus tard, j’ai appris qu’elle avait succombé à un cancer des poumons. Elle ne voulait pas qu’on la voit dépérir.

Ce mensonge de ma mère et de ma mamie m’a mise en colère. Avant, je me demandais comment surmonter la mort d’une personne alors qu’on a connu la vie qu’avec elle ? J’avais fait le choix de grandir dans l’ignorance de mon deuil. À Lourdes, j’ai pu mettre mon amertume de côté.

Depuis le pèlerinage, je me sens mieux car j’ai compris que le deuil n’est pas un oubli. Certes, ça fait mal de se rendre compte qu’on n’entendra plus la voix de nos proches, qu’on ne verra plus leurs sourires ni leurs visages. Mais on n’oubliera pas leur amour, qui nous a portés tout au long du début de notre vie.

Et puis, je me rappelle cette phrase que ma mamie m’a dit un jour : « Ne pleurez pas ma disparition, car je serai heureuse d’être au côté de mon créateur. » Alors je me sens apaisée.

Aly, 19 ans, lycéenne, Brest 

Crédit photo Pexels // CC Anna Shvets

 

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Sauvée par la religion, par Cally, 16 ans. Petite, la jeune fille est allée au catéchisme par obligation. Elle en a longtemps voulu à Dieu d’être née malade avant de trouver du réconfort dans la croyance, à l’adolescence.

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